Des données satellitaires montrent que les glaciers de la Terre fondent plus rapidement que jamais
Selon une nouvelle étude basée sur des données satellitaires, le rythme de fonte des glaciers s’accélère continuellement. Ils perdent désormais 31 % de masse en plus chaque année par rapport à il y a seulement 15 ans. Est-il utile de préciser, comme les chercheurs dans leur étude, que la cause en est le changement climatique anthropique (engendré par l’humain).
Image d’entête : un torrent d’eau de fonte relie maintenant les glaciers Morteratsch et Pers (à droite) en Engadine, Suisse. Il y a quelques années, les glaciers étaient reliés par de la glace. (P. Rüegg / ETH Zurich)
L’étude se base sur 20 ans de données satellitaires tridimensionnelles déclassifiées. Sur la base de ces mesures, les chercheurs ont estimé que les glaciers de montagne du monde entier ont perdu plus de 328 milliards de tonnes (298 milliards de tonnes métriques) de neige et de glace par an chaque année depuis 2015. Cela représente 78 milliards de tonnes (71 milliards de tonnes métriques) par an de plus que la moyenne entre 2000 et 2004.
La moitié de la perte de glace dans le monde aujourd’hui provient des États-Unis et du Canada, ajoute le document.
Cette photo de septembre 2017 fournie par le chercheur Brian Menounos montre le glacier Klinaklini en Colombie-Britannique, au Canada. Le glacier et le champ de glace adjacent ont perdu près de 16 milliards de tonnes (14,5 milliards de tonnes métriques) de neige et de glace depuis 2000, dont 10,7 milliards de tonnes (9,8 milliards de tonnes métriques) depuis 2010, indique Menounos. Et le rythme des pertes s’est accéléré au cours des cinq dernières années de l’étude. (Brian Menounos)
Outre l’augmentation des pertes de glace par an, les taux d’amincissement des glaciers dans le monde (un autre indicateur important de leur santé) ont également doublé au cours des 20 dernières années.
Pratiquement tous les glaciers du monde sont touchés, explique l’équipe, même ceux qui étaient habituellement considérés comme stables, comme ceux du Tibet. Parmi les rares exceptions à cette règle figurent quelques glaciers d’Islande et de Scandinavie, maintenus stables grâce à l’augmentation des précipitations. Mais dans l’ensemble, les taux de fonte à l’échelle mondiale se sont accélérés et continuent de le faire. L’Alaska présente le taux de fonte global le plus élevé de l’étude.
Les glaciers d’Islande, ici le Skaftafelljökull, ont également perdu rapidement de la masse au cours des 20 dernières années. (P. Rüegg / ETH Zurich)
Les taux de fonte augmentent de manière assez uniforme dans le monde entier, un processus qui « reflète l’augmentation globale de la température », explique Romain Hugonnet, glaciologue à l’ETH Zurich (Suisse) et à l’université de Toulouse en France, qui a dirigé l’étude. La cause, en fin de compte, est notre utilisation croissante de combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz, qui libèrent des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Les résultats de l’étude sont particulièrement inquiétants, car il s’agit de la première étude à utiliser l’imagerie satellitaire 3D pour examiner tous les glaciers de la Terre, et pas seulement ceux qui font partie des calottes glaciaires du Groenland ou de l’Antarctique.
A partir de l’étude : les changements de masse des glaciers régionaux et leur évolution dans le temps de 2000 à 2019. (Hugonnet et col./ Nature)
Ces résultats ne sont pas seulement un compte-rendu effrayant de l’impact profond du changement climatique sur les glaciers et le monde dans son ensemble, mais ils mettent également en évidence les énormes problèmes à venir. Les glaciers fournissent à des millions de personnes l’eau dont elles ont besoin quotidiennement, et le fait qu’ils rétrécissent si rapidement signifie que beaucoup de personnes devront bientôt trouver de nouvelles sources d’eau. À l’inverse, le rétrécissement rapide des glaciers augmente le risque d’événements tels que les inondations par débordement des lacs glaciaires.
Et, en fin de compte, tous ces glaciers qui fondent autour de nous doivent s’écouler quelque part, c’est-à-dire dans l’océan. L’élévation du niveau de la mer est un problème bien réel qui risque de nous poser d’énormes problèmes à l’avenir. Le niveau des mers augmente déjà aujourd’hui, en partie à cause de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, en partie parce que les températures moyennes plus élevées font augmenter le volume de l’eau. Malgré tout, on estime que la fonte des glaciers est responsable de 21 % de la variation globale du niveau de la mer que nous avons enregistrée. Bien que les calottes glaciaires contiennent globalement plus d’eau et constituent donc la plus grande menace à long terme, les glaciers de montagne contiennent une quantité d’eau respectable et ne doivent pas être négligés à cet égard.
Pour le premier auteur de l’étude, Romain Hugonnet de l’Université de Toulouse, le rétrécissement des glaciers est un problème pour des millions de personnes qui dépendent de la fonte saisonnière des glaciers pour leur approvisionnement quotidien en eau, et une fonte rapide peut provoquer des débordements mortels de lacs glaciaires dans des endroits comme l’Inde.
Mais la menace la plus importante est l’élévation du niveau de la mer. Les océans du monde entier montent déjà en raison de l’expansion des eaux chaudes et de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, mais les glaciers sont responsables de 21 % de l’élévation du niveau de la mer, soit plus que les calottes glaciaires, selon l’étude. Ces dernières représentent une menace plus importante à long terme pour l’élévation du niveau de la mer.
L’étude publiée dans Nature : Accelerated global glacier mass loss in the early twenty-first century et présentée sur le site de l’ETH Zürich : Global glacier retreat has accelerated.