Un dinosaure recouvert de duvet et présentant un masque de bandit
Le Sinosauropteryx, le premier dinosaure à plumes jamais trouvé, a été découvert il y a deux décennies, lorsqu’un fermier du nord-est de la Chine a déterré un fossile en creusant un puits. L’ancien dinosaure duveteux a stupéfié les experts et a aidé à consolider l’idée que les oiseaux sont des dinosaures aviaires vivants.
Image d’entête: représentation artistique du Sinosauropteryx. (Robert Nicholls)
Les paléontologues continuent à faire de nouvelles et d’inhabituelles découvertes à partir des restes de cette créature de 1 m de long, comme la marque brune striée sur son museau, de ses yeux jusqu’aux joues, comme un masque de bandit sur un raton laveur.
Aucun autre fossile de dinosaure connu ne présente un masque de bandit, selon l’équipe de chercheurs de l’université de Bristol en Angleterre, qui a récemment analysé deux spécimens. Ils ont également déterminé que l’animal avait un camouflage : son ventre était clair et son dos était sombre, lui permettant d’être camouflé aux yeux des carnivores.
A partir de l’étude, fossiles de Sinosauropteryx et dessins interprétatifs. (Jakob Vinther/ Fiann Smithwick)
Ces « masques de Bandits » chez les mammifères ont tendance à représenter un avertissement. Le paléobiologiste de l’université de Bristol, Jakob Vinther, auteur d’une étude publié jeudi, a déclaré que les bandes sur la face sont communes chez les prédateurs de « niveau intermédiaire » tels que les blaireaux et les ratons laveurs.
Cela montre que vous ne devriez pas jouer avec eux. Mais nous ne pensons pas que c’est la fonction principale chez le Sinosauropteryx.
D’un peu moins de 3 kg, environ le poids d’un chihuahua, le dinosaure n’aurait pas représenté une grande menace. Il est également possible que son masque serve à éviter l’éblouissement du soleil, comme la graisse noire que les joueurs de football américains se mettent sous les yeux.
Les grenouilles des bois et les petits oiseaux, comme la Paruline masquée, ont aussi des taches semblables à des masques. Pour Vinther, il ne serait pas surpris que d’autres dinosaures aient eu des marques similaires, c’est juste que personne ne les a encore trouvés.
Paruline masquée. (Wikimédia /Dan Pancamo)
Il n’y a aucune raison qu’un motif ne puisse avoir plusieurs fonctions.
Li Yinfang, l’agriculteur chanceux de la province du Liaoning en Chine, a soustrait le dinosaure des restes d’un lac qui existait il y a environ 120 millions d’années. Sa découverte a déclenché une “ruée vers l’os” de dinosaure, la zone est maintenant cratérisée avec des trous faits par d’autres jeunes humains espérant trouver des restes de même valeur.
Une fois entre les mains des paléontologues, le fossile bien conservé a provoqué un remous scientifique. Le dinosaure n’avait pas le bon plumage, mais des poils peu sophistiqués que les paléontologues appellent protoplumes. En 2010, des chercheurs ont trouvé les premiers indices permettant de définir ses couleurs à partir de sacs protéiques inclus dans les morceaux de peau fossilisés et des poils.
Dans cette dernière étude, Vinther et ses collègues ont utilisé un procédé photographique de haute technologie pour imager les restes de dinosaures, tout en analysant les couleurs de la créature. Non seulement ils ont trouvé le masque de bandit, mais leur travail a révélé une forme de camouflage appelé nuances contrastées/ contre-ombrage (parce qu’il neutralise littéralement les ombres). Le brun foncé sur son dos et le blanc sur son ventre auraient obscurci le contour de l’animal, rendant le Sinosauropteryx plus difficile à repérer au soleil.
Les paléontologues ont imprimé en 3D un faux Sinosauropteryx et ils ont placé leur modèle dans divers environnements. Ses couleurs étaient plus efficaces dans les prairies ouvertes ou les savanes et moins dans les régions boisées. De plus, le Sinosauropteryx ressemblait à une antilope d’Amérique, un animal de prairie, plutôt qu’une créature de la forêt. Il se joint, ainsi, à un petit, mais croissant groupe de dinosaures disposant d’un camouflage. Un énorme herbivore, appelé nodosaure, était également à nuances contrastées. Il avait un pigment rouge foncé sur le dos et des couleurs plus claires sur le ventre, ont rapporté les paléontologues en août. Même ces animaux massifs ont dû se cacher des carnivores affamés de la période du crétacé, il y a 100 millions d’années.
Un nodosaure de 110 millions d’années naturellement transformé en statue. (Robert Clark/National Geographic)
Selon Vinther :
La découverte des couleurs des dinosaures ne signifie pas simplement que l’art paléontologique sera plus réaliste. En utilisant des motifs de camouflage, nous pouvons dire quels dinosaures vivaient où, pour dépeindre une image plus complète de ce à quoi le paysage ressemblait à l’époque.
Des restes de Sinosauropteryx ont été trouvés à côté de dinosaures des bois. Mais Vinther précise que ces recherches suggèrent que ces animaux ne se sont probablement jamais rencontrés vivants, mais que leurs corps ont été déplacés ensemble, et que leur proximité est un artefact de la fossilisation du lit du lac.
De nombreuses espèces vivantes sont aujourd’hui à nuances contrastées : pas seulement l’antilope d’Amérique, mais aussi les écureuils et les coyotes. Et de nombreux animaux ont aussi des manteaux de brun ou de blanc, pour mieux se cacher. Les oiseaux colorés sont une minorité, a déclaré Vinther, ce qui explique pourquoi il n’est pas surpris que les scientifiques n’aient pas encore trouvé de nombreux dinosaures roses ou orange. Après tout, les oiseaux chanteurs colorés ont un avantage crucial sur les autres dinosaures : le vol, ce qui n’était pas le cas du Sinosauropteryx dont la seule option était de courir.
L’étude publiée dans Current Biology : Countershading and Stripes in the Theropod Dinosaur Sinosauropteryx Reveal Heterogeneous Habitats in the Early Cretaceous Jehol Biota.