Une étude suggère que de la graisse de porc aurait joué un rôle dans la construction de Stonehenge
Selon une étude récente de l’université de Newcastle (Royaume-Uni), si vous voulez construire une réplique de Stonehenge, munissez-vous de lard, beaucoup de lard. En étudiant de la poterie néolithique d’un site situé près de l’ancien cercle de pierre, les archéologues suggèrent que les traces de graisse de porc n’étaient pas le résultat de sa cuisson, mais qu’elle était utilisée comme lubrifiant pour déplacer les mégalithes géants qui sont maintenant dans le paysage du comté de Wiltshire.
Stonehenge est l’une des grandes énigmes du monde, ainsi que l’une de ses grandes et anciennes merveilles. Pendant des siècles, les humainsz se sont interrogés sur l’origine des cercles de pierres debout, pourquoi ils ont été construits et, ce qui est le plus surprenant, comment ils l’ont été.
Du passé, les légendes prétendent que le diable ou l’enchanteur Merlin a ramené les pierres d’Irlande par magie, ou que des géants les ont transportées d’Afrique. Dans les temps modernes, des théories moins romantiques ont été avancées, mais le grand problème est que très peu d’indices subsistent quant à la façon dont les pierres ont été déplacées et érigées.
Le fait que Stonehenge n’ait pas été construit d’un seul coup, mais par étapes durant la période du néolithique britannique, de 3100 avant J.-C. à 1600 avant J.-C., n’aide pas non plus. Durant cette période, le cercle a été tracé, la berge et le fossé ont été creusés, et une série de structures en bois, aujourd’hui pourries depuis longtemps, ont été construites, elles ont été remplacées plus tard par des ouvrages en pierre de plus en plus élaborés.
Les plus grands mégalithes, qui pèsent jusqu’à 50 tonnes, ont été déplacés à Stonehenge depuis une source située à 32 km de Marlborough Downs, dans les environs. Les plus petites pierres bleues qui ne pèsent « que » entre 2 et 5 tonnes ont été transportées des collines de Preseli, au Pays de Galles, à quelque 250 km de là.
On ne sait pas encore exactement comment ils ont été déplacés, ni comment Stonehenge ou les nombreux autres éléments du paysage rituel de la plaine de Salisbury ont été construits. Cependant, une série d’expériences menées au cours des 100 dernières années ont prouvé que même les plus grosses pierres peuvent être déplacées avec suffisamment de main-d’œuvre, même avec la technologie de l’époque.
Une technique, très probablement adoptée, consistait en l’utilisation de traîneaux et de rouleaux graissés d’une manière ou d’une autre. Jusqu’à présent, il s’agissait essentiellement de conjectures/ théories et d’expérimentations, mais l’équipe de Newcastle a trouvé des preuves plus directes lors de fouilles à Durrington Walls, à environ 3,2 km au nord-est de Stonehenge. C’était le site d’un village néolithique qui a été occupé pendant environ 500 ans, de 2800 à 2100 avant J.-C., et qui était lié aux activités de fabrication de henge (comme Stonehenge, des structures architecturales préhistoriques) dans cette région.
A Durrington Walls, les archéologues ont trouvé 300 fragments de Grooved ware (Céramique à rainures), également appelés objets de Rinyo-Clacton. Il s’agit d’une forme indigène d’ancienne poterie britannique fabriquée par le peuple néolithique Grooved ware, datant d’environ 3000 à 2000 av. J-C. Typiquement, il s’agit de pots à fond plat, aux parois droites et épaisses, souvent en forme de panier, qui sont formés à la main plutôt que sur une roue, et dont les parois sont épaisses.
Poterie Grooved Ware de Durrington Walls. (Lisa-Marie Shillito et coll./ Antiquity Publications)
Des traces de ce qui était autrefois de la graisse de porc ont adhéré à cette poterie. Selon Lisa-Marie Shillito, maître de conférences en archéologie, ce n’est pas inhabituel en soi, on pensait depuis longtemps que c’était parce que les pots servaient à cuisiner la nourriture des ouvriers qui construisaient les monuments. Cependant, la reconstitution des pots a montré qu’ils étaient de la taille de seaux trop grands pour cuire ou servir de la nourriture. De plus, les os de porcs trouvés dans les environs ne correspondaient pas à l’hypothèse de cuisson.
Selon Shillito :
J’étais intéressé par le niveau exceptionnel de préservation et les grandes quantités de lipides (ou résidus gras) que nous avons récupérés de la poterie. Je voulais en savoir plus sur la raison pour laquelle nous voyons ces grandes quantités de graisse de porc en poterie, alors que les os d’animaux qui ont été excavés sur le site montrent que beaucoup de porcs ont été grillés à la broche plutôt que hachés comme on pourrait s’y attendre s’ils étaient cuits dans des pots.
La nouvelle explication de Shilto était que les pots servaient à stocker le lard de porc, qui pouvait alors être utilisé comme lubrifiant pour les luges et les rouleaux. Cependant, elle souligne que cette énigme est loin d’être résolue.
Toujours selon Shilto :
Il y a encore beaucoup de questions sans réponse concernant la construction de Stonehenge. Jusqu’à présent, l’hypothèse générale était que les traces de graisse animale absorbées par ces morceaux de poterie étaient liées à la cuisson et à la consommation des aliments, ce qui a orienté les premières interprétations dans cette direction. Mais il y avait peut-être d’autres choses qui se passaient aussi, et ces résidus pourraient être une preuve alléchante de la théorie du traîneau graissé.
Les interprétations archéologiques des résidus de poterie ne nous donnent parfois qu’une partie du tableau. Nous devons réfléchir au contexte plus large de ce que nous savons d’autre et adopter une approche multi-proxy pour identifier d’autres possibilités si nous espérons obtenir une meilleure compréhension.
L’étude publiée dans la revue Antiquity : Building Stonehenge? An alternative interpretation of lipid residues in Neolithic Grooved Ware from Durrington Walls et présentée sur le site de l’université Newcastle: Stonehenge may have been built using lard.