Prix Nobel pour les virologistes qui ont découvert l’hépatites C et les astronomes qui ont mis en lumière le trou noir de notre galaxie
C’est la saison des prix Nobel et voici les premiers gagnants…
Prix Nobel de physiologie ou médecine
Le prix Nobel de physiologie ou médecine pour 2020 a été décerné à un trio de scientifiques pour leurs travaux novateurs concernant le virus de l’hépatite C. Ils ont contribué à identifier le nouveau virus, puis à tester des méthodes et des médicaments qui ont sauvé des millions de vies, ce qui permet d’espérer son éradication complète, selon l’Assemblée Nobel.
Image d’entête : Le virus de l’hépatite C, vu au microscope électronique. (Cavallini James/ BSIP/ SPL)
Les lauréats du prix Nobel 2020 de physiologie ou de médecine sont Harvey J. Alter, Michael Houghton et Charles M. Rice, qui ont consacré des décennies de recherche sur le virus de l’hépatite C, et dont les travaux remontent aux années 1970.
Les lauréats du prix Nobel de physiologie ou de médecine pour 2020, de gauche à droite, Harvey J. Alter, Michael Houghton et Charles M. Rice Ill. (Niklas Elmehed/ Nobel Media)
Des tests ont été mis au point pour identifier les hépatites A et B, mais un grand nombre de patients continuent de présenter une forme inexpliquée d’hépatite à diffusion hématogène, qui entraîne une inflammation du foie et peut conduire à une cirrhose et à un cancer.
Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard, en 1989, que les scientifiques ont enfin pu isoler la séquence génétique du virus de l’hépatite C, en utilisant des fragments d’ADN provenant d’un chimpanzé infecté et des sérums de patients. Des recherches ultérieures ont montré que le virus pouvait se répliquer et provoquer les changements pathologiques caractéristiques de la maladie.
Les différentes formes d’hépatite et la progression de la maladie sur le foie. (Nobel Prize)
Une fois le virus découvert, les bases ont été jetées pour la mise au point de tests sanguins très sensibles pour le détecter, ainsi que de médicaments antiviraux pour le combattre. Si ces progrès ont considérablement amélioré la santé mondiale, des centaines de milliers de personnes meurent encore chaque année de l’hépatite C, selon l’Organisation mondiale de la santé. Mais nous sommes mieux placés que jamais pour travailler à son élimination, selon l’Assemblée Nobel.
Selon les membres du Nobel Prize :
Pour la première fois dans l’histoire, la maladie peut maintenant être soignée, ce qui fait naître l’espoir d’éradiquer le virus de l’hépatite C de la population mondiale. Pour atteindre cet objectif, des efforts internationaux seront nécessaires pour faciliter les tests sanguins et rendre les médicaments antiviraux disponibles dans le monde entier.
Annoncée sur le site du Nobel Prize : The Nobel Prize in Physiology or Medicine 2020.
Prix Nobel de physique
L’Académie royale des sciences de Suède a annoncé mardi que le prix Nobel de physique 2020 sera partagé par trois astrophysiciens : Andrea Ghez à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), Reinhard Genzel de l’Institut Max Planck de physique extraterrestre en Allemagne, et Roger Penrose de l’Université d’Oxford. Ce prix récompense leurs travaux dans notre compréhension des trous noirs, en particulier celui qui se trouve au centre de notre propre galaxie. Ces objets supermassifs dévorent tout ce qui s’en approche de trop près, y compris la lumière.
Image ci-dessous : Notre centre galactique qui abrite le trou noir supermassif Sagittarius A*.
La moitié du prix revient à Penrose, qui a conçu des modèles mathématiques complexes pour prouver que les trous noirs existent dans le cadre de la théorie de la relativité générale d’Einstein. En 1965, une décennie après la mort d’Einstein, Penrose a utilisé ces modèles pour définir plus clairement les trous noirs :
Selon le comité Nobel :
En leur cœur, les trous noirs cachent une singularité dans laquelle cessent toutes les lois connues de la nature. Son article révolutionnaire est toujours considéré comme la plus importante contribution à la théorie générale de la relativité depuis Einstein.
Reinhard Genzel et Andrea Ghez se partagent l’autre moitié du prix pour leurs travaux respectifs sur Sagittarius A*, le trou noir au centre de la galaxie. Andrea Ghez n’est que la quatrième femme à recevoir le prix Nobel de physique, après Marie Curie en 1903, Maria Goeppert Mayer en 1963 et Donna Strickland en 2018.
Les trois lauréats du prix Nobel de physique 2020. (Nobel Media)
Sagittarius A* est plus de 4 millions de fois plus massif que le soleil, et il est recouvert de nuages de gaz. Mais en utilisant les plus grands télescopes et les outils d’observation infrarouge du monde, Genzel et Ghez ont tous deux conçu de nouvelles tactiques pour observer ce gaz afin de mieux voir le centre de la Voie lactée.
Ils nous ont donné la preuve la plus convaincante à ce jour d’un trou noir supermassif au centre de la Voie lactée.
Plus précisément, ils ont cartographié les étoiles les plus brillantes les plus proches du centre de la galaxie afin d’élucider ce qui pourrait se trouver en son centre. Travaillant avec deux équipes distinctes, les deux astrophysiciens ont vu des étoiles comme S2, une boule de gaz flamboyante 15 fois plus massive que le soleil, tournoyer autour du centre de la Voie lactée à une vitesse fulgurante. Selon Vox, S2 a tendance à orbiter à 17 millions de kilomètres par heure, ce qui est 200 fois plus rapide que notre orbite autour du soleil ici sur Terre. Mais l’année dernière, les deux équipes ont montré que S2 accélérait à plus de 24 millions de km/h, soit 7 000 km par seconde, grâce à la puissante attraction du trou noir. Ces chiffres ont une fois de plus permis de corroborer la théorie de la relativité générale d’Einstein en ce qui concerne les trous noirs, et surtout le fait que l’un d’entre eux se trouve réellement au milieu de notre galaxie.
Selon David Haviland, président du Comité Nobel de physique :
Les découvertes des lauréats de cette année ont ouvert de nouvelles voies dans l’étude des objets compacts et supermassifs. Mais il souligne également que bien plus de recherches doivent être menées pour mieux comprendre ces objets exotiques. Le télescope Event Horizon, par exemple, a résolu la toute première image d’un trou noir en 2019. Au cours de la prochaine décennie, il pourrait faire tourner ses huit observatoires collectifs pour observer le centre de notre galaxie et enfin obtenir une image de l’objet insaisissable que Ghez, Genzel et Penrose n’ont pu décrire qu’à l’aide des mathématiques et des étoiles.
Annoncée sur le site du Nobel Prize : The Nobel Prize in Physics 2020.