Le premier vaccin contre le paludisme est enfin prêt à être déployé
Depuis les années 1980, les scientifiques travaillent à la mise au point d’un vaccin contre le paludisme/ malaria, une maladie infectieuse propagée par les moustiques qui infecte plus de 230 millions de personnes par an et en tue 400 000, dont la plupart sont des enfants. Après plus de 30 ans d’efforts, le premier vaccin contre le paludisme a finalement réussi les essais cliniques de phase III dans trois pays africains et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande désormais son adoption.
Le vaccin, connu sous le nom de RTS,S (nom commercial Mosquirix), a été mis au point par GlaxoSmithKline. Il a fait l’objet d’un premier programme pilote de vaccination au Ghana, au Kenya et au Malawi, où l’on a constaté qu’il permettait de prévenir environ 4 cas de paludisme sur 10, dont 3 cas sur 10 de paludisme grave potentiellement mortel. En outre, le vaccin a également permis de réduire de 60 % le taux d’anémie grave, la raison la plus courante pour laquelle les enfants meurent de cette maladie.
Le vaccin Mosquirix est administré en trois doses entre l’âge de 5 mois et 17 mois, la quatrième dose étant administrée environ 18 mois plus tard. Les essais cliniques les plus récents ont montré que Mosquirix est efficace à 50 % contre le paludisme grave au cours de la première année. Cependant, l’immunité conférée par le vaccin s’affaiblit avec le temps, son efficacité tombant presque à zéro à la quatrième année.
Après ces essais cliniques, la couverture vaccinale a été étendue à plus de 800 000 enfants qui ont reçu 2,3 millions de doses de vaccin jusqu’à présent. Ce programme a montré que le vaccin était efficace à 40% dans le « monde réel ».
Les différentes phases de développement et de tests du vaccin RTS,S.
Si le vaccin était déployé à grande échelle dans les pays où l’incidence du paludisme est la plus élevée, 5,4 millions de cas et 23 000 décès chez les enfants de moins de 5 ans pourraient être évités chaque année, selon une étude par modélisation réalisée en 2020.
Selon Kate O’Brien, directrice du département Vaccination, vaccins et produits biologiques de l’OMS, les jeunes enfants sont les plus exposés aux conséquences graves, et disposer d’un vaccin capable de prévenir la maladie chez les enfants et les nourrissons serait donc une nouvelle stratégie décisive.
Selon le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus :
C’est un moment historique. Le vaccin antipaludique pour les enfants, attendu depuis longtemps, est une percée pour la science, la santé des enfants et la lutte contre le paludisme. L’utilisation de ce vaccin en plus des outils existants pour prévenir le paludisme pourrait sauver des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année.
Bien que d’énormes progrès aient été réalisés contre le paludisme au cours des deux dernières décennies grâce à des mesures de prévention et de contrôle, telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide, la pulvérisation d’insecticides à l’intérieur des habitations et l’utilisation opportune de tests et de traitements antipaludiques, les progrès se sont arrêtés, voire inversés, dans certaines régions. Le vaccin tant attendu représentait la pièce manquante du puzzle que les professionnels de la santé recherchaient dans leur longue guerre contre le paludisme.
Cette maladie est transmise par la piqûre d’un moustique infecté par le parasite Plasmodium. Les symptômes sont de la fièvre, des frissons, des maux de tête, l’anémie, des convulsions et la transpiration. Une seule piqûre de moustique infecté par le paludisme peut provoquer plusieurs crises de paludisme, ce qui signifie beaucoup d’absences à l’école et une détérioration progressive de la santé pendant les années de formation.
Il existe plus de 100 parasites différents responsables du paludisme, mais Mosquirix ne cible qu’un seul d’entre eux, qui est le plus courant et le plus mortel en Afrique : Plasmodium falciparum.
Alors que les vaccins à ARNm COVID ont été conçus en quelques jours et ont immédiatement commencé les essais cliniques, le vaccin contre le paludisme a mis des décennies à arriver à maturité. Cet écart considérable est dû à la nature beaucoup plus sophistiquée du parasite du paludisme que du coronavirus. Les parasites Plasmodium ont évolué pour échapper à notre système immunitaire, étant capables de se cacher dans le foie de l’hôte et d’émerger plusieurs fois au cours des années. Pour acquérir une immunité naturelle, il faut être infecté plusieurs fois par le parasite. Au cours de certaines de ces infections, vous risquez de mourir. On peut dire que nous avons eu de la chance que la pandémie soit due à un coronavirus et non à un Plasmodium.
Selon le Dr Pedro Alonso, directeur du programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS :
D’un point de vue scientifique, il s’agit d’une avancée considérable et, du point de vue de la santé publique, d’un exploit historique.
Cela fait plus de 100 ans que nous cherchons un vaccin contre le paludisme, il va sauver des vies et prévenir la maladie chez les enfants africains.
Les vaccins contre le paludisme pourraient se révéler encore meilleurs à l’avenir. L’Institut Jenner de l’Université d’Oxford a mis au point un vaccin contre le paludisme qui s’est révélé efficace à 77 % lors d’essais réalisés en Afrique, au début de cette année.
Sur le site de l’Organisation mondiale de la Santé : WHO recommends groundbreaking malaria vaccine for children at risk.