Des douches de météorites pourraient avoir amené de vastes quantités d’eau sur Mars, mais pas que…
La planète rouge est peut-être aujourd’hui stérile, poussiéreuse et déserte, mais il y a quelque trois milliards et demi d’années, elle aurait pu être connue sous le nom de planète bleue. Une (autre) nouvelle étude estime qu’il y avait tellement d’eau sur Mars qu’elle a recouvert toute la planète d’un océan global, au cours des cent premiers millions d’années de son existence. En comparaison de cette ancienne Mars humide, notre planète contient relativement peu d’eau. Mais ce n’est pas tout.
Image d’entête : Mars telle qu’elle aurait pu être il y a 4,5 milliards d’années. (European Southern Observatory)
Une nouvelle étude (lien plus bas), issue de l’Université de Copenhague, de l’Université de Paris, de l’ETH Zürich et de l’Université de Berne, a analysé des données suggérant que l’ancienne Mars a obtenu toute son eau en se faisant pilonner par des météorites riches en glace. Mais ces météorites n’ont pas seulement exporté de grandes quantités d’eau depuis l’espace, elles ont aussi probablement apporté des acides aminés, les éléments essentiels de l’ARN et de l’ADN, le modèle de la vie.
Ces remarquables conclusions ont été tirées de l’analyse de météorites tout aussi remarquables. Il y a des milliards d’années, la surface de Mars a été bombardée par des roches cosmiques et ces impacts ont éjecté des matériaux de la croûte de la planète directement dans l’espace. Ces fragments de Mars ont voyagé dans l’espace, et certains sont même parvenus jusqu’à la Terre et ont été récupérés et identifiés par les humains des siècles plus tard.
Les chercheurs ont étudié 31 de ces météorites d’origine martienne et ils ont constaté la présence de chrome-54, un isotope qui ne peut se produire naturellement sur Mars. Sa présence suggère que les échantillons de croûte martienne qui ont atteint la Terre ont été frappés par des matériaux étrangers, appartenant très probablement à des astéroïdes du système solaire externe.
La météorite NWA 7533 représente un fragment de l’ancienne croûte de Mars. (Martin Bizzarro)
À partir de la répartition des matériaux qui ont atteint la Terre et des empreintes isotopiques du chrome, les chercheurs ont pu calculer le nombre de ces météorites riches en glace qui ont dû s’écraser sur l’ancienne Mars.
Étant donné qu’elles contenaient jusqu’à 10 % d’eau, les auteurs ont conclu dans leur étude qu’elles auraient pu déposer suffisamment d’eau pour recouvrir toute la surface de Mars jusqu’à une profondeur de 300 mètres.
Selon le professeur Martin Bizzarro du Centre pour la formation des étoiles et des planètes de l’Université de Copenhague :
À cette époque, Mars a été bombardée d’astéroïdes remplis de glace. Cela s’est produit au cours des 100 premiers millions d’années de l’évolution de la planète. Un autre angle intéressant est que les astéroïdes ont également transporté des molécules organiques qui sont biologiquement importantes pour la vie.
Si les scientifiques ont pu révéler ces intrigants détails, c’est grâce à la façon dont la surface de Mars s’est formée. Contrairement à la Terre, dont la croûte est constamment recyclée par le mouvement de la tectonique des plaques qui transporte des matériaux vers l’intérieur, Mars n’a pas d’activité tectonique.
Selon Bizzarro :
Sur Terre, la tectonique des plaques a effacé toutes les preuves de ce qui s’est passé au cours des 500 premiers millions d’années de l’histoire de notre planète.
Cela signifie que la surface de Mars est statique depuis le moment où elle s’est formée. Il s’ensuit que la signature chimique des météorites est préservée dans la croûte de la planète rouge, même à ce jour.
Début novembre, dans un autre domaine, des géologues de l’Université de Pennsylvanie ont analysé des images satellites de la topographie des rivages de la surface martienne (lien ci-dessous). Ils ont découvert plus de 6 500 kilomètres de crêtes fluviales sculptées par d’anciennes rivières autour d’une dépression appelée Aeolis Dorsa. Tous ces systèmes fluviaux se déversaient dans l’Aeolis Dorsa, qui était en fait un océan il y a environ 3,5 milliards d’années. Cela suggère que, au moins à un moment donné, l’atmosphère de Mars était suffisamment épaisse et chaude pour contenir de l’eau liquide.
Toutes ces découvertes montrent de manière convaincante que Mars a pu être un foyer de vie, alimenté par des eaux courantes chargées de nutriments. Nous avons un pistolet fumant, il ne reste plus qu’à envoyer d’autres astromobiles (rovers), car tout cela n’est que conjecture jusqu’à ce que quelqu’un trouve enfin des fossiles sur Mars.
L’étude publiée dans Science Advances : Late delivery of exotic chromium to the crust of Mars by water-rich carbonaceous asteroids.