Un crâne sans menton vieux de 300 000 ans pourrait appartenir à une nouvelle lignée humaine encore non identifiée
Une équipe internationale de scientifiques a décrit un ancien fossile humain (du genre Homo) en Chine qui ne ressemble à aucun autre hominidés découvert auparavant.
Image d’entête : le crâne humain du Pléistocène moyen de Hualongdong et le site de la grotte effondrée. (Image de WU Xiujie et Erik Trinkaus/ Académie chinoise des sciences)
Ce fossile ne s’inscrit pas parfaitement dans les voies d’évolution connues des Néandertaliens, des Dénisoviens ou des humains modernes. Ne sachant pas à quelle branche de l’arbre généalogique humain rattacher le spécimen, les scientifiques ont proposé que le fossile appartienne à une branche entièrement nouvelle.
Des scientifiques chinois ont découvert en 2019 un crâne partiel, une mâchoire et des os d’une jambe dans la grotte de Hualong (ou Hualongdong), dans l’est de la Chine. Les restes, qui appartiennent à un enfant dont la durée de vie est estimée à 12 ou 13 ans, ont été datés d’environ 300 000 ans sous la désignation « HLD 6 ».
En y regardant de plus près, HLD 6 s’est avéré être une énigme en raison de ses caractéristiques physiques distinctes qui divergent des lignées humaines reconnues. Dans un premier temps, on a pensé que les caractéristiques mixtes de HLD 6 pouvaient être attribuées à son jeune âge. Cependant, des analyses comparatives avec des spécimens d’hominines adultes et immatures ont réfuté cette théorie.
Le crâne et les mâchoires de HLD 6 (Wu et col./ Journal of Human Evolution)
La mâchoire du fossile présente une forme triangulaire et une courbure uniques, qui ressemblent de près aux humains modernes et aux hominidés du Pléistocène supérieur. Toutefois, l’absence de menton rappelle davantage les Dénisoviens, un ancien groupe d’hominidés distinct des Néandertaliens et des Homo sapiens.
Selon l’équipe, composée de scientifiques de l’Académie chinoise des sciences, de l’université Xi’an Jiaotong et de l’université de York au Royaume-Uni, ces restes pourraient être un hybride entre la branche menant à l’homme moderne et celle produisant d’autres anciens homininés de la même région, tels que les Dénisoviens.
Reconstruction virtuelle du crâne humain de Hualongdong 6, avec les parties imagées en gris, et deux des rares outils en pierre du site. (WU Xiujie)
Traditionnellement, les fossiles d’homininés du Pléistocène provenant de Chine sont considérés comme des étapes transitoires vers l’Homo sapiens ou comme des variantes de l’Homo erectus. Or, HLD 6 ne correspond pas à l’espèce Homo erectus et présente au contraire des traits apparentés à des lignées d’hominines plus récentes. Il semble que HLD 6 soit coincé dans les limbes entre la lignée qui a donné naissance à l’homme moderne et d’autres branches plus primitives du genre Homo.
Des recherches génomiques menées par le passé sur des restes de Néandertaliens ont laissé entrevoir l’existence d’une quatrième lignée d’hominines au cours du Pléistocène moyen et tardif, mais aucune preuve physique concluante n’avait été apportée jusqu’à présent. Cette nouvelle découverte pourrait enfin combler une lacune cruciale dans l’histoire de notre évolution.
Bien qu’il soit difficile de formuler des affirmations définitives sur la base d’un seul spécimen, incomplet de surcroît, les chercheurs avancent que l’Asie aurait pu abriter autrefois trois lignées coexistantes : Homo erectus, Dénisovien et l’hominidé récemment découvert. Cela signifierait que certains attributs « modernes » sont apparus bien avant la présence de l’Homo sapiens en Chine, il y a environ 120 000 ans.
L’histoire de l’évolution humaine demeure une œuvre en cours, avec de nombreuses surprises à découvrir.
L’étude publiée dans le Journal of Human Evolution : Morphological and morphometric analyses of a late Middle Pleistocene hominin mandible from Hualongdong, China.