La plus grande fleur du monde est en danger critique d’extinction
Selon une équipe internationale de botanistes, la plupart des plantes du genre Rafflesia, dont les fleurs sont les plus grandes du monde, sont menacées d’extinction.
Image d’entête : Rafflesia kemumu dans la forêt tropicale de Sumatra. (Chris Thorogood)
Originaires d’Asie du Sud-Est, les Rafflésies ont des cycles de vie si particuliers que les jardins botaniques, comme le Royal Botanic Gardens de Kew, au Royaume-Uni, ont du mal à les cultiver.
Les plantes passent la majeure partie de leur temps sous forme de filaments envahissants, parasitant les lianes de la jungle. Puis, lorsque vient le moment de la pollinisation, elles jaillissent de l’écorce des lianes sous forme de grandes fleurs, dont la taille peut atteindre un mètre. Les fleurs sentent la chair en décomposition pour attirer les mouches. C’est ce qui a valu à la Rafflesia le surnom de « fleur de cadavre » (à ne pas confondre avec l’Arum Titan de Sumatra, qui porte également le nom de fleur de cadavre, mais qui est une espèce totalement différente).
Il est très difficile de prédire la date de la floraison, ce qui, combiné au reste du mystérieux cycle de vie, a rendu les Rafflésies très difficiles à cultiver. Le nombre total d’espèces est également peu connu. Les scientifiques ont recensé 42 espèces différentes de Rafflesia au Brunei, en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines et en Thaïlande, certaines d’entre elles provenant d’un seul bourgeon. De nouvelles espèces sont encore découvertes et les catégories actuelles évoluent au fur et à mesure que les scientifiques en apprennent davantage.
A partir de l’étude : Carte montrant la diversité du genre Rafflesia de Malésie. (P. Malabrigo et col./ Plants People Planet)
En raison de tout ce mystère, une seule espèce de rafflésies (Rafflesia magnifica) figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN). Une étude publiée cette semaine (lien plus bas) indique que ce nombre devrait être beaucoup plus élevé. Les chercheurs estiment que 60 % des espèces de Rafflesia sont confrontées à un « risque sévère d’extinction », ce qui en fait des espèces en danger critique d’extinction selon les normes de l’UICN, et ils constatent qu’au moins 67 % des habitats connus ne sont pas des zones protégées.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Une approche combinée pourrait sauver certaines des fleurs les plus remarquables du monde, dont la plupart sont aujourd’hui sur le point de disparaître.
Une Rafflesia bengkuluensis dans la forêt tropicale de Sumatra. (Chris Thorogood)
Les chercheurs ont proposé une approche en quatre volets pour sauver les rafflésies :
- La protection des habitats, considérée comme le meilleur moyen de sauver le genre.
- Poursuivre les recherches afin de mieux comprendre le genre Rafflesia.
- Trouver comment reproduire les rafflésies en dehors de leur habitat d’origine, pour l’instant, cela reste très difficile, bien que le jardin botanique de Bogor, près de Jakarta en Indonésie, ait connu un certain succès.
- Des initiatives d’écotourisme visant à impliquer et à encourager les communautés locales : cette initiative a été couronnée de succès dans l’ouest de Sumatra.
Selon Adriane Tobias, forestière philippine et coauteur de cette étude
Les peuples autochtones sont parmi les meilleurs gardiens de nos forêts, et les programmes de conservation de la rafflésie ont beaucoup plus de chances de réussir s’ils impliquent les communautés locales. La rafflésie peut devenir une nouvelle icône de la conservation dans les tropiques asiatiques.
L’étude publiée dans Plants People Planet : Most of the world’s largest flowers (genus Rafflesia) are now on the brink of extinction et présentée sur le site du Jardin botanique de l’université d’Oxford : Botanists from Oxford Botanic Garden join international colleagues to publish first global assessment of threat to Rafflesia species.