Malgré l’interdiction, les CFC destructeurs de la couche d’ozone sont de retour
Les chlorofluorocarbones (CFC), les substances chimiques qui ont fait un trou dans la couche d’ozone, sont de retour. Des scientifiques n’ont pas pu expliquer pourquoi ils augmentent de façon alarmante alors qu’ils sont interdits depuis 2010.
Image d’entête : l’atmosphère de la Terre observée à partir de la Station spatiale internationale. (NASA)
Les scientifiques ont été surpris d’apprendre que les niveaux de nombreux types de composés utilisés dans les climatiseurs et les réfrigérateurs, qui avaient été interdits, avaient depuis augmenté, atteignant un niveau record en 2020. Selon les recherches actuelles, le coupable pourrait être les réfrigérants de substitution utilisés pour remplacer les composés qui appauvrissent la couche d’ozone.
Cependant, le problème le plus grave est que les chercheurs ne peuvent pas déterminer d’où proviennent ces produits chimiques.
Au cours des dernières décennies, la couche d’ozone s’est largement reconstituée. Néanmoins, si les émissions continuent d’augmenter, elles risquent d’annuler les progrès réalisés et d’accélérer le changement climatique.
L’accord international, connu sous le nom de protocole de Montréal, négocié pour restaurer la couche d’ozone, est généralement considéré comme une grande réussite. Il a été rapidement adopté après la découverte par les scientifiques, dans les années 1980, d’un énorme trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique.
L’accord a contraint les producteurs à créer des substituts aux CFC et à d’autres matériaux appauvrissant la couche d’ozone. Cette dernière est en train de se reconstituer grâce à cela et les scientifiques ont prédit que la couche d’ozone ressemblerait à ce qu’elle était avant le trou de l’Antarctique vers 2066.
La découverte d’une augmentation des émissions de CFC a donc surpris les chercheurs alors que depuis l’adoption du protocole de Montréal en 1987, ils ont été progressivement éliminés.
Selon les dernières recherches, une faille dans le protocole de Montréal a permis à certains CFC de continuer à proliférer. Techniquement, les CFC peuvent encore être utilisés par les entreprises lors de la production de produits de remplacement, même s’ils sont censés être pratiquement inexistants dans les produits qui en contenaient autrefois. En d’autres termes, les CFC peuvent être utilisés comme matière première ou comme composant dans la synthèse d’une nouvelle molécule.
Trois des cinq CFC qui sont devenus plus courants depuis 2010 correspondent à cette description (CFC-113a, CFC-114a et CFC-115). Ils sont utilisés pour produire des hydrofluorocarbures (HFC), qui remplacent les CFC dans les extincteurs, les congélateurs et les climatiseurs.
A partir de l’étude : émissions mondiales des cinq CFC, pondérées en fonction de leur impact sur l’appauvrissement de la couche d’ozone (a) et sur le climat (b). (Western et col./ Nature Geoscience)
Les fuites de HFC des appareils constituent également un problème. Il s’agit de « super » gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement planétaire est des centaines, voire des milliers de fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. En fait, les autorités ont tenté de résoudre un vieux problème en en créant un nouveau.
Selon l’amendement de Kigali de 2016 au protocole de Montréal, la consommation de HFC devrait diminuer de 85 % au niveau mondial d’ici à 2047. Les entreprises devraient être en mesure d’arrêter les fuites et de se débarrasser de tous les CFC restants lors de la fabrication de HFC ou d’autres produits chimiques. Néanmoins, étant donné que les émissions de CFC augmentent, la nouvelle recherche soutient que ce n’est peut-être pas le cas.
Les scientifiques ne peuvent pas déterminer avec précision les causes de ce pic de pollution en raison d’un manque de surveillance à l’échelle mondiale. Dans cette dernière étude, ils ont recueilli des mesures de CFC sur 14 sites dans le monde. Par conséquent, la cause de l’augmentation des émissions de deux types de CFC (CFC-13 et CFC-112a) qui ne sont même pas utilisés dans la fabrication des HFC est encore moins connue des chercheurs.
Stefan Reimann, chercheur à l’Empa, le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche, a ainsi déclaré a déclaré ne connaissaient pas la source de la fuite de CFC, ce qui est inquiétant.
Heureusement, la pollution causée par les cinq types insaisissables de CFC examinés dans la nouvelle recherche n’est pas suffisante pour réduire à néant des décennies de progrès vers l’élimination de la majorité des composés qui appauvrissent la couche d’ozone.
L’étude publiée dans Nature Geoscience : Global increase of ozone-depleting chlorofluorocarbons from 2010 to 2020 et présentée sur le site de l’Université de Bristol : Newly published research finds global emissions of several banned ozone-destroying chemicals are increasing.