Face à la COVID-19, certains humains ne souffrent d’aucun symptôme, la mutation d’un gène pourrait en être la cause
Un projet de recherche mondial a permis de découvrir une raison génétique possible expliquant pourquoi certaines personnes infectées par le virus responsable du COVID-19 ne présentent aucun symptôme.
(Image d’entête de l’université de Californie à San Fransisco)
Les antigènes des leucocytes humains (HLA) sont des gènes importants qui soutiennent la fonction immunitaire dans le corps humain, notamment en identifiant les pathogènes viraux. Il a été constaté qu’une variation particulière du complexe HLA-B double au moins la probabilité qu’une personne infectée par le SRAS-CoV-2 soit asymptomatique.
Les personnes qui héritent d’une copie de la variante HLA-B15 d’un parent ont 2,4 fois plus de chances d’éviter les symptômes. Les porteurs homozygotes, nés avec des copies de la variante de chaque parent, avaient 8,5 fois plus de chances d’éviter les symptômes.
Il s’agit d’une variante assez courante dans certaines ethnies, environ 1 personne sur 10 d’ascendance européenne est potentiellement porteuse du gène, mais le fait d’être porteur du gène n’est pas une garantie de protection contre les symptômes du coronavirus.
Les résultats de cette étude (lien plus bas), sont le fruit de recherches menées conjointement par des chercheurs de l’université de Californie à San Fransisco (UCSF) et d’institutions australiennes. La recherche a été menée presque par hasard.
Les principaux co-auteurs de l’étude, la professeure Stephanie Gras de l’Université de Latrobe (Australie) et Jill Hollenbach de l’UCSF, se sont rencontrés pour la première fois lors d’une conférence de recherche en mai 2022 et ils ont mis en commun leurs connaissances pour étudier l’association entre les variations génétiques possibles et les symptômes du virus COVID-19.
Leurs équipes ont réduit un groupe de 30 000 personnes disposant de données HLA de haute qualité à une cohorte d’environ 1 500 personnes non vaccinées dont le test de dépistage du virus s’est révélé positif. Elles se sont ensuite concentrées sur cinq points d’intérêt des gènes HLA tout en surveillant l’apparition des symptômes afin de déterminer quelles variantes, le cas échéant, pourraient être davantage liées au fait d’être asymptomatique vis-à-vis du COVID.
Selon Stephanie Gras :
Le virus SRAS-CoV-2 pénètre dans les cellules et « présente » une petite partie du virus à la surface par l’intermédiaire de la molécule HLA. Ces molécules agissent comme un signal d’alarme pour les lymphocytes T. La cellule envoie le signal à la cellule T qu’elle a été infectée par le virus, et les cellules T sont activées et tuent la cellule infectée.
HLA-B15 peut en fait présenter une petite partie de la protéine de pointe qui est très similaire entre le SRAS-CoV-2 et les coronavirus saisonniers… qui circulent chaque année dans la population et nous donnent le rhume pendant l’hiver la plupart du temps. Ils partagent certaines similitudes.
Schéma descriptif du SARS-CoV-2 avec les protéines en pointes en orange. (à partir du guide visuel du coronavirus du Scientific American)
Cette découverte ouvre la voie à de futurs traitements. Maintenant qu’une association entre la variante et les cas asymptomatiques a été identifiée, les équipes de Gras et Hollenbach ont commencé à étudier l’interaction entre HLA-B15 et la protéine à pointes du SRAS-CoV-2 au niveau atomique.
Ces recherches sont déjà en cours, notamment au Synchrotron australien de l’Organisation australienne des sciences et technologies nucléaires.
Toujours selon Stephanie Gras :
Nous réalisons des modèles de protéines au niveau atomique pour comprendre l’interaction. Nous voulons comparer les cellules T chez les personnes asymptomatiques porteuses de HLA-B15 et chez les personnes non asymptomatiques porteuses de HLA-B15. En fait, le HLA-B15 n’est pas une solution miracle, on peut l’avoir et souffrir quand même d’un COVID sévère.
L’étude publiée dans Nature : A common allele of HLA is associated with asymptomatic SARS-CoV-2 infection et présentée sur le site de l’université de Californie à San Fransisco : Gene Mutation May Explain Why Some Don’t Get Sick from COVID-19.