Empathie : les femmes seraient (effectivement) plus sensibles aux sentiments de leurs semblables
Il pourrait y avoir une part de vérité derrière le stéréotype séculaire selon lequel les femmes sont sensibles, tandis que les hommes sont plus indifférents lorsque quelqu’un est contrarié ou offensé. Une nouvelle étude portant sur plus de 300 000 personnes dans plus de 50 pays a révélé que les femmes, en moyenne, sont nettement plus aptes que les hommes à imaginer ce que l’autre personne pense ou ressent réellement.
Des chercheurs de l’université de Cambridge ont constaté que les femmes obtiennent de meilleurs résultats que les hommes au test très répandu « Reading the Mind in the Eyes » (“Lire les pensées dans les yeux” du psychologue évolutionniste britannique Simon Baron-Cohen), qui mesure la « théorie de l’esprit » (également appelée empathie cognitive). Ces résultats ont été observés à tous les âges et dans la plupart des pays. Cette recherche est la plus grande étude de la théorie de l’esprit réalisée à ce jour.
L’empathie cognitive est la capacité de comprendre et de traiter le point de vue ou les états mentaux d’autres personnes, c’est-à-dire ce qu’elles peuvent ressentir ou penser. Elle nous rend capables de ressentir les sentiments de nos congénères et d’utiliser cette connaissance pour prédire sa réaction. Les chercheurs étudient depuis des décennies le développement de l’empathie cognitive, de la petite enfance à la vieillesse.
L’un des tests les plus utilisés pour étudier ce concept est donc le test « Reading the Mind in the Eyes« , qui demande aux participants de choisir le mot qui décrit le mieux ce que la personne sur une photo pense ou ressent. Si les études ont montré que les femmes obtenaient en moyenne des scores plus élevés que les hommes, la plupart d’entre elles portaient sur des échantillons relativement petits, sans grande diversité d’âge et d’origine géographique.
Pour combler ces carences, une équipe de chercheurs multidisciplinaires dirigée par l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et comptant des collaborateurs des universités Bar-Ilan (Israël), Harvard, Washington (États-Unis) et Haïfa (Israël), ainsi que de l’IMT Lucca (Italie), a fusionné des échantillons massifs provenant de plateformes en ligne pour analyser les données de plus de 305 000 participants répartis dans 57 pays très divers.
Selon David Greenberg, auteur principal de l’étude :
Nos résultats sont parmi les premières preuves que le phénomène bien connu, à savoir que les femmes sont en moyenne plus empathiques que les hommes, est présent dans un large éventail de pays à travers le monde. Ce n’est qu’en utilisant de très grands ensembles de données que nous pouvons l’affirmer avec certitude.
L’étude a montré que les femmes ont obtenu des résultats significativement plus élevés que les hommes en matière d’empathie cognitive dans 35 pays, en moyenne. Les femmes et les hommes ont également obtenu les mêmes résultats dans 21 pays. En fait, il n’y a pas un seul pays où les hommes ont obtenu de meilleurs résultats que les femmes, et les résultats sont cohérents dans huit langues et sur toute la durée de vie, de 16 à 70 ans.
Les chercheurs ont constaté un déclin de l’empathie chez les femmes après l’âge de 50 ans, ce qui, selon eux, pourrait être lié aux changements hormonaux liés à la ménopause, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour comprendre si cela joue réellement un rôle dans le processus. Dans le même temps, l’empathie des hommes, d’après les résultats du test, commence à décliner après 58 ans.
Selon les chercheurs, mieux connaitre les différences entre les sexes en matière d’empathie pourrait aider les chercheurs à comprendre pourquoi certains problèmes de santé mentale touchent davantage les hommes que les femmes. Ils estiment que leur dernière étude pourrait également aider les scientifiques à développer un meilleur soutien aux personnes qui ont du mal à lire les expressions faciales.
Selon Carrie Allison, coauteure de l’étude :
Cette étude démontre clairement une différence entre les sexes largement cohérente à travers les pays, les langues et les âges. Cela soulève de nouvelles questions pour les futures recherches sur les facteurs sociaux et biologiques qui peuvent contribuer à la différence moyenne observée entre les sexes en matière d’empathie cognitive.
L’étude publiée dans PNAS : Sex and age differences in “theory of mind” across 57 countries using the English version of the “Reading the Mind in the Eyes” Test et présentée sur le site de l’Université de Cambridge : Females perform better than males on a ‘theory of mind’ test across 57 countries.