Des chercheurs utilisent des données satellitaires pour mettre en évidence l’incroyable domination du plastique dans nos océans
L‘animation et les images ci-dessous sont basées sur une nouvelle méthode de suivi et de cartographie du parcours des plastiques dans les océans du monde, mise au point par des chercheurs de l’université du Michigan aux Etats-Unis. La technique consiste à mesurer la “rugosité” de la surface de l’océan à l’aide de 8 microsatellites, ce qui permet aux scientifiques de calculer la vitesse des vents dans l’océan. Normalement un outil très utile pour mesurer les ouragans et surveiller la météo, il s’avère que ces mesures du vent peuvent également aider à évaluer le plastique. Lorsqu’il est proche de la surface de l’océan, les eaux ont tendance à être plus calmes, avec moins de vagues.
Chaque année, le monde déverse quelque 8 milliards de kilogrammes de plastique dans les océans.
Une fois que le plastique se retrouve dans l’océan, il ne flotte pas uniformément. Une grande partie se concentre dans les vortex de déchets du Pacifique nord et de l’Atlantique Nord. Il est relativement facile de mesurer les concentrations de plastique à ces endroits, ce que l’on fait en laissant trainer un filet à plancton derrière un bateau. Mais ces vortex/ gyres d’ordures ne sont pas représentatifs des concentrations de plastique dans la plupart des autres océans du monde, et la technique manuelle de mesure du plastique à l’aide d’un filet n’est pas vraiment réaliste pour mesurer les concentrations dans le reste du monde.
Pour déterminer où les endroits plus calmes de l’océan pourraient être associés à la présence de plastique, les chercheurs de l’université du Michigan ont croisé les mesures de la rugosité de la surface effectuées par les 8 petits satelittes (Cyclone Global Navigation Satellite System) avec les mesures de la vitesse du vent provenant d’autres sources au sol (ou en mer, selon le cas) pour repérer les endroits de l’océan où les eaux étaient plus calmes, mais où la vitesse du vent pouvait encore être forte, laissant supposer la présence de plastique. Ils ont ensuite comparé ces résultats avec d’autres modèles de plastique océanique, en examinant les endroits situés entre 38 ° nord et sud de l’équateur. (D’où la ligne de démarcation nette dans l’animation ci-dessous).
Les chercheurs ont surveillé ces différentes sources de données dans le monde entier pendant près d’un an et demi, entre avril 2017 et septembre 2018, ce qui en fait les premiers à observer les plastiques océaniques à une si grande échelle et sur une si longue période. Cela leur a permis de remarquer certains changements intéressants, notamment la façon dont les concentrations de déchets dans le vortex de déchets du Pacifique nord sont plus élevées en été et plus faibles en hiver. Cela peut s’expliquer par le fait que l’eau plus froide favorise le mélange vertical, ce qui permet aux déchets de se déplacer vers les profondeurs.
Présence de microplastiques dans nos océans entre le 29 juillet 2017 et avril 2018. (NASA)
Ce système peut s’avérer extrêmement utile pour comprendre comment les déchets présents dans l’océan se déplacent, et ainsi nous aider à trouver les moyens les plus efficaces de nettoyer les plages ou d’empêcher le plastique d’atteindre l’océan. Nous savons déjà que la grande, très grande majorité de la pollution plastique pénètre dans les océans du monde exclusivement par les rivières et les ruisseaux, ce qui fait du nettoyage des rivières une occasion alléchante de faire des avancées. Mais l’ampleur de la quantité de plastique dans l’océan est telle que de nombreux experts affirment qu’il n’y a aucun espoir de la nettoyer entièrement, même si des projets très médiatisés et bien financés prétendent le contraire. Pour commencer, les efforts de sensibilisation doivent plutôt porter sur l’arrêt de la production de plastique.
L’étude publiée dans IEEE Transactions on Geoscience and Remote Sensing : Toward the Detection and Imaging of Ocean Microplastics With a Spaceborne Radar et présentée sur le site de l’Earth Observatory de la NASA : Mapping Marine Microplastics.