Un nouveau rapport révèle que des “conditions sans précédent” régneront sur les océans au cours de ce siècle
L‘océan est plus chaud, plus acide et moins productif, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires provoque l’élévation du niveau de la mer, et les phénomènes extrêmes côtiers deviennent plus graves, selon un nouveau rapport historique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies.
Image d’entête : Vue aérienne de la barrière de corail. (Juan Pablo Moreiras/ FFI)
Plus de 100 scientifiques de 36 pays ont travaillé sur le rapport intitulé Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans un climat en évolution (Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate). C’est le dernier des trois rapports spéciaux du GIEC qui font suite au rapport urgent d’octobre dernier et qui montrent que le monde n’aura peut-être que jusqu’en 2030 pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degré.
Selon Hoesung Lee, président du GIEC :
La haute mer, l’Arctique, l’Antarctique et les hautes montagnes peuvent sembler lointains à bien des personnes. Mais nous dépendons d’eux et sommes influencés par eux directement et indirectement de bien des façons, pour le temps et le climat, pour la nourriture et l’eau, pour l’énergie, le commerce, les transports, les loisirs et le tourisme, pour la santé et le bien-être, pour la culture et l’identité.
Pour les scientifiques, il pourrait y avoir des impacts sur le climat mondial, comme l’élévation du niveau de la mer, qui ne peuvent plus être stoppés. Mais même si le rapport contient des incertitudes quant à l’avenir, les auteurs n’ont aucune ambiguïté à ce sujet : Malgré les dégâts qui ont été faits, l’humanité a encore le choix.
Toujours selon M. Lee :
Si nous réduisons fortement les émissions, les conséquences pour les gens et leurs moyens d’existence resteront difficiles, mais potentiellement plus faciles à gérer pour ceux qui sont les plus vulnérables. Nous augmentons notre capacité à construire la résilience et il y aura plus d’avantages pour le développement durable.
Les populations des régions montagneuses sont de plus en plus exposées aux risques et aux changements dans la disponibilité de l’eau, selon le rapport. Les glaciers, la neige, la glace et le pergélisol sont en déclin et continueront de l’être. On s’attend à ce que cela augmente les risques pour la population, par exemple à la suite de glissements de terrain, d’avalanches, de chutes de pierres et d’inondations.
Les glaciers et les calottes glaciaires des régions polaires et montagneuses perdent de la masse, ce qui contribue à l’augmentation du taux d’élévation du niveau de la mer et à l’expansion d’un océan plus chaud. Alors que le niveau de la mer a augmenté d’environ 15 cm à l’échelle mondiale au cours du XXe siècle, il s’élève actuellement plus de deux fois plus vite, 3,6 mm par an, et s’accélère, selon le rapport.
L’élévation du niveau de la mer augmentera la fréquence d’événements extrêmes. Il semble qu’avec chaque degré supplémentaire de réchauffement, des événements qui se produisaient une fois par siècle dans le passé se produiront chaque année d’ici le milieu du siècle dans de nombreuses régions, ce qui accroîtra les risques pour de nombreuses villes côtières basses et de petites îles.
Le réchauffement et les changements dans la chimie des océans perturbent déjà les espèces dans tout le réseau trophique océanique, avec des impacts sur les écosystèmes marins et les personnes qui en dépendent, selon le rapport.
Jusqu’à présent, l’océan a absorbé plus de 90 % de la chaleur excédentaire dans le système climatique. D’ici 2100, l’océan absorbera 2 à 4 fois plus de chaleur qu’entre 1970 et aujourd’hui si le réchauffement planétaire est limité à 2°C et jusqu’à 5 à 7 fois plus à des niveaux d’émission plus élevés.
La tendance à la hausse des émissions entraînera probablement encore plus de difficultés dans les océans et les glaciers du monde dans un proche avenir, a averti le GIEC. Le réchauffement climatique a déjà atteint 1°C au-dessus du niveau préindustriel.
La perte de masse des glaciers à l’échelle mondiale et la diminution de la couverture neigeuse devraient se poursuivre à court terme en raison de l’augmentation de la température de l’air en surface. On prévoit que l’océan passera à des conditions sans précédent avec l’augmentation des températures, la poursuite de l’acidification et le déclin de l’oxygène.
Parallèlement, les écosystèmes terrestres et d’eau douce des régions de haute montagne comme les Andes continueront d’être modifiés, ce qui entraînera une redistribution des espèces et la perte d’une biodiversité unique. La pêche sera également plus difficile, avec une diminution de l’abondance et de la distribution du poisson.
Réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre, protéger et restaurer les écosystèmes et gérer soigneusement l’utilisation des ressources naturelles permettrait de préserver l’océan et la cryosphère, a déclaré le GIEC, limitant les risques pour les moyens de subsistance et offrant de multiples avantages supplémentaires pour la société.
Selon Debra Roberts, coprésidente du Groupe de travail II du GIEC :
Les politiques climatiques ambitieuses et les réductions d’émissions nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de Paris permettront également de protéger l’océan et la cryosphère et, en fin de compte, de maintenir toute vie sur Terre.
Le rapport sur le site de l’IPCC: Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate et présentée sur le site de l’ONG environnementale Fauna & Flora International : The IPCC oceans report is a wake-up call for policy makers.