Des chercheurs identifient la plus ancienne espèce de méduse
Des fossiles de la plus ancienne espèce de méduse connue, qui évoluait dans les anciennes mers du cambrien, il y a quelque 505 millions d’années, ont été découverts dans les Rocheuses canadiennes.
Cette découverte est particulièrement remarquable. Si les paléontologues trouvent constamment des restes fossilisés, ceux de méduses sont beaucoup plus rares… il est difficile de fossiliser un animal composé à 95 % d’eau.
Mais les empreintes de Burgessomedusa phasmiformis laissées sur la face des schistes de Burgess, un site du patrimoine mondial situé dans le parc national canadien de Yoho, sont « exceptionnellement bien préservées » selon le Musée royal de l’Ontario (ROM/ Canada), qui a annoncé ses conclusions une nouvelle étude (lien plus bas).
Image d’entête : reconstitution artistique d’un groupe de Burgessomedusa phasmiformis nageant dans la mer cambrienne. (Christian McCall)
Depuis la première publication des archives fossiles de la région en 1888 et l’identification des schistes de Burgess en 1909, une longue liste d’animaux anciens a été décrite à partir de leurs “échos rocheux”. Il s’agit de l’un des meilleurs registres connus d’invertébrés du cambrien.
Le site d’étude du ROM Burgess Shale dans le parc national Yoho, Raymond Quarry, en 1992. (Desmond Collins/ Musée royal de l’Ontario)
Les méduses, le groupe de cnidaires auquel appartient la Burgessomedusa, existent encore aujourd’hui sous la forme de méduses nageant librement, comme le Vaisseau de guerre portugais (ou Physalie), la cuboméduse (ou méduse-boîte) et la minuscule méduse Irukandji. L’analyse des fossiles conservés dans les schistes de Burgess révèle des caractéristiques anatomiques associées à ces animaux, notamment les signes révélateurs de tentacules. La B. phasmiformis atteignait probablement une longueur de 20 cm, avec environ 90 tentacules courts émergeant de son corps en forme de cloche.
Image de Burgessomedusa et d’Anomalocaris conservés dans les schistes de Burgess. (Desmond Collins/ Musée royal de l’Ontario)
La plupart des spécimens fossiles étudiés par le ROM ont été identifiés dans les couches rocheuses de Burgess il y a trois ou quatre décennies, mais ce n’est que maintenant que les biologistes de l’évolution les ont rattachés à un genre.
Selon Jean-Bernard Caron, coauteur de l’étude et spécialiste en paléontologie des invertébrés au ROM :
Trouver des animaux aussi incroyablement délicats préservés dans des couches rocheuses au sommet de ces montagnes est une découverte extraordinaire.
Les cnidaires, comme cette nouvelle méduse, font partie des plus anciens groupes d’animaux. Si la B. phasmiformis n’est pas la plus ancienne cnidaire découverte, beaucoup de spécimens plus anciens correspondent à des polypes, une phase asexuée précoce de ces animaux que l’on retrouve encore dans le cycle de vie de ceux qui existent aujourd’hui.
Plaque montrant un grand et un petit spécimen en forme de cloche (tourné de 180 degrés) avec préservation des tentacules. (Jean-Bernard Caron/ Royal Ontario Museum)
D’anciens cténophores ont été découvertes dans plusieurs gisements cambriens, mais ils appartiennent à une catégorie animale différente, distincte de l’embranchement des cnidaires. La découverte de la B. phasmiformis permet aux chercheurs de déterminer les liens évolutifs entre les méduses d’aujourd’hui et leurs ancêtres encore mal connus.
Selon Joe Moysiuk, coauteur de l’étude et biologiste de l’évolution à l’université de Toronto (Canada) :
Bien que les méduses et les espèces apparentées soient considérées comme l’un des premiers groupes d’animaux à avoir évolué, elles ont été remarquablement difficiles à cerner dans les archives fossiles du Cambrien. Cette découverte ne laisse aucun doute sur le fait qu’ils nageaient dans les parages à cette époque.
L’étude publiée dans The Proceedings of the Royal Society B Biological Sciences : A macroscopic free-swimming medusa from the middle Cambrian Burgess Shale via l’Université de Toronto : Researchers discover the oldest species of swimming jellyfish.