Tout au long de leur croissance, les jeunes tortues sont cernées par le plastique
Les bébés tortues de mer capturés au large des côtes australiennes ont presque toujours du plastique dans le ventre, selon une nouvelle étude.
Les recherches publiées cette semaine (lien plus bas) révèlent que 83 % des tortues vertes et 86 % des tortues caouannes trouvées au large des côtes du Queensland en Australie avaient ingéré du plastique. Selon l’équipe, cela s’explique par le fait que les tortues juvéniles sont prises dans des « pièges écologiques », lorsque les habitats sont saturés de débris plastiques, tout au long de leur cycle de vie.
L’équipe internationale de chercheurs, dirigée par Emily Duncan de l’Université d’Exeter, au Royaume-Uni, a examiné le contenu de l’estomac, des intestins, du cloaque et de la vessie de tortues des océans Pacifique et Indien. Ces animaux avaient été sauvés après s’être échoués ou après avoir été pris dans des filets, et les tortues de l’océan Pacifique avaient ingéré le plus de plastique.
Alors que plus de 80 % des caouannes, des tortues vertes et des tortues à dos plat de l’océan Pacifique avaient ingéré du plastique, moins de 30 % des mêmes espèces de l’océan Indien en avaient dans leurs organes.
Selon Duncan :
Les types de plastique variaient également entre les deux sites d’étude. Le plastique chez les tortues du Pacifique était principalement constitué de fragments durs, qui pouvaient provenir d’une vaste gamme de produits utilisés par les humains, tandis que les plastiques de l’océan Indien étaient principalement des fibres, provenant peut-être de cordes ou de filets de pêche.
Les polymères les plus communément ingérés par les tortues dans les deux océans étaient le polyéthylène et le polypropylène. Ces polymères sont si largement utilisés dans les produits en plastique qu’il est impossible de déterminer les sources probables des fragments que nous avons trouvés. Des interventions sont donc nécessaires pour mettre fin à la pollution plastique d’origine terrestre.
(Triggerfish Images)
L’équipe a trouvé 343 morceaux de plastique à l’intérieur d’une tortue au large des côtes de l’Australie occidentale.
Selon Mark Hamann, de l’Université James Cook (Queensland), qui a contribué à l’étude :
On estime que plus de 700 espèces marines, des baleines bleues aux petites bernacles, ont eu des interactions avec les plastiques dans les océans.
Les plastiques représentent désormais 80 % de tous les débris marins et on les trouve partout, des eaux de surface aux sédiments des profondeurs.
L’ingestion de plastique et l’enchevêtrement, qui peuvent provoquer la suffocation, ont été documentés pour toutes les espèces de tortues marines. On pense que les petites tortues juvéniles sont les plus menacées, car c’est à ce stade de leur vie qu’elles sont le plus sujettes à l’enchevêtrement et à l’ingestion en raison de leurs préférences alimentaires, tandis que les zones océaniques qu’elles habitent se chevauchent avec les zones à forte pollution plastique.
Les tortues qui viennent d’éclore se sont adaptées pour entrer dans la zone océanique (pour les tortues vertes, caouannes, imbriquées et olivâtres) ou dans les eaux côtières peu profondes (tortues à dos plat) où elles se nourrissent de manière opportuniste de toute une série d’organismes. Normalement, ces habitats sont idéaux pour leur développement, mais l’introduction rapide de débris plastiques parmi leurs aliments naturels a rendu ces environnements risqués.
L’étude publiée dans la revue Frontiers in Marine Science : Plastic Pollution and Small Juvenile Marine Turtles: A Potential Evolutionary Trap et présentée sur le site de l’Université d’Exeter : Plastic creates ‘evolutionary trap’ for young sea turtles et sur le site de l’Université James Cook : Study finds baby turtles’ stomachs full of plastic debris.