Cette brique d’argile a préservé la trace de plantes datant d’il y a plus de 2 900 ans
Les capsules temporelles sont un moyen amusant d’avoir un aperçu de la vie quotidienne dans le passé, et des scientifiques viennent d’en ouvrir une datant d’il y a près de 3 000 ans. L’équipe a réussi à extraire l’ADN d’une ancienne brique d’argile, révélant une variété de plantes de la région à l’époque.
Image d’entête : la brique d’argile du Musée national du Danemark à partir de laquelle les échantillons ont été prélevés. (Arnold Mikkelsen et Jens Lauridsen)
D’après une inscription gravée, la brique provient de l’ancienne ville de Kalkhu, dans l’actuel nord de l’Irak, où elle faisait partie du palais d’Assurnasirpal II, roi d’Assyrie au 9e siècle avant notre ère. Comme les archéologues savent assez précisément quand la construction de ce palais a commencé, ils peuvent dater la brique à une décennie près, entre 879 et 869 avant notre ère.
Aujourd’hui conservée au Musée national du Danemark, les scientifiques ont soupçonné la présence d’ADN préservé à l’intérieur de la brique, datant de l’époque de sa production. On pense qu’elle a été fabriquée principalement avec de la boue recueillie dans le Tigre voisin et mélangée à de la paille, des excréments d’animaux ou d’autres déchets à portée de main. Elle aurait ensuite été moulée, inscrite et laissée à l’air libre pour sécher naturellement. Selon l’équipe, ce processus aurait dû permettre de préserver l’ADN contenu dans la brique mieux que les briques cuites à haute température.
Pour le savoir, les chercheurs ont prélevé des échantillons au cœur de la brique, à travers une surface récemment exposée après qu’une partie de la brique s’est fendue lors de sa manipulation en 2020. Cette méthode a permis de s’assurer que les échantillons étaient exempts de toute contamination moderne. L’équipe a ensuite utilisé une technique d’extraction de l’ADN souvent utilisée sur des matériaux tels que les os, et a séquencé le matériel génétique trouvé.
Au final, elle a identifié l’ADN de 34 groupes de plantes différents dans les échantillons. Le chou et la bruyère étaient les plus courants, tandis que d’autres comprenaient le bouleau, les lauriers, des ombellifères et des graminées cultivées.
La brique d’argile du Musée national du Danemark et les cinq points à partir desquels les échantillons ont été prélevés. L’encadré jaune dans la partie supérieure de la figure représente le morceau de brique illustré ci-dessous. (Troels Pank Arbøll)
Selon le Dr Sophie Lund Rasmussen, coauteure de l’étude :
Nous avons été absolument ravis de découvrir que de l’ADN ancien, efficacement protégé de la contamination à l’intérieur d’une masse d’argile, pouvait être extrait d’une brique vieille de 2 900 ans.
Selon l’équipe, cette technique pourrait être appliquée à d’autres matériaux de construction en argile et à des objets en céramique provenant de n’importe quel site archéologique dans le monde. Et bien que cette étude n’ait trouvé de l’ADN viable qu’à partir de plantes, elle devrait fonctionner avec des animaux, des invertébrés et, en fait, n’importe quel être vivant, ce qui permettrait de dresser un tableau des types de vie qui existaient dans cette région à l’époque.
Selon le Dr Troels Arbøll, coauteur de l’étude :
Grâce à l’inscription sur la brique, nous pouvons attribuer l’argile à une période relativement spécifique dans une région particulière, ce qui signifie qu’elle sert de capsule temporelle de biodiversité contenant des informations sur un site unique et ses environs. Dans ce cas, elle offre aux chercheurs un accès unique aux anciens Assyriens.
L’étude publiée dans Nature Scientific Reports : Revealing the secrets of a 2900-year-old clay brick, discovering a time capsule of ancient DNA et présentée sur le site de l’Université d’Oxford : Researchers extract ancient DNA from a 2,900-year-old clay brick, revealing a time capsule of plant life.