Le "budget carbone" pour la limite des 1,5 °C devrait être épuisé au cours de la présente décennie
Dans une nouvelle alarmante sur le changement climatique, des scientifiques ont annoncé que nous manquons de temps pour parvenir au “zéro émission de carbone” presque deux fois plus vite que nous le pensions.
Selon les chercheurs dans leur nouvelle étude (lien plus bas) :
Le budget carbone restant, la quantité nette de CO2 que les humains peuvent encore émettre sans dépasser une limite de réchauffement climatique choisie, est souvent utilisé pour évaluer l’action politique par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris. Nous concluons que le budget carbone restant, pour une chance sur deux de maintenir le réchauffement à 1,5 °C, est d’environ 250 gigatonnes de CO2 en janvier 2023, ce qui équivaut à environ six années d’émissions de CO2 actuelles.
C’est la moitié du budget prévu par le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour 2023, ce qui est une nouvelle alarmante pour ceux qui travaillent dans le domaine du climat.
Selon Benjamin M. Sanderson du Centre de recherche internationale sur le climat et l’environnement (Norvège) dans un éditorial accompagnant le rapport :
Le travail de Lamboll et de ses collègues met les responsables politiques mal à l’aise, car il divise par deux la meilleure estimation du budget carbone restant citée dans le rapport AR6 du GIEC de 2023, qui passe de 500 GtCO2 à 250 GtCO2.
Il convient de noter que ce délai de 6 ans pour le maintien du statu quo ne signifie pas que nous atteindrons 1,5 °C à cette date, mais que nous ne pourrons plus émettre de carbone sans que le monde ne nous le rende par un réchauffement d’au moins 1,5 °C à l’avenir.
Les chercheurs ont également suggéré que pour un changement de 50 % permettant de maintenir le réchauffement à moins de 2 °C, le budget carbone restant est de 1 200 gigatonnes de carbone, ce qui laisse 23 ans aux niveaux actuels pour que notre budget s’épuise.
Cette étude utilise un ensemble de données et une méthodologie actualisés pour obtenir de nouveaux chiffres et caractériser certaines des incertitudes. Elle met surtout l’accent sur les aérosols, suggérant qu’ils masquent une partie de l’augmentation de la température et qu’ils doivent être pris en compte avant que le budget carbone puisse être confirmé.
Toujours selon Sanderson :
Le réchauffement que nous connaissons aujourd’hui est dû à une combinaison d’émissions historiques de gaz à effet de serre et d’aérosols, ainsi qu’à des processus naturels (cycles solaires et volcans) et à la variabilité naturelle. Ainsi, le réchauffement dû aux gaz à effet de serre est aujourd’hui partiellement compensé par le refroidissement dû aux aérosols, et l’ampleur de ce masquage constitue une incertitude majeure.
Alors que de nombreux pays dans le monde tentent de limiter les émissions, malgré une baisse due à la pandémie de COVID-19, nous continuons d’augmenter nos émissions d’année en année. Même si nous réduisions radicalement nos émissions aujourd’hui, nous n’aurions que jusqu’au milieu des années 2030 pour cesser complètement d’émettre du CO2 dans l’atmosphère afin de respecter l’Accord de Paris.
Sanderson de conclure :
Si Lamboll et ses collègues ont raison, les objectifs de zéro net au milieu du siècle sont insuffisants pour empêcher un dépassement de 1,5 °C.
L’étude publiée dans Nature Climate Change : Assessing the size and uncertainty of remaining carbon budgets et présentée sur le site de l’Imperial College de Londres : Window to avoid 1.5°C of warming will close before 2030 if emissions not reduced.