Le régime alimentaire des bâtisseurs de Stonehenge révélé par les parasites contenu dans leurs excréments
Les humains ont une longue et riche histoire avec les parasites intestinaux, et elle est relatée dans nos propres excréments.
De Jérusalem à Rome en passant par la Grèce, les archéologues ont fouillé dans d’anciens excréments pour mieux comprendre les régimes alimentaires et les maladies de civilisations disparues.
Les résultats obtenus jusqu’à présent suggèrent que les épidémies de parasites intestinaux étaient courantes chez les riches comme chez les pauvres pendant des milliers d’années en Europe. Les personnes qui ont construit Stonehenge étaient probablement aussi porteuses de ces minuscules vers.
Dans le village voisin de Durrington Walls, le site néolithique où les archéologues soupçonnent les bâtisseurs de Stonehenge d’avoir vécu, les chercheurs ont trouvé les œufs de parasites intestinaux cachés dans cinq excréments fossilisés.
Image d’entête : coprolithes humains ( excréments humains préservés) provenant de Durrington Walls. (Dr Lisa-Marie Shillito)
Les crottes préservées, ou coprolithes, datent de plus de 4 500 ans, l’une était humaine et quatre étaient d’origine canine. Quatre des cinq coprolithes contenaient les œufs en forme de citron de vers Capillariidae.
Œuf microscopique de vers Capillariidae provenant de Durrington Walls. La barre d’échelle noire représente 20 micromètres. (Evilena Anastasiou)
Ces ténias sont connus pour infecter le bétail et d’autres herbivores, et le fait que des œufs aient été trouvés dans des excréments humains donne aux archéologues des indices sur ce que les humains du Néolithique ont pu manger pendant qu’ils construisaient Stonehenge.
Alors que la communauté de Durrington mettait en place l’ancien système de mesure du temps qui existe encore aujourd’hui, les chercheurs soupçonnent qu’ils consommaient des intestins, des poumons ou des foies de vache crus ou mal cuits.
Si une vache avait été infectée par un ténia avant l’abattage hivernal, le parasite pouvait facilement se retrouver dans l’intestin de l’humain avant de le traverser.
Reconstitution de l’une des maisons néolithiques découvertes à Durrington Walls, près de Stonehenge. (Université de Cambridge)
Selon la paléopathologiste Evilena Anastasiou, qui a mené les recherches à l’université de Cambridge :
La découverte d’œufs de vers capillaires dans des coprolithes humains et canins indique que les hommes mangeaient les organes internes d’animaux infectés et donnaient les restes à leurs chiens.
Les résultats sont confirmés par de précédentes recherches archéologiques menées à Durrington, qui indiquent que le bétail était régulièrement abattu en hiver. L’analyse chimique indique qu’une partie du bétail abattu en hiver aurait été amenée à Durrington depuis d’autres régions du sud de l’Angleterre, voire du nord.
Outre les quatre coprolithes avec des vers capillaires, un cinquième coprolithe, celui-ci provenant d’un chien, contenait des preuves d’un ténia qui infecte les poissons d’eau douce (probablement Dibothriocephalus dendriticus).
Œuf microscopique de ténia de poisson trouvé dans un coprolithe de chien. (Evilena Anastasiou)
Selon les auteurs, cette découverte est » intrigante » étant donné qu’il existe très peu de preuves de pêche au Néolithique récent en Grande-Bretagne. Mais d’une manière ou d’une autre, il semble qu’un chien ait mis la main sur un poisson.
Selon l’archéologue Piers Mitchell de l’Université de Cambridge :
C’est la première fois que des parasites intestinaux sont retrouvés dans la Grande-Bretagne néolithique, et les trouver dans l’environnement de Stonehenge est vraiment quelque chose. Le type de parasites que nous trouvons est compatible avec les précédentes preuves de festin hivernal sur les animaux pendant la construction de Stonehenge.
Tout cela à partir de quelques minuscules œufs.
L’étude publiée dans la revue Parasitology : Intestinal parasites in the Neolithic population who built Stonehenge (Durrington Walls, 2500 BCE) et présentée sur le site de l’Université de Cambridge : Parasites from feasting at Stonehenge found in prehistoric faeces.