La souris réussit le test du miroir et rejoint le club des animaux conscients d’eux-mêmes
Les souris peuvent reconnaître leur reflet dans un miroir et détecter les changements dans leur apparence, ajoutant ainsi au nombre d’espèces connues capables de former une image visuelle de soi, comme les humains.
Image d’entête : une souris naturalisée devant un miroir pour une exposition du musée d’histoire naturelle de Vienne, Autriche. (Musée d’histoire naturelle de Vienne)
Dans une série d’expériences, des chercheurs de l’université du Texas, aux États-Unis, ont placé des marques blanches et noires sur la tête de souris et les ont placées dans une boîte munie d’un miroir. Lorsque la tache d’encre était blanche, les souris remarquaient le changement physique de leur reflet et passaient plus de temps à se toiletter la tête devant le miroir, selon l’étude publiée cette semaine (lien plus bas).
L’expérience a été adaptée du « test du miroir« . Cette méthode a été développée à l’origine pour étudier la reconnaissance de soi chez les chimpanzés, afin de vérifier si les animaux pouvaient identifier et se souvenir de leurs propres aspects visuels dans un reflet.
L’image de soi visuelle contribue au développement du sens de soi chez l’humain, au même titre que d’autres indices sensoriels tels que l’ouïe, le toucher et l’odorat, et que la cognition. Au départ, cette capacité n’a été identifiée que chez quelques espèces avec l’humain, notamment les grands singes, les dauphins et les éléphants. Cependant, des modifications du test du miroir propres à chaque espèce ont montré que certains oiseaux (exemple très récent avec les coqs), poissons et macaques possédaient également cette capacité. Et maintenant des souris, selon cette nouvelle recherche.
Les chercheurs ont laissé 13 jours aux souris pour explorer et se familiariser avec le compartiment d’une boîte. Une moitié de la boîte contenait un miroir, qui était déplacé chaque jour et l’autre moitié n’en contenait pas. Par rapport à une zone témoin du compartiment sans miroir, les souris ont semblé préférer la zone miroir, y passant plus de temps.
Après la période de familiarisation, les expérimentateurs ont anesthésié leurs sujets et ils ont ajouté une marque blanche ou noire (correspondant à la couleur de leur pelage) sur la tête de chaque souris. Lorsque ces dernières sont retournées dans la boîte, les chercheurs ont mesuré l’emplacement et le temps passé par les différentes souris à se toiletter. La quantité de toilettage n’a pas changé dans le groupe témoin. Les comportements de toilettage de la tête des souris marquées de blanc ont nettement augmenté, mais uniquement lorsque les souris se trouvaient dans la section du miroir.
GIF ci-contre, à partir de l’étude : une souris noire avec une tache blanche sur le tête fait sa toilette après s’être vue dans un miroir. (Yokose et col./Neuron)
Selon les chercheurs :
L’augmentation du toilettage de la tête a été identifiée comme un comportement dirigé par la marque parce qu’il n’y a pas eu de changement dans la durée du toilettage des moustaches, du corps ou de la queue au cours des quatre sessions de test.
En outre, l’expérience a également montré que les souris sans marque ne passaient pas plus de temps à se toiletter lorsqu’une autre souris était présente avec une marque blanche, ce qui suggère que l’action n’est pas déclenchée par une contagion émotionnelle.
Chez l’humain, les expériences montrent que la reconnaissance visuelle de soi-même repose probablement sur l’activité cérébrale dans le cortex préfrontal, le cortex pariétal et le lobe temporal médian, y compris les régions de l’hippocampe. Chez les souris à tache blanche, l’activité cérébrale a augmenté dans le cortex préfrontal et les régions dorsale et ventrale de l’hippocampe lors de la reconnaissance.
Les chercheurs concluent que leur étude, ainsi que les preuves expérimentales qui s’accumulent dans de nombreuses espèces, suggèrent que le « comportement autodirigé induit par le miroir » existe très probablement sur un large spectre à travers les espèces, plutôt que d’être un phénomène du tout ou rien présent seulement chez certains animaux.
L’étude publiée dans Neuron : Visuotactile integration facilitates mirror-induced self-directed behavior through activation of hippocampal neuronal ensembles in mice.