Crise des opioïdes : un vaccin expérimental contre le fentanyl empêche cette drogue de pénétrer dans le cerveau
Les États-Unis et le Canada traversent ce qui est appelé une crise des opioïdes dans laquelle de plus en plus de personnes deviennent dépendantes à des antidouleurs à base d’opioïde, comme le Fentanyl, qu’ils soient prescrits par un médecin ou acheter par d’autres biais beaucoup moins légaux. Des dizaines de milliers d’Américains sont ainsi mort, victime d’un surdosage ou d’overdose. Même lorsqu’une personne est déterminée à vaincre sa dépendance au fentanyl, il y a de fortes chances qu’elle rechute à un moment donné et recommence à prendre l’opioïde. Ainsi, un nouveau vaccin est conçu pour les aider à reprendre le dessus, en bloquant l’effet du fentanyl sur le cerveau.
Mis au point par une équipe dirigée par l’université de Houston, le vaccin incorpore un haptène semblable au fentanyl. Un haptène est une petite molécule qui, lorsqu’elle est associée à une protéine porteuse plus grande, suscite la production d’anticorps qui s’y fixent. Dans le cas de ce vaccin, cette protéine est en fait une toxine diphtérique génétiquement désactivée connue sous le nom de CRM197, elle est déjà utilisée dans plusieurs vaccins approuvés par l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA).
Une fois que les anticorps ont été produits, ils se lient non seulement aux molécules d’haptène ressemblant au fentanyl, mais aussi à toute molécule de fentanyl présente dans la circulation sanguine. Ces molécules ne peuvent donc pas pénétrer dans le cerveau et ne produisent pas de sentiment d’euphorie. Elles finissent par être éliminées du corps par les reins.
Le vaccin contient également une molécule adjuvante appelée dmLT, qui est dérivée de la bactérie Escherichia coli. Comme d’autres adjuvants, elle stimule la réponse immunitaire produite par les vaccins, ce qui rend les médicaments plus efficaces.
Lors de tests effectués sur des rats, le vaccin s’est révélé efficace pour empêcher le fentanyl d’atteindre le cerveau, sans produire d’effets secondaires importants. Et surtout, les anticorps qu’il produit ciblent spécifiquement les molécules de fentanyl et d’haptène, laissant toutes les autres molécules tranquilles. Cela signifie que d’autres types d’opioïdes, comme la morphine, restent efficaces pour soulager la douleur.
Des essais cliniques du vaccin sur l’humain devraient bientôt commencer.
Selon le chercheur principal, le professeur Colin Haile de l’Université de Houston :
Nous pensons que ces résultats pourraient avoir un impact important sur un problème très grave qui touche la société depuis des années : l’abus d’opioïdes. Notre vaccin est capable de générer des anticorps anti-fentanyl qui se lient au fentanyl consommé et l’empêchent de pénétrer dans le cerveau […] Ainsi, l’individu ne ressentira pas les effets euphoriques et pourra « reprendre le chemin de la sobriété ».
L’étude publiée dans la revue Pharmaceutics : An Immunconjugate Vaccine Alters Distribution and Reduces the Antinociceptive, Behavioral and Physiological Effects of Fentanyl in Male and Female Rats et présentée sur le site de l’Université de Houston : Fentanyl Vaccine Potential ‘Game Changer’ for Opioid Epidemic.