Contamination interplanétaire : et que faire contre les espèces envahissantes de l’espace ?
Alors que le monde avance à grands pas dans l’ère spatiale, des experts mettent en garde contre la nécessité de mieux reconnaître les risques de biosécurité liés aux organismes extraterrestres. Si le risque est faible, disent-ils, il n’est pas impossible.
Image d’entête : du film Premier contact par de Denis Villeneuve.
Dans un nouveau rapport (lien plus bas), le professeur associé Phill Cassey, expert en biosécurité de l’université d’Adélaïde en Australie, et ses collègues affirment qu’une collaboration entre les astrobiologistes, les biologistes de l’invasion et les responsables politiques est nécessaire pour définir un cadre qui protège la Terre d’une éventuelle contamination interplanétaire.
Selon Phill Cassey :
En plus des missions spatiales menées par le gouvernement, l’arrivée d’entreprises privées telles que SpaceX signifie qu’il y a maintenant plus d’acteurs que jamais dans l’exploration spatiale. Nous devons prendre des mesures dès maintenant pour atténuer ces risques. Les risques qui ont une faible probabilité d’occurrence, mais qui peuvent avoir des conséquences extrêmes, sont au cœur de la gestion de la biosécurité. Parce que lorsque les choses tournent mal, elles tournent vraiment mal.
Ces envahisseurs ne ressemblent peut-être pas à E.T, mais alors que nous fouillons Mars et le reste de notre système solaire à la recherche de signes de vie, il est possible que des organismes microscopiques parviennent sur Terre.
La volonté de coloniser Mars pourrait avoir l’effet inverse : des bactéries terrestres pourraient traverser le système solaire en stop et dévaster les habitants de Mars (s’il y en a).
Ce ne serait pas la première fois que les humains transportent accidentellement une espèce invasive vers un endroit éloigné (sur Terre…), avec des conséquences destructrices.
Mais la bonne nouvelle, c’est que nous pouvons tirer des leçons de ces expériences et appliquer la « science des invasions », un domaine qui traite des causes et des conséquences des espèces envahissantes, pour élaborer des réglementations sur la manière d’éviter que cela ne se produise.
Toujours selon Cassey :
Il est bien moins coûteux de prévenir la contamination biologique en mettant en œuvre des protocoles sur Terre que sur Mars, par exemple.
L’Australie se trouve dans une bonne position pour fournir des informations, car c’est une île vaste et isolée qui a une certaine expertise dans ce domaine.
Selon le Dr Andrew Woolnough, coauteur de l’étude, des universités de Melbourne et d’Adélaïde :
Nous avons une occasion fantastique de contribuer à la politique internationale et de mettre au point des mesures d’atténuation de la biosécurité qui peuvent être utilisées par l’industrie spatiale privée en pleine expansion. Il s’agit d’une opportunité de développement économique inexploitée.
Malgré le risque, les biologistes spécialistes des invasions n’ont pas encore été inclus dans la planification de la protection planétaire du Committee on Space Research (COSpAR), un groupe de chercheurs du monde entier chargé de discuter des problèmes pouvant affecter la recherche scientifique spatiale.
L’étude publiée dans la revue BioScience : Planetary Biosecurity: Applying Invasion Science to Prevent Biological Contamination from Space Travel et présentée sur le site de l’Université Adelaïde : Alien organisms – hitchhikers of the galaxy?