Les Italiens de l’âge du bronze ne nettoyaient jamais leurs bûchers funéraires familiaux
Les crémations humaines étaient une pratique courante dans la péninsule italienne et en Europe centrale depuis environ 2000 avant J.-C. jusqu’à 27 avant J.-C.. Cependant, les vestiges archéologiques de bûchers funéraires (ustrina ou ustrinum) sont rares, car ils étaient rarement construits pour survivre en tant que structures permanentes, et sont donc rarement préservés pour que nous puissions les découvrir.
Image d’entête : l’ustrinum de Salorno pendant les fouilles de 1987. (Crivellaro et col./ PLOS ONE)
La majorité des crémations de la fin de l’âge du bronze qui ont été découvertes en Europe ont été réalisées selon la « tradition de l’urne », où les restes incinérés étaient conservés dans des urnes avec d’autres biens et offrandes. Il est rare de trouver des restes d’os humains enterrés dans le sol à cette époque, plutôt que conservés dans un récipient.
Une découverte rare et importante a récemment été faite sur le site archéologique de Salorno-Dos de la Forca, dans la vallée de l’Adige, en Italie du Nord. Ce bûcher date de la fin de l’âge du bronze (1150-950 avant J.-C.) et contient plus de 64 kg de restes humains incinérés, des fragments d’os humains et animaux, des tessons de poterie et d’autres objets en bronze, des perles en pâte de verre et des bois de cervidés.
Sélection de matériaux trouvés à Salorno, des parures en verre, en bois de cervidé et en or. (Ufficio Beni Archeologici di Bolzano)
Sur la base du poids des crémations modernes, qui peut atteindre environ 2 500 g pour les hommes, 1 800 g pour les femmes, 1 000 g pour les jeunes adolescents et 500 g pour les nourrissons, une équipe internationale d’archéologues a estimé qu’au moins 48 individus étaient présents sur le site. A partir des éléments squelettiques et dentaires conservés, ils ont pu confirmer la présence d’au moins un enfant de 6 ans et d’un adolescent d’environ 13 ans. Cette étude (lien plus bas), montre également que les cendres humaines ne faisaient pas l’objet d’une inhumation individuelle, mais qu’elles étaient probablement laissées ensemble dans un bûcher commun sur plusieurs générations.
Les ossements humains et des restes incinérés trouvés à Salorno. (Ufficio Beni Archeologici di Bolzano)
L’analyse des fragments de poterie découverts a permis d’estimer la présence d’au moins 48 coupes, trois bols tronconiques, quatre bols, cinq récipients biconiques et au moins deux jarres. La prévalence des gobelets trouvés à Salorno est particulièrement importante, car elle peut avoir été liée aux rituels funéraires. Un type particulier de coupe, connu sous le nom de récipient de type Luco A, est souvent répandu dans d’autres lieux de culte à travers les sites archéologiques italiens.
Un exemple de récipient de type Luco A. (Günther Niederwanger/ Ufficio Beni Archeologici di Bolzano)
On pense que la famille et les amis participaient à un rituel de libation de boissons et de nourriture, puis jetaient la vaisselle dans le bûcher, pour être incinérés avec l’être cher disparu.
L’exhumation et l’analyse continues des vestiges de l’âge du bronze de Salorno ouvrent une fenêtre sur la vie privée des anciennes communautés, qui pratiquaient des coutumes funéraires auxquelles nous pouvons encore nous référer plusieurs millénaires plus tard.
L’étude publiée dans PLOS ONE : Salorno—Dos de la Forca (Adige Valley, Northern Italy): A unique cremation site of the Late Bronze Age.