La science peut maintenant écouter ce que votre cerveau endormi entend
Notre cerveau peut suivre les sons de son environnement pendant que nous dormons et favoriser les plus pertinents, selon une étude récente.
Image d’entête : Morphée le dieu grec du sommeil et des rêves par Jean-Bernard Restout. (Wikimédia)
Tout le monde s’est réveillé d’un somme à cause du bruit. Mais le mécanisme qui nous permet (et à certains mieux que d’autres) de dormir paisiblement et de nous réveiller au bon moment est resté un mystère. Pourquoi certaines personnes qui s’endorment dans un autobus ou un train manquent-elles leur arrêt alors que d’autres ne se réveillent qu’au son de leur propre nom et non de celui des autres ?
Les études qui se sont concentrées sur la capacité du cerveau endormi à traiter les sons isolés n’aident pas beaucoup dans le monde réel, où nous dormons souvent dans des environnements où divers sons sont superposés et mélangés les uns aux autres.
Dans une récente étude, des chercheurs de l’université de recherche Paris-Sciences-et-Lettres (Département d’Études Cognitives, École Normale Supérieure – CNRS/ France) ont identifié les réponses cérébrales produites pendant le sommeil par un certain nombre de participants, qui ont été exposés simultanément à deux voix très semblables dans leurs propriétés acoustiques, mais radicalement différentes en termes de sens : l’une a prononcé des extraits de dialogues ou d’articles, tandis que l’autre a prononcé un flot de mots se rapprochant du français, sans signification.
Ils ont ensuite utilisé une technique qui permet de reconstruire ce que les dormeurs entendent en fonction de leur activité cérébrale. Par la suite, ils ont pu confirmer que pendant le sommeil léger, les participants ont favorisé le message qui avait un sens pour eux. Par conséquent, même pendant le sommeil et l’inconscience, le cerveau enregistre les sons environnants, sépare les différentes sources acoustiques et sélectionne celles qui sont les plus compréhensibles.
Cette capacité à se concentrer sur ce qui est pertinent est temporaire, car elle n’implique qu’un sommeil lent et léger. Le cerveau semble capable de traiter l’information provenant du monde extérieur pendant cette phase de sommeil, mais seulement pendant de courtes périodes. Cette capacité à dormir avec une “oreille fermée” est la raison pour laquelle certains peuvent dormir dans un bus, sans manquer leur arrêt.
L’étude publiée dans nature human behaviour : Sleepers track informative speech in a multitalker environment et présentée sur le site du CNRS : Le cerveau « endormi » reste attentif à son environnement.