Des empreintes de mains vieilles de 200 000 ans découvertes près d’une source chaude tibétaine
On peut trouver des empreintes de pieds fossilisées, et plus rarement des empreintes de mains, dans le monde entier. Elles ont été laissées par des personnes qui vaquaient à leurs occupations quotidiennes et elles ont été préservées par des phénomènes géologiques bizarres. Dernièrement, une équipe internationale de chercheurs a annoncé la découverte d’empreintes de mains et de pieds à Quesang, sur le plateau tibétain. Ces empreintes fossiles, qui datent d’il y a entre 169 000 et 226 000 ans et semblent avoir été créées intentionnellement, pourraient représenter le plus ancien art connu de ce type.
Image d’entête : les empreintes fossilisées étudiées ici. (D.D. Zhang et col. / Science Bulletin)
Appelée art pariétal, cette ancienne forme d’expression visuelle apparaît généralement sur les parois des grottes, mais peut également être réalisée sur le sol, comme cela semble être le cas pour la récente découverte au Tibet. Le fossile se compose d’une série d’empreintes de mains et de pieds, dont aucune ne se chevauche.
Numérisation tridimensionnelle du support d’empreintes de Quesang, indiquant le gradient de profondeur des empreintes. (D.D. Zhang et col. / Science Bulletin)
Outre le fait qu’il s’agit potentiellement du plus ancien art pariétal connu, le site est la plus ancienne preuve de la présence d’hominidés si haut sur le plateau tibétain, qui se situe à environ 3600 m au-dessus du niveau de la mer. Les travaux de l’équipe décrivant les empreintes fossilisées ont été publiés cette semaine (lien plus haut).
Selon les chercheurs, ces empreintes ont été soigneusement réalisées et ont une disposition spécifique, un peu comme la façon dont un enfant presse l’empreinte de sa main dans du ciment frais.
Image montrant les positions de chaque empreinte. (D.D. Zhang et col. / Science Bulletin)
Les empreintes, 5 de mains et 5 de pieds, ont été faites dans ce qui était alors de la boue près de la source chaude de Quesang. La boue s’est lithifiée (Transformer en pierre) en une roche sédimentaire appelée travertin au cours des millénaires. Différentes empreintes de mains près du site ont été découvertes par l’auteur principal David Zhang en 1988 près d’un bain moderne, mais les empreintes que les auteurs pensent être des œuvres d’art n’ont été trouvées qu’en 2018. Bien que la fourchette de dates estimées pour les fossiles soit large, même l’âge le plus récent précède de plus de 120 000 ans les peintures rupestres comme celles de Lascaux et de Sulawesi.
Sur la base de la taille des empreintes, l’équipe pense que les artistes pourraient avoir été un enfant de 7 ans et un enfant de 12 ans. (Les empreintes de pieds étaient de la taille d’un enfant de 7 ans, mais les empreintes de mains étaient plus grandes.) Cette conclusion suppose toutefois que les empreintes ont été réalisées par des Homo sapiens, ce dont les chercheurs ne sont pas certains. Si l’espèce humaine qui a fait les empreintes n’était pas Homo sapiens, les estimations d’âge pourraient être fausses. La chronologie des empreintes correspond à peu près à celle des restes de type dénisovien découverts sur le plateau tibétain, ce qui constitue un autre candidat éventuel à l’origine de ces empreintes.
Pour les chercheurs, il est probable que ces anciennes empreintes étaient intentionnelles, le fait que les traces n’ont pas été faites par une locomotion normale, et le soin apporté pour qu’une trace ne chevauche pas la suivante, tout cela montre un soin délibéré.
L’étude publiée dans Science Bulletin : Earliest parietal art: hominin hand and foot traces from the middle Pleistocene of Tibet et présentée sur le site de l’Université de Bournemouth : Oldest example of immobile art found in Tibet.