L’astromobile Curiosity observe des nuages cristallins dans le ciel de la planète rouge
Une spectaculaire photo de nuages se formant au-dessus d’une falaise martienne particulièrement escarpée a révélé un détail inattendu sur la planète rouge, un mystère vieux de deux ans résolu avec l’aide de l’astromobile Curiosity. Le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA qui gère le véhicule Curiosity, qui se trouve sur Mars depuis la mi-2012, a repéré pour la première fois cette étrange formation nuageuse il y a une année martienne (sol), mais son existence allait à l’encontre de ce que l’on attendait des conditions météorologiques de notre planète voisine.
Image d’entête : le Curiosity a capturé ces nuages juste après le coucher du soleil le 19 mars 2021, le 3 063e jour martien, ou sol, de sa mission. L’image est composée de 21 images individuelles assemblées et dont les couleurs ont été corrigées afin que la scène apparaisse telle qu’elle serait perçue par l’œil humain. (NASA/ JPL-Caltech/ MSSS)
En effet, les nuages sur Mars sont en général très rares, étant donné la finesse de l’atmosphère de la planète et le fait que sa sécheresse laisse peu d’humidité pour former des amas visibles. Lorsqu’ils parviennent à se former, ils se situent généralement à faible altitude au-dessus de la planète : pas plus de 40 km, selon la NASA.
Cela signifie qu’une formation repérée il y a environ deux années terrestres, bien plus haut au-dessus de la surface, a contredit les attentes quant à la façon dont le temps martien se formerait. L’équipe du Curiosity a inscrit cette date sur le calendrier pour s’assurer que l’astromobile se trouvait au bon endroit pour observer le début de la formation cette fois-ci, en supposant que les nuages réapparaissent vraiment. Stationné à côté du Mont Sharp, une formation rocheuse de 5,5 km de haut dans le cratère Gale où le Curiosity a entrepris ses recherches scientifiques depuis près de dix ans, l’astromobile a observé le ciel avec sa caméra MastCam et d’autres capteurs.
Ce GIF montre des nuages dérivant au-dessus du Mont Sharp sur Mars, tels qu’ils ont été vus par le Curiosity le 19 mars 2021, le 3063e jour martien, ou sol, de la mission. Chaque image de la scène a été assemblée à partir de six images individuelles. (NASA/ JPL-Caltech/ MSSS)
En effet, les premiers signes de nuages vaporeux ont commencé à se former à la fin du mois de janvier 2021. À elle seule, cette apparition était une exception pour Mars : ils étaient bien plus élevés que la limite habituelle de 60 km. Par conséquent, l’équipe du Curiosity pense qu’il s’agit en fait de dioxyde de carbone gelé, plutôt que de l’eau.
Selon la NASA :
Les scientifiques recherchent des indices subtils pour établir l’altitude d’un nuage et il faudra davantage d’analyses pour dire avec certitude quelles images récentes du Curiosity montrent des nuages de glace d’eau et lesquelles montrent des nuages de glace sèche.
Les images en couleur que la Mastcam peut capturer aideront à établir cette différenciation. Alors que les caméras de navigation en noir et blanc montrent mieux les textures ondulées des nuages, la Mastcam met en évidence leur chatoiement cristallin lorsque Mars se déplace par rapport au Soleil. Lorsque ce dernier est au-dessus du niveau des nuages, les cristaux de glace carbonique brillent de tous leurs feux. Lorsqu’il descend en dessous de ce niveau, les cristaux perdent un peu de leur éclat.
L’identification de la présence de différents gaz, dont l’eau, sur Mars et la manière dont ils sont répartis sur la planète constituent un volet important de la mission du Curiosity. À l’origine, l’astromobile devait rechercher pendant deux ans des indices permettant de penser qu’une vie microbienne aurait pu survivre sur Mars. Cette mission a été prolongée indéfiniment en décembre 2012. Cependant, elle est également là pour essayer de mieux comprendre la durée de vie de l’atmosphère martienne et son évolution au cours des quatre derniers milliards d’années.
Sur le site de la NASA : NASA’s Curiosity Rover Captures Shining Clouds on Mars.