Le gène de longévité du rat-taupe nu prolonge la durée de vie et la santé de souris
Il pèse environ un gramme, passe sa vie sous terre en Afrique subsaharienne et ne figurera probablement pas sur la liste des animaux mignons, mais le rat-taupe nu continue de montrer aux scientifiques que, sous sa peau pâle et ridée, il possède une incroyable biologie résistante au vieillissement.
Image d’entête : un rat-taupe nu. (Université de Rochester/ J. Adam Fenster)
Des scientifiques de l’université de Rochester (États-Unis) ont le rat-taupe nu (Heterocephalus glaber) dans leur ligne de mire depuis un certain temps, ayant déjà identifié comment leurs mécanismes uniques de vieillissement cellulaire sont à la base de leur longue durée de vie, jusqu’à 41 ans, pendant lesquels les femelles restent également fertiles, et de leur résistance aux maladies liées à l’âge.
Forts de ces connaissances, les chercheurs ont modifié génétiquement des souris pour produire la version rat-taupe nu du gène de la hyaluronane synthase 2, qui fabrique une protéine produisant de l’acide hyaluronique à haut poids moléculaire (HMW-HA pour High molecular weight hyaluronic acid). Alors que tous les mammifères possèdent la hyaluronane synthase 2, la version du rat-taupe nu est en quelque sorte améliorée, entraînant une expression génétique plus forte.
Cette modification a directement permis d’améliorer la santé générale des souris vieillissantes et d’augmenter leur durée de vie médiane d’environ 4,4 %.
Selon Vera Gorbunova, professeure de biologie et de médecine à l’université de Rochester :
Notre étude apporte la preuve que des mécanismes de longévité uniques qui ont évolué chez des espèces de mammifères à longue durée de vie peuvent être exportés pour améliorer la durée de vie d’autres mammifères.
Si cette augmentation peut sembler faible, en particulier chez un animal dont la durée de vie est inférieure à 18 mois, elle n’est pas négligeable. Chez l’humain, la même augmentation permettrait à une personne de 80 ans de gagner 3,5 ans.
Mais il ne s’agit pas seulement de chiffres. Les souris possédant la version du gène de la hyaluronane synthase 2 du rat-taupe nu étaient mieux protégées contre les cancers, présentaient moins d’inflammation dans différentes parties de leur corps et leurs intestins étaient beaucoup plus sains. Les rats-taupes nus ont environ 10 fois plus de HMW-HA que les humains. Lorsqu’ils en sont débarrassés, leurs cellules sont plus susceptibles de former des tumeurs cancéreuses. Bien que d’autres recherches soient nécessaires, les scientifiques pensent que les avantages découlent de la régulation directe du système immunitaire par le HMW-HA.
Toujours selon Gorbunova :
Il nous a fallu dix ans entre la découverte du HMW-HA chez le rat-taupe nu et la démonstration que le HMW-HA améliore la santé des souris. Notre prochain objectif est de transférer cet avantage à l’homme. Nous espérons que nos résultats constitueront le premier, mais pas le dernier, exemple de la façon dont les adaptations à la longévité d’une espèce à longue durée de vie peuvent être adaptées pour bénéficier à la longévité et à la santé humaines.
L’étude publiée dans Nature : Increased hyaluronan by naked mole-rat Has2 improves healthspan in mice et présentée sur le site de l’Université de Rochester : Longevity gene from naked mole rats extends lifespan of mice.