Les labradors sont dotés d’un gène qui leur donne faim en permanence
Des scientifiques vétérinaires semblent avoir percé le mystère de la raison pour laquelle certains chiens ne mangent jamais assez. Dans une étude publiée cette semaine (lien plus bas), ils ont découvert qu’une mutation courante chez les labradors retrievers les amène à ressentir une plus grande faim que la normale tout en réduisant leur taux métabolique, ce qui prédispose ces chiens à l’obésité. Ces résultats pourraient aider à mieux comprendre et traiter l’obésité chez les chiens et les humains.
Les chercheurs dirigés par le Dr Eleanor Raffan se sont intéressés au gène de la proopiomélanocortine (POMC), qui joue un rôle crucial dans la régulation de la faim et la manière dont les chiens brûlent les calories. Les labradors, ainsi que les retriever à poil plat, sont plus susceptibles d’être porteurs d’une mutation de ce gène.
Raffan et ses collègues ont mené des expériences avec 80 labradors, qui ont été soumis à différents tests. Parmi ceux-ci, le test de la « boîte à saucisses », qui consistait à tenter les chiens voraces avec une friandise qu’ils pouvaient sentir et voir à travers les parois transparentes d’une boîte. Les laboratoires porteurs de la mutation POMC se sont montrés beaucoup plus déterminés à atteindre la friandise cachée que les chiens non porteurs de la mutation. Tous les chiens ont pris un petit-déjeuner standard avant de se livrer à l’exercice de la saucisse dans une boîte.
Lors d’une autre expérience, des chiens de race retriever à poil plat ont dormi dans une enceinte où un dispositif mesurait les gaz qu’ils expiraient. Les retrievers porteurs de la mutation POMC ont brûlé 25 % de calories en moins que les chiens non porteurs de cette mutation. Environ un Labrador retriever sur quatre et deux tiers des retrievers à poil plat présentent cette mutation. De précédentes études ont montré que le Labrador a le plus haut taux d’obésité parmi tous les chiens.
Les problèmes liés au POMC affectent également les humains. Les bébés dont la fonction POMC est compromise ont constamment faim et deviennent obèses très tôt.
Cette bizarrerie génétique se traduit par un « double coup dur » pour les chiens concernés. Non seulement ils ressentent un besoin accru de manger, mais ils ont également un métabolisme réduit, ce qui signifie qu’ils brûlent moins de calories à partir des aliments qu’ils consomment. Il est intéressant de noter que les chercheurs ont découvert que cette mutation est un héritage des chiens d’eau de Saint John, une race éteinte qui se nourrissait d’un régime riche en calories pour survivre aux conditions maritimes froides du Canada il y a plusieurs siècles. Ainsi, ce qui était autrefois un avantage évolutif est aujourd’hui un véritable problème pour les labradors, même s’ils n’apprécient pas la nourriture, bien entendu.
Selon Raffan :
Tous les propriétaires de labradors et de retrievers à poil plat doivent surveiller l’alimentation de ces chiens très motivés par la nourriture, afin qu’ils conservent un poids sain.
Malgré ces prédispositions génétiques, l’obésité chez les labradors n’est pas inévitable. Les propriétaires peuvent gérer le poids de leur animal par le biais de l’alimentation, de l’exercice et de la stimulation mentale. Des stratégies telles que la répartition des repas tout au long de la journée et la pratique d’une activité physique suffisante peuvent contribuer à maintenir ces chiens au bon poids. À condition de pouvoir résister à leurs yeux de chiots suppliants.
L’étude publiée dans Science Advances : Low resting metabolic rate and increased hunger due to β-MSH and β-endorphin deletion in a canine model et présentée sur le site de l’Université de Cambridge : Genetic mutation in a quarter of all Labradors hard-wires them for obesity.