Deux autres cœurs de porc génétiquement modifiés viennent d’être transplantés dans des humains
Des chercheurs du centre médical académique du NYU Langone Health (New York) ont annoncé la réussite de deux procédures expérimentales de transplantation cardiaque entre cochons et humains, réalisées sur des sujets humains récemment décédés. Les volontaires ont été maintenus sous ventilation mécanique pendant 3 jours alors que les organes étaient surveillés dans leur corps.
Image d’entête : une équipe chirurgicale du NYU Langone Health transplante un cœur de porc chez un patient récemment décédé, le 6 juillet 2022. (Joe Carrotta/ NYU Langone Health)
Cette année est certainement en train de devenir une étape importante pour le domaine de la xénotransplantation. Depuis des décennies, des scientifiques s’efforcent de résoudre la crise de la pénurie d’organes. L’une des stratégies consiste à développer des porcs génétiquement modifiés dont les organes sont conçus pour ne pas être rejetés lorsqu’ils sont transplantés dans le corps humain.
Au début de l’année, des chirurgiens du centre médical de l’université du Maryland ont réalisé la première transplantation cardiaque entre un porc et un être humain au moyen d’une procédure exceptionnelle. Grâce à une disposition d’usage compassionnel (qui permet d’administrer des traitements expérimentaux à des patients dont la vie est menacée) de l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA), le cœur de porc a été transplanté dans un être humain vivant, qui a ensuite vécu 2 mois avant de décéder d’une insuffisance cardiaque.
Cette procédure de xénotransplantation sur un être humain vivant a constitué une avancée inattendue dans le domaine. Avant cela, les chercheurs du NYU Langone étaient en tête du peloton grâce à leurs travaux visant à tester des organes de porc sur des sujets humains récemment décédés.
L’année dernière, l’équipe de l’Université de New York fut le premier groupe au monde à transplanter des organes de porc génétiquement modifiés chez l’humain. Au cours de deux procédures, les chirurgiens ont réussi à transplanter des reins de porc sur des sujets récemment décédés.
Ce nouveau paradigme, appelé « don du corps entier », implique que des volontaires offrent la totalité de leur corps à la science pour des études qui les maintiennent sous assistance respiratoire pendant plusieurs jours après la mort cérébrale. Robert Montgomery, qui dirige la recherche au NYU Langone Transplant Institute, explique que ces travaux constituent une étape cruciale pour le domaine de la xénotransplantation, et qu’avant cela, ces organes n’avaient été testés que sur des primates non humains.
Selon Montgomery :
Notre objectif principal est de remédier à la pénurie d’organes et d’offrir une autre option aux plus de 100 000 personnes qui attendent ce don salvateur dans tout le pays. Le paradigme du don du corps entier, lorsque le don d’organe n’est pas une option viable, est essentiel pour faire avancer ce travail. Nous sommes très reconnaissants envers les familles qui se portent volontaires pour participer à cette recherche, qui permettra de sauver des milliers de vies supplémentaires.
Les deux nouvelles procédures ont été réalisées au cours des six dernières semaines. Les deux donneurs humains ont été maintenus en vie sous assistance respiratoire pendant 72 heures après avoir été déclarés en état de mort cérébrale.
Les cœurs de porc transplantés dans les donneurs avaient subi 10 modifications génétiques spécifiques. Six de ces modifications consistaient à inclure des « transgènes humains » et quatre à éliminer certains gènes porcins susceptibles de favoriser le rejet d’organes.
Le protocole des procédures s’est efforcé de suivre les normes cliniques actuelles en matière de transplantation cardiaque. Ainsi, seuls des médicaments immunosuppresseurs standard ont été utilisés, contrairement à la xénotransplantation du porc à l’homme du Maryland qui a fait appel à certains médicaments expérimentaux. Et des méthodes standard de stockage et de transport ont été employées.
Selon Nader Moazami, directeur chirurgical du projet :
Notre objectif est d’intégrer les pratiques utilisées dans le cadre d’une transplantation cardiaque classique, mais avec un organe non humain qui fonctionnera normalement sans l’aide supplémentaire de dispositifs ou de médicaments non testés. Nous cherchons à confirmer que les essais cliniques peuvent aller de l’avant en utilisant cette nouvelle réserve d’organes avec les pratiques de transplantation éprouvées que nous avons perfectionnées au NYU Langone Transplant Institute.
Les procédures expérimentales ont été jugées réussies, sans aucun signe de rejet, les organes ayant fonctionné parfaitement normalement pendant les 72 heures de suivi. Moazami précise qu’un délai de trois jours avait été décidé comme étant le plus éthique pour explorer l’efficacité de ces procédures, mais que davantage de travaux seront nécessaires avant que ce type de xénotransplantation ne devienne une réalité clinique.
Moazami ajoute :
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de passer d’ici à la transplantation clinique pour soutenir un patient à plus long terme. Il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions auxquelles il faut répondre.
La procédure présentée sur le site du NYU Langone Health : Successful Heart Xenotransplant Experiments at NYU Langone Set Protocol for Pig-to-Human Organ Transplants.