Insupportable neurotoxine : un arbuste urticant australien inflige une douleur atroce avec un venin d’araignée

De nouvelles recherches de l’université du Queensland, en Australie, ont permis de résoudre le mystère de la piqûre de l’une des plantes les plus vénéneuses de la planète. La découverte d’une neurotoxine jusqu’alors inconnue explique comment les arbres urticants australiens provoquent des douleurs atroces qui peuvent durer pendant des périodes extraordinairement longues.

Image d’entête : les protubérances en forme d’aiguilles injectent une nouvelle neurotoxine qui peut provoquer des douleurs atroces et de longue durée. (Institut des biosciences moléculaires/ Université du Queensland)

L’Australie est bien connue pour son large assortiment d’animaux venimeux. Des araignées aux serpents, en passant par les scorpions et les méduses…

Et il y a également des plantes toutes aussi dangereuses. Le dendrocnide moroides, communément appelé Gympie-Gympie, est l’une des plantes les plus vénéneuses au monde. Il est peu probable que la toxine de cette plante vous tue, mais les histoires abondent pour décrire la douleur horrible que ses piqures peuvent engendrer.

La Gympie-Gympie est notoirement présente dans les forêts tropicales humides le long de la côte nord-est de l’Australie. (Institut des biosciences moléculaires/ Université du Queensland)

La douleur a été décrite par beaucoup comme la pire sorte de douleur que l’on puisse imaginer. Un chercheur a indiqué que la sensation de piqûre était « comme celle d’être brûlé par un acide chaud et électrocuté en même temps » et celle-ci peut durer des mois.

Selon l’auteur correspondant de la nouvelle étude, Irina Vetter :

Comme d’autres plantes urticantes telles que les orties, l’arbre géant urticant est couvert d’appendices en forme d’aiguilles appelés trichomes qui mesurent environ 5 millimètres de long. Les trichomes ressemblent à des poils fins, mais agissent en fait comme des aiguilles hypodermiques qui injectent des toxines lorsqu’elles entrent en contact avec la peau.

Gros plan sur les trichomes en forme d’aiguilles du Gympie-Gympie. (Institut des biosciences moléculaires/ Université du Queensland)

La douleur causée par cette plante fut, jusqu’à présent, un mystère pour les chercheurs. Les expériences avec de petites molécules dont on sait qu’elles sont présentes dans la plante n’ont pas réussi à reproduire la douleur intense, et exceptionnellement longue, provoquée par une piqûre. Il était clair qu’une neurotoxine inconnue devait jouer un rôle essentiel.

Une nouvelle étude, menée par une équipe de chercheurs de l’université du Queensland (Australie), décrit la découverte d’un peptide inducteur de douleur jusqu’alors inconnu, responsable de l’effet neurotoxique unique de la plante. La nouvelle classe de mini-protéines a été baptisée gympiétides, dérivé de gympie, le nom indigène de la plante.

Toujours selon Vetter :

Bien qu’ils proviennent d’une plante, les gympiétides sont similaires aux toxines des araignées et des escargots coniques dans la façon dont ils se replient dans leurs structures moléculaires 3D et ciblent les mêmes récepteurs de la douleur, ce qui fait sans doute de l’arbuste Gympie-Gympie une plante vraiment vénéneuse.

En s’intéressant au mécanisme en jeu, les chercheurs ont découvert que ces gympiétides semblent déclencher des changements permanents dans les canaux sodiques des neurones sensoriels. Cette action expliquerait pourquoi les personnes piquées par la plante peuvent éprouver des sensations de douleur récurrentes pendant des mois, voire des années, après la piqûre initiale.

En comprenant le fonctionnement de cette toxine, nous espérons offrir un meilleur traitement à ceux qui ont été piqués par la plante, afin d’atténuer ou d’éliminer la douleur. Nous pouvons aussi potentiellement utiliser les gympiétides comme échafaudage pour de nouvelles thérapies pour le soulagement de la douleur.

L’étude publiée dans Science Advances : Neurotoxic peptides from the venom of the giant Australian stinging tree et présentée sur le site de l’université du Queensland : Native stinging tree toxins match the pain of spiders and cone snails.