Les albatros timides ont le plus de chances de se faire larguer
Selon des chercheurs de l’institut océanographique de Woods Hole (États-Unis), les mâles timides ont plus de chances de se faire plaquer dans le milieu des albatros.
Les albatros hurleurs (Diomedea exulans) passent leur vie à planer au-dessus des océans dans l’hémisphère sud. Ce mode de vie leur a permis d’acquérir de grandes ailes à faible consommation d’énergie. Ils ont la plus grande envergure de tous les oiseaux, avec plus de 3 mètres de long. Mais il laisse également peu de temps pour les rencontres. Ainsi, la plupart des albatros forment des couples stables et durables avec une seule compagne, ce qui constitue l’un des niveaux de monogamie les plus prononcés de toutes les espèces sauvages.
Comme c’est le cas dans d’autres domaines de la vie, il arrive que les « mariages » d’albatros ne fonctionnent pas. De nouvelles recherches visent à déterminer si et comment les différents types de personnalité des oiseaux mâles peuvent influencer les chances de rupture.
L’équipe a découvert que les mâles réticents aux conflits sont plus susceptibles de se faire larguer par leurs compagnes. C’est la première fois que l’on constate que la personnalité est un facteur prédictif fiable du « divorce » d’un couple reproducteur chez les animaux sauvages.
Un albatros hurleur en vol. (JJ Harrison/ Wikimedia)
Bien que ces albatros passent la majeure partie de leur vie à planer au-dessus de l’océan, ils se retrouvent une fois tous les deux ans pour se reproduire avec la partenaire qu’ils ont choisie.
Mais, selon Ruijiao Sun, doctorante à la Woods Hole Oceanographic Institution aux États-Unis et auteure principale de cette étude :
s’ils trouvent que leur taux de reproduction est trop faible avec un partenaire spécifique, ils peuvent en chercher un autre.
Ce type de « divorce » est assez rare, puisqu’il ne se produit que dans environ 13 % des couples, selon l’étude.
Afin de mieux comprendre les éléments qui contribuent à ce qu’un couple s’engage dans un tel divorce, les chercheurs se sont appuyés sur une base de données unique afin de mieux comprendre les personnalités des différents oiseaux.
Cet ensemble de données est le fruit du travail des chercheurs qui suivent une colonie d’albatros hurleurs sur l’île de la Possession, dans l’archipel de Crozet, au sud de l’océan Indien, un travail qui se poursuit depuis 1959.
Selon Stéphanie Jenouvrier, biologiste marine et coauteur de l’étude :
Nous mettons une bague en inox sur la patte avec un numéro. Comme ils n’ont pas vraiment peur, nous pouvons nous approcher très lentement et nous pouvons lire le numéro, ce qui nous permet de reconstituer toute l’histoire de ces oiseaux.
Selon Ruijiao Sun, les oiseaux se reproduisent tous les 2 ans, car il leur faut un an pour élever chaque poussin, un processus très éprouvant pour les deux parents. Ils mettent la deuxième année à se rétablir et ne passent pas beaucoup de temps ensemble pendant cette période.
L’équipe a mesuré l’audace de près de 2 000 oiseaux en utilisant comme indicateur leur réaction à l’approche d’humains de leur nid. Ils ont ensuite comparé cette mesure avec l’historique des divorces de chaque oiseau.
Au final, l’équipe a constaté que les albatros mâles dont l’audace était inférieure à la moyenne, c’est-à-dire qu’ils évitaient davantage les conflits ou étaient plus timides, étaient presque deux fois plus susceptibles d’être largués par leur partenaire que ceux dont l’audace était supérieure à la moyenne.
L’étude publiée dans Biology Letters : Boldness predicts divorce rates in wandering albatrosses (Diomedea exulans).