La présence de crabes au menu des Néandertaliens prouve une nouvelle fois qu’ils n’étaient pas seulement des troglodytes primitifs
Les restes d’un dîner Néandertaliens, qui a eu lieu il y a 90 000 ans, sont bien plus révélateurs pour les scientifiques que ce que les anciens humains mangeaient au dîner.
Image d’entête : crabe dormeur (Cancer pagurus). (Hans Hillewaert)
Les découvertes faites dans une grotte située au sud de Lisbonne, au Portugal, donnent un aperçu des Néandertaliens qui y vivaient.
Les dépôts archéologiques de la (grotte) Gruta de Figueira Brava contiennent des outils en pierre, du charbon de bois, des coquillages et des os, y compris des preuves que les Néandertaliens qui vivaient sur la côte sud du Portugal cuisinaient et mangeaient des crabes.
A partir de l’étude : localisation de la (grotte) Gruta de Figueira Brava au Portugal et description de la zone des recherches. (Mariana Nabais, Catherine Dupont et João Zilhão/ Frontiers in Environmental Archaeology)
D’autres crustacés ont été trouvés dans le dépôt, mais la grande majorité était des crabes dormeurs (image d’entête).
Selon la Dr Mariana Nabais de l’Institut catalan de paléoécologie humaine et d’évolution sociale (IPHES-CERCA) :
À la fin du dernier interglaciaire, les Néandertaliens récoltaient régulièrement de gros crabes dormeurs. Ils les prenaient dans les bassins de la côte rocheuse voisine, en ciblant les animaux adultes dont la largeur moyenne de la carapace était de 16 cm. Les animaux étaient ramenés entiers à la grotte, où ils étaient rôtis sur des charbons et ensuite mangés.
A partir de l’étude : les entrées de la (grotte) Gruta de Figueira Brava au Portugal. (Mariana Nabais, Catherine Dupont et João Zilhão/ Frontiers in Environmental Archaeology)
Nabais et ses collègues ont déterminé que les crabes ciblés par les Néandertaliens de la Gruta de Figueira Brava étaient pour la plupart de gros crabes adultes qui donneraient environ 200g de viande. Ils ont également exclu que d’autres prédateurs, comme les rongeurs ou les oiseaux, soient impliqués dans la mort des crabes.
Environ 8 % des carapaces de crabe présentaient des marques de brûlure, ce qui indique qu’elles ont été cuites à environ 300-500°C. D’autres marques sur la surface des carapaces indiquent que les exosquelettes des crabes ont été brisés pour accéder à la chair.
Toujours selon Nabais :
Nos résultats ajoutent un clou supplémentaire au cercueil de la notion obsolète selon laquelle les Néandertaliens étaient des troglodytes primitifs qui pouvaient à peine vivre en récupérant des carcasses de gros gibier. Avec les preuves associées de la consommation à grande échelle de patelles, de moules, de palourdes et d’une gamme de poissons, nos données falsifient l’idée que les aliments marins ont joué un rôle majeur dans l’émergence de capacités cognitives putativement supérieures chez les premières populations humaines modernes d’Afrique subsaharienne.
Les chercheurs affirment que les raisons pour lesquelles les Néandertaliens ont choisi de récolter des crabes ne sont pas claires, mais ces créatures évasives auraient constitué une aubaine nutritionnelle pour les humains préhistoriques.
Pour Nabais :
L’idée que les Néandertaliens étaient des carnivores de haut niveau vivant des grands herbivores de la steppe-toundra est extrêmement biaisée. Ce point de vue peut s’appliquer dans une certaine mesure aux populations néandertaliennes de la ceinture périglaciaire de l’Europe de l’ère glaciaire, mais pas à celles vivant dans les péninsules méridionales et ces péninsules méridionales sont celles où la plupart des humains du continent ont vécu tout au long du Paléolithique, avant, pendant et après les Néandertaliens.
L’étude publiée dans Frontiers in Environmental Archaeology : The exploitation of crabs by Last Interglacial Iberian Neanderthals: The evidence from Gruta da Figueira Brava (Portugal) et présentée dans Frontiers : Proof that Neanderthals ate crabs is another ‘nail in the coffin’ for primitive cave dweller stereotypes.