Des scientifiques disposent des arguments pour que Pluton redeviennent une planète
En 2006, l’Union astronomique internationale (UAI) a établi un nouvel ensemble de lignes directrices sur ce qui constitue une planète. Dans une décision qui a surpris et même exaspéré beaucoup de monde, la commission a annoncé que Pluton ne pouvait plus être considérée comme une planète, à la lumière de ces nouvelles directives et, depuis lors, la communauté scientifique a discuté de la place et du statut de Pluton dans le système solaire.
Selon une nouvelle étude, la définition de l’UAI pour une planète n’a pas beaucoup de sens parce que les astronomes ne l’ont pas utilisé dans leurs travaux quand ils parlent des planètes.
L’UAI est responsable de la désignation et de la nomenclature des corps planétaires et de leurs satellites depuis le début des années 1900. Dès la fin de l’Assemblée générale de Prague 2006, les membres ont voté que la définition d’une planète dans le système solaire serait la suivante :
Un corps céleste qui (a) est en orbite autour du Soleil, (b) a une masse suffisante pour que son autogravition lui permette de surmonter les forces d’un corps rigide afin qu’il se maintienne dans un équilibre hydrostatique (presque rond) et (c) a déblayé le voisinage de son orbite.
Pluton gravite autour du soleil dans une région surpeuplée appelée la ceinture de Kuiper, qui regorge d’astéroïdes, de débris et d’autres objets dits transneptuniens (TNO) tels que Éris ou Sedna. Parce qu’elle ne dégage pas son orbite, l’UAI a considéré que Pluton ne répondait pas au critère (c) et l’a rétrogradé à une » planète naine « , des objets qui ne répondent qu’aux deux premiers critères.
Philip Metzger, un scientifique planétaire à l’université de Floride et l’un des principaux architectes de la mission New Horizons qui a atteint Pluton pour la première fois, est l’un des opposants les plus critiques de la définition donnée par l’UAI et selon lui :
Il s’agit d’une définition bâclée. Ils n’ont pas dit ce qu’ils entendaient par libérer leur orbite. Si vous prenez ça au pied de la lettre, alors il n’y a pas de planète, parce qu’aucune planète ne dégagera son orbite.
Metzger, qui est l’auteur principal de la nouvelle étude et ses collègues ont passé en revue une myriade d’études publiées au cours des 200 dernières années à la recherche de tout cas où le dégagement de l’orbite a été utilisé comme une exigence pour définir une planète. Les auteurs n’ont trouvé qu’une seule mention de ce genre, une étude publiée en 1802, qui était basée sur un raisonnement erroné et maintenant désapprouvé.
Au lieu de cela, les chercheurs ont trouvé plus de 100 exemples récents où des chercheurs avaient utilisé le mot planète d’une manière qui violerait la définition de l’UAI.
Toujours selon M. Metzger :
Ils le font parce que c’est utile sur le plan fonctionnel.
La définition de l’AIU dirait que l’objet fondamental de la science planétaire, la planète, est censé être une définition basée sur un concept que personne n’utilise dans ses recherches. Et cela laisserait de côté la deuxième planète la plus complexe et la plus intéressante de notre système solaire.
Des lunes telles que Titan de Saturne et Europe de Jupiter ont été appelées planètes par les scientifiques depuis l’époque de Galilée. C’est au début des années 1950, lorsque Gérard Kuiper a publié une étude qui faisait la distinction entre les planètes et les astéroïdes en fonction de leur formation, que les scientifiques ont commencé à s’intéresser davantage à cette différenciation.
Pour Metzger, cependant, même cette raison n’est plus considérée comme un facteur qui détermine si un corps céleste est une planète.
Et comme le déblaiement de l’orbite n’est évidemment pas une norme dans la littérature scientifique, elle n’aurait jamais dû être utilisée dans la définition controversée de l’UAI en 2006, soutiennent les auteurs.
Selon Kirby Runyon, coauteur de l’étude au laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins à Laurel, Maryland :
Nous avons montré qu’il s’agissait d’une fausse affirmation historique. Il est donc fallacieux d’appliquer le même raisonnement pour Pluton.
Metzger dit qu’un critère fondamental pour classer une planète devrait être de savoir si elle est assez grande pour permettre à la gravité de façonner l’objet en une sphère.
Selon Metzger :
Et ce n’est pas seulement une définition arbitraire. Il s’avère que c’est une étape importante dans l’évolution d’un corps planétaire, car apparemment, lorsqu’elle se produit, elle initie une géologie active dans le corps.
Les observations modernes, telles que celles effectuées par la mission New Horizons, ont révélé que Pluton a un océan souterrain actif, une atmosphère multicouche, des composés organiques et de multiples lunes.
Elle est plus dynamique et vivante que Mars. La seule planète qui a une géologie plus complexe est la Terre.
Bien sûr, ce n’est pas le dernier mot, mais le débat animé est précieux et utile. En fin de compte, même si nous aurions pu rabaisser Pluton, nous en sortirons avec une image beaucoup plus claire de ce à quoi ressemble une planète.
Si c’est le cas, quand un objet mérite-t-il d’être appelé une planète ? Les auteurs de la nouvelle étude recommandent de classer une planète en fonction de ses propriétés intrinsèques plutôt qu’extrinsèques qui sont sujettes à changement, comme la dynamique de l’orbite d’une planète. Aujourd’hui, les débris et les astéroïdes qui se trouvent sur la trajectoire de Pluton sont nombreux, mais ils pourraient disparaître dans un milliard d’années, ils ne devraient donc pas être fondamentaux pour décrire un corps.
L’étude publiée dans la revue Icarus : The Reclassification of Asteroids from Planets to Non-Planets.
Ce n’est pas la première fois que des astronomes tentent de redéfinir Pluton comme une planète. Début 2017, un groupe de scientifique de la NASA tentait également de donner un avis similaire :