Sur les pommettes très musclées de kangourous géants de l’ère glaciaire
Il s’avère que les anciennes espèces de kangourous d’Australie ont plus en commun avec les pandas géants que les macropodes modernes (la famille auquel appartient les kangourous).
C’est ce qu’affirme D. Rex Mitchell, de l’université de la Nouvelle-Angleterre, auteur d’une étude publiée cette semaine sur le Simosthenurus occidentalis, disparu depuis longtemps.
Le S. occidentalis était un kangourou sthenuriné, parfois appelé kangourou à face courte, un groupe entièrement éteint, caractérisé en partie par son crâne très charpenté, ses dents et ses mâchoires larges, son museau court, ses dents larges et sa tête courte.
Le poids lourd de cette sous-famille était le Procoptodon goliah, le plus grand macropode à avoir vécu, un costaud de 2 mètres de haut, de plus de 200 kilos, qui a probablement disparu il y a environ 50 000 ans.
Avec une masse corporelle moyenne estimée à environ 118 kilogrammes, le S. occidentalis était plus petit que le P. goliah, mais toujours plus gros que le plus gros macropode vivant, le kangourou roux (Macropus rufus), qui atteint les 90 kg.
De précédentes recherches ont suggéré que les caractéristiques robustes du crâne des sthenurinés indiquent que ces animaux avaient des mâchoires puissantes adaptées à un régime d’aliments durs tels que des feuilles matures, des tiges et des branches.
Mitchell a émis l’hypothèse que si cela est vrai, les crânes des kangourous devraient aussi être faits pour résister aux forces que des morsures aussi puissantes pourraient exercer sur les os et les articulations du crâne.
Il a créé un modèle numérique d’un crâne de S. occidentalis, il a effectué une série de simulations de morsures, puis les a comparées à celle du koala (Phascolarctos cinereus), l’animal existant considéré comme ayant l’écologie et le type de crâne les plus similaires.
A partir de l’étude, comparaison d’un crâne de koala avec celui du Simosthenurus occidentalis. (D. Rex Mitchell/PLOS)
Les différences entre les deux incluent le positionnement des dents de joue du S. occidentalis. Ils s’étendent plus en arrière sur les os de la mâchoire que ceux d’un koala et ils auraient donc mis beaucoup plus de force sur l’articulation de la mâchoire et augmenté la probabilité d’une luxation de cette dernière.
Les simulations ont révélé que le S. occidentalis pouvait produire et résister à des forces relativement puissantes lorsqu’il mordait unilatéralement, en particulier lorsqu’il mastiquait des matériaux très durs avec les dents de joue d’un côté de sa bouche, comme le fait un panda géant avec une tige en bambou.
Mitchell a trouvé que les pommettes du S. occidentalis, comportaient de grands muscles qui empêchaient sa mâchoire de se disloquer lors d’une forte morsure, et que les os de l’avant et sur le haut du crâne formaient une arche qui résistait aux forces de torsion lors des morsures.
Ces attributs appuient la suggestion que les crânes des kangourous sthenurinés étaient bien adaptés à la production et à la résistance à de puissantes forces de morsure, ce qui leur aurait permis de manger des aliments durs et peu nutritifs qui auraient pu être inaccessibles aux autres espèces.
Mitchell note que le S. occidentalis, une espèce éteinte, semble adaptée à l’exploitation des aliments durs dans une plus grande mesure que tout herbivore australien vivant, ce qui signifie que ces kangourous présentent un comportement alimentaire et écologique que l’on ne trouve plus sur le continent.
Selon Mitchell :
Le crâne du kangourou disparu étudié ici diffère de celui des kangourous d’aujourd’hui à bien des égards du crâne d’un panda géant qui diffère des autres ours.
Il semble donc que l’étrange crâne de ce kangourou ressemblait, d’un point de vue fonctionnel, moins à celui d’un kangourou moderne qu’à celui d’un panda géant.
L’étude publiée dans PLOS ONE : The anatomy of a crushing bite: The specialised cranial mechanics of a giant extinct kangaroo et les chercheurs décrivent leur découverte dans un article sur The Conversation : This extinct kangaroo had a branch-crunching bite to rival today’s giant pandas.