Finalement, le trou dans la couche d’ozone n’est peut-être pas en train de se résorber, il pourrait même s’agrandir
Selon des scientifiques néo-zélandais, la couche d’ozone n’est peut-être pas en train de se reconstituer, le problème étant exacerbé par les feux de brousse, les éruptions volcaniques et les émissions de gaz à effet de serre.
Image d’entête : les précédentes mesures du satellite Copernicus Sentinel-5P montrent le trou d’ozone cette année au-dessus de l’Antarctique. (ESA)
Les recherches, publiées cette semaine (lien plus bas), suggèrent que la couche d’ozone de l’Antarctique a diminué de 26 % depuis 2004, contrairement aux précédents rapports qui faisaient état d’un rétablissement grâce aux mesures prises dans le cadre d’un accord appelé le protocole de Montréal.
Selon les chercheurs, les feux de forêt, les aérosols volcaniques et les émissions de gaz à effet de serre expliquent probablement les récents reculs, des trous d’ozone de taille record et de longue durée de vie réapparaissant au-dessus de l’Antarctique au printemps depuis 2020.
On pensait auparavant que le trou dans la couche d’ozone était en voie de résorption grâce à un accord mondial signé à Montréal, au Canada, visant à limiter les substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Toutefois, l’étude révèle que la colonne d’ozone totale n’a pas connu de changement significatif sur le long terme depuis le début des années 2000, « même lorsqu’un regain significatif a été signalé précédemment ».
L’analyse des variations quotidiennes et mensuelles de l’ozone entre 2001 et 2022 montre des retards dans la formation du trou d’ozone. Alors que le début du printemps montre des signes de rétablissement de la couche d’ozone, ce phénomène est suivi d’un déclin à la fin du mois de septembre.
Selon Hannah Kessenich, chercheuse et auteure de l’étude, de l’université d’Otago :
En examinant les observations quotidiennes détaillées de l’ozone au cours des 19 dernières années, nous constatons que la quantité d’ozone au centre du trou de la couche d’ozone de l’Antarctique est beaucoup plus faible qu’il y a 19 ans. Cela signifie que le trou n’est pas seulement resté important en superficie, mais qu’il s’est également approfondi (c’est-à-dire qu’il contient moins d’ozone) pendant la plus grande partie du printemps antarctique.
Martin Jucker, spécialiste de l’atmosphère à l’université de Nouvelle-Galles du Sud, n’est pas convaincu par les résultats de l’étude :
Leurs résultats s’appuient fortement sur les grands trous d’ozone que nous avons observés en 2020-2022. Or, la littérature existante a déjà trouvé les raisons de ces grands trous d’ozone : La fumée des feux de brousse de 2019 et une éruption volcanique (La Soufrière), ainsi qu’une relation générale entre la stratosphère polaire et l’oscillation australe El Niño. Les années 2020-22 ont connu une rare triple La Niña, mais cette relation n’est jamais mentionnée dans l’étude.
Ce printemps, l’Agence spatiale européenne a signalé la formation d’un nouveau trou dans la couche d’ozone, l’un des plus importants répertoriés.
La couche d’ozone située dans l’atmosphère protège la Terre des rayons ultraviolets (UV) du soleil. Sa diminution expose les populations, en particulier dans l’hémisphère sud, à un risque accru de cancer de la peau.
L’étude publiée dans Nature Communications : Potential drivers of the recent large Antarctic ozone holes et présentée sur le site de l’université d’Otago : Study highlights need to keep an eye on the ozone hole.