Des fossiles de “cochons à moisissure” piégés dans de l’ambre
L‘ambre est la capsule temporelle de la nature. Parfois, de minuscules créatures et des plantes sont piégées dans la résine d’un arbre et, dans les bonnes conditions, elles sont préservées intactes pendant des millions d’années. La photo ci-dessus, par exemple, montre un morceau d’ambre de 30 millions d’années, découvert en République Dominicaine, contenant des microinvertébrés appelés » mold pig » (Sialomorpha dominicana).
Image d’entête : les fossiles conservés dans l’ambre dominicain révèlent une nouvelle famille, un nouveau genre et une nouvelle espèce de microinvertébrés de la période mi-tertiaire. (George Poinar Jr./ Université d’État de l’Oregon)
Vous avez probablement déjà entendu parler des oursons d’eau, ou tardigrades, auparavant. Ces adorables créatures microscopiques sont des extrêmophiles capables de résister à la chaleur intense, au froid, à la pression, aux radiations et même au vide spatial. Nous ne savons pas si les Sialomorphas étaient aussi résistants que les oursons d’eau, mais ils se ressemblent beaucoup.
Un tardigrade (ou ourson d’eau) au microscope. (Takekazu Kunieda)
Lorsqu’un arbre est blessé (comme une branche cassée) ou s’il est attaqué par des insectes ou des champignons, il sécrète une résine épaisse qui bouche la blessure et prévient tout dommage supplémentaire.
Lorsque la résine est sécrétée, il n’est pas certain qu’elle se transforme en ambre. Plus souvent qu’autrement, elle s’effrite. Tout d’abord, la résine doit être chimiquement stable et ne pas se dégrader avec le temps. Elle doit être résistante au soleil, à la pluie, aux températures extrêmes et aux microorganismes comme les bactéries et les champignons. Il existe deux types de résines produites par les plantes qui peuvent se fossiliser. Les terpénoïdes sont produits par les gymnospermes (conifères) et les angiospermes (plantes à fleurs). Un type d’arbre éteint appelé medullosales produisait un autre type unique de résine.
George Poinar Jr. de l’université d’État de l’Oregon a récemment publié une étude dans laquelle, avec ses collègues, ils ont examiné de près l’ambre et les microscopiques sialomorphas piégés à l’intérieur, ainsi que leur source de nourriture fongique et autres animaux qui vivaient dans leur habitat.
Selon M. Poinar :
De temps à autre, nous trouverons de petits invertébrés fossiles, fragiles et jusqu’alors inconnus, dans des habitats spécialisés. Et parfois, comme dans le cas présent, un fragment de l’habitat d’origine d’il y a des millions d’années est également préservé. Les sialomorphas ne peuvent être placés dans aucun groupe d’invertébrés existants, ils partagent des caractéristiques avec les deux espèces de tardigrades, parfois appelées oursons d’eau, et les acariens, mais ils n’appartiennent clairement à aucun des deux groupes.
Au total, les chercheurs ont dénombré plusieurs centaines de fossiles individuels dans le petit morceau d’ambre. Outre les sialomorpha, l’ambre contient des pseudoscorpions, des nématodes, des champignons et des protozoaires.
Chaque sialomorphas ne fait pas plus de 100 micromètres de longueur, avec une tête flexible et quatre paires de pattes. Les chercheurs affirment qu’ils ont dû grandir en muant leur exosquelette et qu’ils se sont probablement rassasiés d’un régime de champignons et de petits invertébrés. Alors que les acariens et les oursons d’eau ont des griffes à l’extrémité de leurs pattes, les sialomorphas n’en ont pas.
Toujours selon M. Poinar :
Le grand nombre de fossiles a fourni des preuves supplémentaires de leur biologie, y compris le comportement reproductif, les stades de développement et la nourriture. Il n’existe aucun groupe dans lequel ces fossiles s’intègrent, et nous n’avons aucune connaissance de leurs descendants vivant aujourd’hui. Cette découverte montre que des lignées uniques survivaient au milieu du Tertiaire.
La classification des chercheurs suggère que les sialomorphas représentent un nouvel embranchement, un niveau de classification ou un rang taxonomique inférieur au règne et supérieur à la classe.
Ce à quoi les chercheurs espèrent répondre à l’avenir, c’est quand cette lignée a pris naissance et combien de temps elle a duré. Actuellement, personne ne sait s’il y a des descendants vivants du sialomorpha.
L’étude publiée dans Invertebrate Biology : A new microinvertebrate with features of mites and tardigrades in Dominican amber et présentée sur le site de : Meet the ‘mold pigs,’ a new group of invertebrates from 30 million years ago.