L’ajout d’engrais aux fleurs les rend répulsives pour les bourdons et autres abeilles de passage
Un certain nombre d’études ont déjà montré que les produits chimiques de synthèse peuvent nuire aux bourdons et à la famille des apidés, à laquelle appartient aussi l’abeille, qui jouent un rôle essentiel dans la pollinisation des plantes. De nouvelles recherches indiquent maintenant que les engrais peuvent perturber la capacité des bourdons à identifier les fleurs, réduisant ainsi la probabilité que les insectes se posent sur elles.
Image d’entête : représentation artistique d’un bourdon interagissant avec une fleur. (Benjamin et Joseph Tiso/ Université de Bristol)
Il n’est pas surprenant que ces insectes soient capables de différencier les fleurs des autres objets en se basant principalement sur des facteurs tels que la couleur et l’odeur. Toutefois, l’intensité spécifique des champs électriques produits par les plantes (que les bourdons et abeilles peuvent détecter) joue également un rôle important.
(Nubia Hunting/ Université de Bristol)
Selon des scientifiques de l’université de Bristol (Royaume-Uni), l’application d’engrais et d’herbicides synthétiques modifie ces champs, augmentant leur intensité jusqu’à 500 %. Ce phénomène est dû en partie à la présence de particules chargées positivement dans les produits chimiques, qui les aident à adhérer aux plantes.
Lors de tests en laboratoire, les chercheurs ont commencé par pulvériser des fleurs coupées avec un engrais synthétique. Ils ont ensuite évalué l’intensité du champ électrique entourant les fleurs, en mesurant le potentiel bioélectrique de leurs tiges.
A partir de l’étude : Modèle tridimensionnel décrivant l’influence de l’application d’engrais sur une fleur exposée à un gradient de potentiel atmosphérique par beau temps. Comparaison côte à côte de coupes 2D à travers le centre de la fleur (modèle 3D superposé à la sortie du modèle), de fleurs non traitées (à gauche) et de fleurs traitées par une application d’engrais par pulvérisation (à droite) dans un champ électrique atmosphérique de 100 V/m, dans lequel les gradients de couleur indiquent l’intensité du champ électrique. (Ellard R Hunting et col./ PNAS Nexus)
Ils ont constaté que l’application du spray affectait ce champ pendant 25 minutes, ce qui est considérablement plus long que les fluctuations naturelles causées par des facteurs tels que le vent. En outre, l’effet s’est reproduit lorsque la pluie a été simulée, il ne s’agit donc pas d’un phénomène qui ne se produit qu’une fois, lors de l’application initiale d’engrais.
Il est important de noter que lorsque l’effet a été simulé en manipulant électriquement les fleurs, les bourdons ont eu tendance à les ignorer au profit des fleurs voisines non manipulées. Cette constatation corrobore de précédentes observations sur le terrain, dans lesquelles il a été noté que les bourdons sont moins susceptibles de se poser sur les fleurs pendant environ 20 minutes après l’application d’engrais.
Selon le premier auteur de l’étude, le Dr Ellard Hunting :
Le fait que les engrais affectent le comportement des bourdons en modifiant la façon dont ils perçoivent leur environnement physique donne une nouvelle perspective sur la façon dont les humains perturbent l’environnement naturel.
Imaginez que vous ne puissiez pas distinguer les pommes des tomates parce que quelqu’un a pulvérisé des produits chimiques dans le rayon des légumes. Cela peut être pertinent pour tous les organismes qui utilisent les champs électriques qui sont pratiquement partout dans l’environnement.
L’étude publiée dans PNAS Nexus : Synthetic fertilizers alter floral biophysical cues and bumblebee foraging behavior et présentée sur le site de l’Université de Bristol : Fertilisers limit pollination by changing how bumblebees sense flowers.