Des ancêtres des mammifères découverts en Chine nous renseignent sur l’évolution des humains
Les fossiles de deux étranges créatures découverts dans le nord-est de la Chine témoignent de la plus ancienne diversification dentaire parmi les ancêtres des mammifères.
L’une des espèces, le Feredocodon chowi, a été découverte dans la formation de Tiaojishan (ou de Daohugou), en Mongolie intérieure. Les roches dans lesquelles elles ont été trouvées datent du Jurassique moyen (il y a 174-163 millions d’années). Deux spécimens de F. chowi ont été analysés dans une étude publiée cette semaine (liens plus bas). Une autre étude a analysé à la fois le F. chowi et une autre nouvelle espèce, le Dianoconodon youngi. Les ossements du D. youngi ont été découverts dans la formation de Lufeng, dans la province du Yunnan. Ces roches sont plus anciennes, datant du Jurassique inférieur (201-174 millions d’années).
Les deux animaux appartiennent à un groupe connu sous le nom de Shuotheriidae. Ces derniers sont des mammaliaformes du jurassiques, un clade qui contient à la fois des mammifères et leurs plus proches parents éteints. C’est au Jurassique que les premiers mammifères de type musaraigne sont apparus dans l’ombre des dinosaures dominants. Des fossiles de Shuotheriidae ont été découverts dans des roches en Chine, en Angleterre et peut-être en Russie. Il ne s’agit pas de véritables mammifères, mais de leurs ancêtres, dont l’humain.
Représentation du Dianoconodon youngi. (Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie, Académie chinoise des sciences)
L’étude de l’évolution des mammifères du jurassiques pourrait fournir de précieuses informations sur la nature des mammifères. Les nouvelles recherches sur les fossiles chinois ont remis en question certains concepts antérieurs.
Selon Patricia Vickers-Rich, coauteure de l’une des études et professeure à l’université Monash (Australie) :
Notre étude remet en question les théories actuelles et offre un nouveau point de vue sur l’histoire de l’évolution des mammifères.
L’étude de la forme des dents et de leur occlusion, c’est-à-dire de la façon dont les dents des mâchoires supérieure et inférieure s’assemblent, explique Vickers-Rich, est l’un des moyens dont disposent les paléontologues pour comprendre la diversification des formes de mammifères du Jurassique. Les shuotheriidae ont ce que l’on appelle des « dents pseudo-tribosphéniques« , avec une structure en forme de bassin devant le trigonide, les trois premières cuspides/ crêtes d’une molaire inférieure. Ce schéma diffère de celui observé chez les mammifères actuels, où la structure en forme de bassin se trouve derrière le trigonide.
Traditionnellement, les shuotheriidae ont été regroupés avec les australosphénidés, un clade de mammifères du Jurassique et du Crétacé moyen, mais certaines études ont inclus de manière controversée les monotrèmes (tels que l’échidné et l’ornithorynque vivants). Mais la relation entre les shuotheriidae et les australosphénidés a fait l’objet de débats en raison d’incohérences géographiques et morphologiques. Les dents des fossiles chinois de shuotheriidae suggèrent que ces créatures sont plus étroitement liées à une autre forme de mammifère éteinte qui vivait à « l’ère des dinosaures « , les docodontes.
Représentation d’un Agilodocodon, un mammaliaformes de l’ordre des docodontes, qui vivait dans le Nord de la Chine durant le Jurassique. (Kaek/ Wikimedia)
L’étude suggère que les shuotheriidés appartiennent à un groupe différent appelé Docodontiformes et selon Vickers-Rich :
L’étude souligne la présence d’une grande variété de morphologies dentaires chez les premières formes de mammifères, ce qui indique des adaptations écomorphologiques uniques tout au long de l’évolution des mammifères.
Les deux études publiées dans Nature : Jurassic shuotheriids show earliest dental diversification of mammaliaforms et Fossils document evolutionary changes of jaw joint to mammalian middle ear.