Des scientifiques découvrent la provenance des plus gros rochers de Stonehenge
L‘origine minérale de Stonehenge est une vielle énigme… qui vient d’être résolue.
West Woods, dans le comté du Wiltshire en Grande-Bretagne, a été identifié comme la principale source des gros blocs de pierre de sarsen trouvés à Stonehenge, selon une nouvelle étude publiée cette semaine. Une analyse géochimique montre que 96% des sarsens de Stonehenge proviennent de West Woods, un plateau situé à 25 kilomètres au nord du monument.
L’étude, menée par le géologue David Nash de l’université de Brighton (Royaume-Uni), réfute les théories traditionnelles sur ces roches et leur provenance, tout en dressant un tableau plus clair du trajet emprunté pour transporter ces gigantesques blocs rocheux jusqu’au site du néolithique.
L’origine des pierres bleues plus petites situées près de l’intérieur de Stonehenge fut précédemment attribuée au Pays de Galles, à quelque 225 km de la structure mégalithique. Quant aux plus gros blocs rocheux, appelés sarsens, ils sont restés un sujet de discorde. Aujourd’hui, 52 des quelque 80 sarsens d’origine restent à Stonehenge, dont les plus grands atteignent 9 mètres de haut et pèsent 25 tonnes.
Une théorie populaire proposée dès le 16e siècle suggère que les sarsens proviennent de Marlborough Downs, un site situé à 30 km au nord de Stonehenge et légèrement au nord de West Woods, de l’autre côté de la rivière Kennet. Cette idée est « rarement contestée et n’a jamais été rigoureusement testée », écrivent les chercheurs dans la nouvelle étude.
En utilisant un spectromètre à fluorescence des rayons X portable, Nash et ses collègues ont effectué des scans non invasifs de toutes les pierres sarsen verticales et horizontales à Stonehenge. Cela leur a permis de déterminer la composition chimique des rochers. Ensuite, un échantillon prélevé sur l’un des sarsens en 1958, la pierre 58, a été analysé avec un spectromètre de masse et comparé à d’autres sarsens trouvés dans le sud de la Grande-Bretagne. Comme les auteurs le notent dans l’étude, cela a généré « des signatures chimiques à haute résolution pour le monument et les potentielles régions sources ».
Le professeur David Nash analysant une carotte de sarsen extraite de la pierre 58 à Stonehenge. (Sam Frost/ English Heritage)
Une analyse statistique de ces données a montré que 50 des 52 sarsens de Stonehenge partagent une signature chimique avec les pierres trouvées dans une région de départ commune, à savoir West Woods.
A partir de l’étude : plan de Stonehenge indiquant la zone du monument entourée de terrassements et de pierres sarsen périphériques numérotées. (D) Détail du monument principal de Stonehenge montrant les pierres bleues et les pierres sarsen numérotées restantes. (David J. Nash et Coll./ Science Advances)
Selon Nash :
Jusqu’à récemment, nous ne savions pas qu’il était possible de déterminer la provenance d’une pierre comme le sarsen. Il a été vraiment passionnant d’utiliser la science du 21e siècle pour comprendre le passé néolithique et répondre à une question dont les archéologues débattent depuis des siècles.
Que West Woods soit à l’origine des sarsens est tout à fait plausible. Des humains ont vécu sur ce plateau de 6 km2 depuis l’époque du mésolithique, il y a au moins 8 000 ans. La région était autrefois riche en sarsens, et les puits d’extraction sont courants.
La raison pour laquelle West Woods a été choisi de préférence à d’autres sites n’est pas tout à fait claire, mais les chercheurs pensent que la taille et la qualité des pierres de ce site pourraient y être pour quelque chose. De plus, sa « position topographique sur les hauteurs au sud du Kennet (« rivière ») et sa proximité relative avec la plaine de Salisbury (« l’emplacement de Stonehenge ») en auraient également fait un lieu propice à l’obtention de sarsens », écrivent les chercheurs.
Il est important de noter que ces nouvelles investigations suggèrent que les sarsens ont été obtenus et transportés à Stonehenge pendant la même période, vers 2500 avant J.-C., lorsque le monument en était à sa deuxième phase de construction.
Une fois la provenance des pierres établie, les scientifiques ont établi une carte des routes probables par lesquelles elles auraient pu être transportées à Stonehenge. Les constructeurs du Néolithique auraient pu transporter les pierres le long d’une route partant de West Woods via Knap Hill, ou bien le long du sentier White Horse et à travers la vallée de Pewsey et la rivière Avon (voir carte).
(David J. Nash et Coll./ Science Advances)
Une question reste en suspens concernant les deux pierres ne provenant pas de West Woods, dont l’origine n’a pas pu être déterminée. Ces pierres ont-elles été apportées par une autre équipe de constructeurs ou même par une autre communauté du néolithique ? Ces pierres pourraient-elles avoir été trouvées à proximité du monument ? Comme l’ont écrit les chercheurs, il est possible que certaines des quelque 28 pierres manquantes de Stonehenge et des environs « proviennent également de ces différentes zones d’origine, mais nous ne le saurons probablement jamais ».
Il reste encore beaucoup à apprendre sur cet impressionnant monument et sur les personnes qui l’ont construit, probablement pour suivre le solstice d’été et accueillir de gigantesques festivals.
L’étude publiée dans Science Advances : Origins of the sarsen megaliths at Stonehenge et présentée sur le site de l’université de Brighton : Brighton scientists unlock the secret of the Stonehenge stones.