Survivante d’une supernova : une explosion nucléaire a projeté une étoile à travers la galaxie
Une supernova (le joli résultat d’une explosion d’étoile) a beau sembler être assez définitive, les astronomes ont maintenant découvert une étoile qui a apparemment survécu à ce processus explosif. Cependant, ce n’est pas sans conséquence, l’étoile a été expulsée d’une orbite binaire collée-serré (avec une autre étoile) pour être projetée à travers la galaxie.
Image d’entête : représentation artistique d’une supernova qui, au lieu de détruire une étoile naine blanche, la propulse à grande vitesse. ( Université de Warwick/Mark Garlick)
L’étoile en question est une naine blanche appelée SDSS J1240+6710, qui a été découverte en 2015. À l’époque, les astronomes ont constaté que l’objet avait une composition inhabituelle. Alors que les naines blanches ont généralement des atmosphères composées principalement d’hydrogène et d’hélium, celle-ci n’avait ni l’un ni l’autre, étant plutôt composée d’une étrange combinaison d’oxygène, de néon, de magnésium et de silicium.
En regardant de plus près avec le télescope spatial Hubble, les astronomes de l’université de Warwick (Royaume-Uni) ont découvert que l’étoile est beaucoup plus étrange qu’on ne le pensait auparavant. Les chercheurs ont repéré des traces de carbone, de sodium et d’aluminium dans son atmosphère, et sa masse s’est avérée très faible, environ 40 % seulement de celle du Soleil.
Plus étrange encore, cette étoile traverse la Voie lactée à toute allure. Les scientifiques ont mesuré sa vitesse et ils ont découvert qu’elle se déplace à environ 900 000 km/h.
En rassemblant ces curieuses caractéristiques, l’équipe est arrivée à une conclusion : l’étoile a en quelque sorte subi une supernova partielle, mais y a survécu. Celle-ci aurait brûlé l’hydrogène et l’hélium, qui manquaient lors de sa récente analyse, et produit le carbone, le sodium et l’aluminium, qui ont été détectés.
Mais il n’a pas pu s’agir d’une supernova complète. Tout d’abord, l’étoile est toujours intacte, mais ensuite les astronomes n’ont détecté aucun fer, nickel, chrome ou manganèse, qui auraient tous dû être produits dans une explosion.
La masse inhabituellement faible de l’étoile pourrait également s’expliquer par une explosion qui aurait fait exploser le reste de l’étoile. Et enfin, l’explosion serait responsable de sa vitesse folle. Au total, l’équipe affirme que la naine blanche appartenait autrefois à une paire binaire, avant qu’une sorte de supernova partielle n’envoie les deux étoiles dans des directions différentes.
Selon Boris Gaensicke, auteur principal de l’étude :
Tous ces faits impliquent qu’elle doit provenir d’une sorte de système binaire proche et qu’elle a dû subir un embrasement thermonucléaire. Cela aurait été une sorte de supernova, mais d’un type que nous n’avons jamais vu auparavant.
Ce n’est pas la seule étoile à enfreindre ce que nous pensions être les “règles” en matière de supernovae. Ces dernières années, on a vu plusieurs étoiles disparaître complètement sans la marque d’une explosion :
Une autre semble avoir repris le flambeau (…) pour devenir une supernova à plusieurs reprises en quelques décennies.
L’étude publiée dans The Monthly Notices of the Royal Astronomical Society : SDSS J124043.01+671034.68: the partially burned remnant of a low-mass white dwarf that underwent thermonuclear ignition? et présentée sur le site de l’université de Warwick : Thermonuclear blast sends supernova survivor star hurtling across the Milky Way.