COP26 : le monde connaîtra un réchauffement de 2,4 °C malgré les nouveaux engagements en matière de climat
Malgré les nombreuses promesses faites jusqu’à présent par les gouvernements lors du sommet sur le climat COP26, nous sommes toujours sur la bonne voie pour un dramatique réchauffement climatique. Selon une nouvelle analyse du Climate Action Tracker (CAT), un groupe de recherche dont l’objectif est de surveiller l’action des gouvernements pour réaliser leur réduction des émissions de gaz à effet de serre au regard des accords internationaux, la COP26 « présente un déficit massif de crédibilité, d’action et d’engagement ». En d’autres termes, les progrès sont tout simplement insuffisants.
En 2015, presque tous les pays ont accepté de limiter le réchauffement climatique à 2°C, en visant idéalement 1,5°C, dans le cadre de l’Accord de Paris. Cela permettrait d’éviter que la crise climatique ait des conséquences encore plus graves que celles que nous connaissons déjà dans le monde entier, notamment l’extinction d’espèces, la fonte des glaciers et l’élévation du niveau des mers.
Les gouvernements sont venus au sommet des Nations unies sur le changement climatique à Glasgow avec toute une série de promesses et d’engagements pour agir sur la crise climatique. Néanmoins, ce n’est pas suffisant. En l’état actuel des choses, les températures augmenteront de 2,4°C d’ici la fin du siècle, selon l’analyse du CAT basée sur les objectifs à court terme des pays.
Les chercheurs ont également constaté un écart important entre ce que les pays ont déclaré vouloir faire en matière d’émissions de gaz à effet de serre et ce qu’ils font réellement. Si les politiques actuelles des gouvernements sont prises en compte au lieu des seuls objectifs, le réchauffement climatique atteindrait 2,7°C et non 2,4°C, selon l’analyse. Un scénario vraiment sombre si cela se produit, car il entraînerait davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, une élévation du niveau des mers et une foule d’autres problèmes environnementaux.
Les projections sur le climat par le Climate Action Tracker face aux objectifs des 1,5°C définis par l’Accord de Paris et ceux de la COP26. (Climate Action Tracker)
Selon Niklas Höhne, l’un des auteurs du rapport et chercheur en climatologie :
Tous les pays doivent revenir en arrière et repenser à ce qu’ils peuvent faire. La seule façon de le faire est de passer en mode d’urgence. Si nous faisons des pas de bébé à chaque fois que cela ne fonctionne pas, les gouvernements doivent faire quelque chose de sensiblement différent.
L’estimation du CAT contraste fortement avec les prévisions optimistes publiées la semaine dernière lors de la COP26, suggérant que le réchauffement climatique pourrait être limité à 1,8°C grâce aux engagements annoncés. Ces premières estimations étaient basées sur les objectifs à long terme des pays pour 2050, alors que l’étude du CAT s’est intéressée aux objectifs à court terme pour la prochaine décennie.
Les gouvernements participant au sommet sur le climat de Glasgow ont été invités à présenter deux documents : un plan à court terme actualisé, connu sous le nom de NDC, et un plan à long terme visant à atteindre des émissions nettes nulles vers le milieu du siècle. Des études ont montré que les émissions doivent diminuer d’environ 45 % au cours de cette décennie pour que les températures mondiales ne dépassent pas 1,5 °C.
Alors qu’un grand nombre de pays ont récemment signé un engagement à atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050, les engagements pris au cours de la prochaine décennie ne correspondent pas à la réalité. Si les pays n’agissent pas pour réduire leurs émissions au cours des deux prochaines décennies, le monde pourrait facilement dépasser la limite de 1,5ºC, même si la neutralité carbone est atteinte plus tard, selon la nouvelle analyse du CAT.
Toujours selon cette analyse, les principaux facteurs de cette sombre perspective sont le charbon et le gaz. Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, il faut éliminer progressivement le charbon d’ici à 2030 dans les pays développés et à l’échelle mondiale d’ici à 2040. L’augmentation du gaz naturel n’est pas non plus compatible avec l’accord de Paris, mais ce combustible fossile est en augmentation, les pays l’utilisant comme transition vers les sources renouvelables.
Selon Bill Hare, l’un des auteurs du rapport, lors d’une conférence de presse :
Glasgow est censé garder en vue l’objectif de 1,5°C de l’accord de Paris. Mais l’écart est encore si grand que nous ne voyons pas cela possible pour le moment. C’est très bien que les dirigeants et les gouvernements prétendent avoir un objectif net zéro, mais ils ne prévoient pas d’y arriver. Glasgow a un gros déficit de crédibilité.
La nouvelle analyse du Climate Action Tracker disponible sur leur site : Glasgow’s 2030 credibility gap: net zero’s lip service to climate action.