Hubble capture l’impact de la sonde DART dans un astéroïde, une mission considérée désormais comme une réussite
En septembre dernier, la NASA a délibérément fait s’écraser une sonde spatiale sur un astéroïde afin de tester une technique potentielle de défense planétaire. À l’occasion de la publication de quatre nouvelles études scientifiques qui confirment que la méthode fonctionne (liens plus bas), la NASA vient de publier une vidéo de l’impact capturée par le télescope spatial Hubble.
La NASA et d’autres organisations sont en train d’établir un catalogue des astéroïdes qui tournent autour de notre système solaire, afin d’être prévenus le plus tôt possible si l’un d’entre eux venait à entrer en collision avec la Terre. Dans ce cas, une frappe défensive pourrait être organisée pour éloigner l’astéroïde et éviter une catastrophe à grande échelle, voire mondiale.
Le “Test de déviation d’un astéroïde double” (DART) était un exercice pratique d’une telle stratégie. Pour tester si l’orbite d’un astéroïde pouvait être modifiée, la NASA a lancé une sonde sur un petit rocher spatial appelé Dimorphos, qui tourne autour d’un astéroïde plus grand appelé Didymos. Et en effet, on a rapidement constaté que son orbite s’était raccourcie, bien plus que prévu.
Image d’entête : le système binaire d’astéroïdes, Dimorphos (à gauche) et Didymos (à droite), qui a fait l’objet de la mission DART. ( NASA/ Johns Hopkins APL)
Des études scientifiques portant sur l’expérience ont été publiées, confirmant la viabilité de la technique et donnant plus de détails sur ce qui s’est passé. Il s’avère que la surface de Dimorphos était parsemée de beaucoup plus de roches et de gravats que prévu, et que l’impact a soulevé un gros nuage de poussière, qui a en fait donné un petit coup de pouce à l’astéroïde.
Les dernières images précédant la collision intentionnelle de la sonde DART avec l’astéroïde Dimorphos. (NASA/ Johns Hopkins APL)
Selon Tony Farnham, coauteur des études :
Avant l’impact, nous nous attendions à ce que l’impact ne raccourcisse l’orbite de Dimorphos que d’une dizaine de minutes. Mais après l’impact, nous avons appris que la période orbitale était encore plus courte, réduisant d’un peu plus de 30 minutes une orbite habituellement de 12 heures. En d’autres termes, les matériaux éjectés ont agi comme un jet pour pousser la lune encore plus loin de son orbite d’origine.
Cette image du télescope spatial Hubble de la NASA montre les débris qui se sont détachés de la surface de Dimorphos après que l’astéroïde ait été touché intentionnellement par le vaisseau spatial DART. (NASA/ ESA/ STScI/ Hubble)
Le télescope spatial Hubble a également réussi à capturer une vidéo en time-lapse de cette matière projetée vers l’extérieur par l’impact, ainsi que de l’évolution du nuage au cours des heures et des jours suivants. La vidéo commence 1,3 heure avant l’impact, avec un point lumineux qui contient à la fois Didymos et Dimorphos. La deuxième image montre le système deux heures après l’impact, avec un cône de matière éjectée visible.
Après environ 17 heures, le cône commence à prendre la forme d’une étoile sous l’influence gravitationnelle de la plus grosse roche. Ensuite, les débris sont balayés vers l’arrière par le vent solaire pour former une queue comme une comète. Plus tard, cette queue se divise étrangement en deux pendant quelques jours.
Ces nouvelles recherches permettront de guider les missions futures si jamais il faut mettre en œuvre ce plan de défense planétaire.
Les études ont été publiées dans la revue Nature :
- Successful Kinetic Impact into an Asteroid for Planetary Defense
- Orbital Period Change of Dimorphos Due to the DART Kinetic Impact
- Momentum Transfer from the DART Mission Kinetic Impact on Asteroid Dimorphos
- Ejecta from the DART-produced active asteroid Dimorphos
… et présentées sur le site de la NASA : Hubble Captures Movie of DART Asteroid Impact Debris et de l’Université du Maryland : New NASA DART Data Prove Viability of Asteroid Deflection as Planetary Defense Strategy.