Un nouveau dinosaure qui a lutté pour survivre au changement climatique
Une grande avancée paléontologique a été réalisée grâce à la récente découverte d’un dinosaure herbivore, qui a permis de mieux comprendre les derniers stades d’une espèce qui luttait pour s’adapter à une époque de changements climatiques importants.
Les restes squelettiques d’un jeune dinosaure, connu sous le nom de Iani smithi, comprenant son crâne, ses vertèbres et ses membres, ont été découverts dans la formation de Cedar Mountain, dans l’Utah. Ce dinosaure ornithopode précoce, nommé d’après le dieu romain Janus, offre de précieuses indications sur les importants changements de population parmi les dinosaures induits par le réchauffement climatique de la Terre.
Image d’entête : représentation artistique du Iani Smithi. (Jorge Gonzalez/ Université d’État de la Caroline du Nord)
Iani smithi vivait il y a environ 99 millions d’années, au milieu du Crétacé, dans ce qui est aujourd’hui l’Utah. Ce dinosaure se distingue par sa mâchoire redoutable, dotée de dents parfaitement adaptées pour arracher des végétaux robustes.
Selon Lindsay Zanno, auteure de l’étude, professeur de recherche associé à l’université d’État de Caroline du Nord et responsable de la paléontologie au musée des sciences naturelles de Caroline du Nord :
La découverte de Iani fut un coup de chance. Nous savions qu’un animal de ce type vivait dans cet écosystème parce que des dents isolées avaient été collectées ici et là, mais nous ne nous attendions pas à tomber sur un si beau squelette, surtout à cette époque de l’histoire de la Terre. Le fait de disposer d’un crâne presque complet fut d’une valeur inestimable pour reconstituer l’histoire.
A partir de l’étude : localisation de l’holotype de Iani smithi. (A) Carte globale montrant l’emplacement de l’affleurement de Mussentuchit dans le centre de l’Utah, à l’ouest de l’Amérique du Nord, et une coupe stratigraphique datée de la carrière; (B) représentation graphique des éléments squelettiques préservés du spécimen, colorés qu’ils proviennent du côté droit ou gauche du corps. (Zanno et col./ PLoS ONE)
Le milieu du Crétacé fut le théâtre de profonds bouleversements qui ont eu un impact considérable sur les populations de dinosaures. L’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a entraîné une hausse de la température globale et une élévation du niveau des mers, confinant les dinosaures dans des masses terrestres de plus en plus réduites.
Les pôles ont connu une chaleur telle que les forêts tropicales ont prospéré, tandis que les zones côtières ont été dominées par des plantes à fleurs qui ont remplacé les sources de nourriture traditionnelles des herbivores. Les sauropodes géants mangeurs de plantes, autrefois dominants, et leurs prédateurs du genre allosaures ont disparu d’Amérique du Nord. Parallèlement, des herbivores plus petits ont migré d’Asie, comme les premiers dinosaures à bec de canard et à cornes, aux côtés de théropodes à plumes tels que les tyrannosaures et les énormes oviraptorosaures.
Iani smithi se distingue non seulement par sa récente découverte, mais aussi par sa rareté dans les fossiles nord-américains. Cela lui confère une place unique dans les annales de l’histoire des dinosaures. À partir de ce spécimen préservé, Zanno et son équipe ont étudié les relations évolutives de Iani, ce qui a donné lieu à des résultats surprenants et quelque peu sceptiques.
Selon Lindsay Zanno :
Nous avons retrouvé Iani en tant que rhabdodontidé précoce, une lignée d’ornithopodes connue presque exclusivement en Europe. Récemment, des paléontologues ont proposé qu’un autre dinosaure nord-américain, le Tenontosaurus, qui était aussi commun que le bétail au début du Crétacé, appartienne à ce groupe, ainsi que certaines créatures australiennes. Si Iani s’avère être un rhabdodontomorphe, cela soulève de nombreuses questions intéressantes.
La première de ces questions est de savoir si Iani représente le dernier membre d’une lignée autrefois florissante. Zanno pense que l’étude de ce fossile dans le contexte des changements environnementaux et de biodiversité survenus au milieu du Crétacé nous permettra de mieux comprendre l’histoire de la Terre.
Selon les chercheurs :
Les ornithopodes primitifs faisaient autrefois partie intégrante des écosystèmes nord-américains, mais nous ne savions pas qu’ils avaient survécu jusqu’à la fin du Crétacé. La découverte de Iani nous aide à relier leur extinction sur le continent à un intervalle majeur du réchauffement climatique, qui présente des similitudes frappantes avec notre crise climatique actuelle.
L’étude publiée dans PLoS ONE : An early-diverging iguanodontian (Dinosauria: Rhabdodontomorpha) from the Late Cretaceous of North America et présentée sur le site de l’Université d’État de la Caroline du Nord : New Dino, ‘Iani,’ Was Face of a Changing Planet.