Il nous reste 3 ans pour inverser la tendance, selon un important rapport sur le climat
Le monde peut encore éviter les pires conséquences de la crise climatique, mais uniquement par une transition urgente vers une économie et une société à faible émission de carbone, selon les climatologues dans un nouveau rapport du GIEC. Les scientifiques ont fourni une feuille de route pour montrer comment les émissions peuvent être rapidement réduites afin de limiter le réchauffement de la planète à moins de 1,5 °C, soit les objectifs de l’accord de Paris.
Il s’agit du dernier des trois rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui regroupe d’éminents climatologues du monde entier. Ensemble, les trois rapports donnent une image complète des causes, des conséquences et des solutions du changement climatique, qui a déjà provoqué une augmentation de la température de 1,1 °C en moyenne.
Les deux précédents rapports (liens ci-dessous) étaient axés sur la science physique du changement climatique et sur la capacité d’adaptation des sociétés et des écosystèmes.
Maintenant, le dernier rapport montre comment le monde peut réduire les émissions au cours des trois prochaines décennies. La fenêtre se referme rapidement, ont convenu les scientifiques, mais il est encore possible d’éviter les pires effets de la crise climatique.
Pour le président du GIEC, Hoesung Lee :
Nous sommes à la croisée des chemins. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement. Je suis encouragé par les mesures climatiques prises dans de nombreux pays. Il existe des politiques, des réglementations et des instruments de marché qui s’avèrent efficaces.
Les émissions mondiales annuelles moyennes de gaz à effet de serre ont atteint leur niveau le plus élevé dans l’histoire de l’humanité au cours de la période 2010-2019, mais le rythme de l’augmentation a ralenti, selon le GIEC. Cependant, sans action immédiate, la chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5ºC s’éloigne. Il faudrait que les émissions atteignent un pic avant 2025, ce qui n’est pas le cas.
Le GIEC a examiné tous les plans climatiques nationaux annoncés avant la dernière conférence des Nations unies sur le climat en 2021, la COP26, et il a constaté que la projection des émissions pour 2030 rend probable un réchauffement supérieur à 1,5 °C au cours du XXIe siècle. En théorie, les températures pourraient être abaissées en retirant le carbone de l’atmosphère, mais la plupart des techniques pour y parvenir ne sont pas éprouvées.
Selon le rapport, les émissions provenant des combustibles fossiles et du secteur industriel sont à l’origine de la plus forte augmentation des émissions d’ici 2019. C’est pourquoi il faudra laisser le charbon, le pétrole et le gaz dans le sol pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Cela impliquera des « transitions majeures » dans le secteur de l’énergie afin de réduire considérablement l’utilisation des combustibles fossiles, selon le GIEC.
Les infrastructures de combustibles fossiles, existantes et prévues, rejetteront suffisamment d’émissions au cours de leur durée de vie pour que le réchauffement soit supérieur à 1,5°C. L’utilisation du charbon devrait être éliminée d’ici 2050, tandis que la consommation de pétrole devrait diminuer de 60 % et celle de gaz naturel de 70 % par rapport à 2019. Cela signifie que l’expansion des combustibles fossiles doit cesser dès maintenant.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a reproché aux gouvernements et aux entreprises de « mentir » en affirmant être sur la bonne voie pour atteindre 1,5ºC, ajoutant que :
Le dernier rapport du GIEC est une litanie de promesses climatiques non tenues. Certains dirigeants de gouvernements et d’entreprises disent une chose, mais en font une autre. Ils mentent. Il est temps d’arrêter de brûler notre planète.
Selon le GIEC, les technologies de réduction des émissions et du carbone n’ont jamais été aussi bon marché, ce qui est un bon signe pour l’action climatique. Par exemple, le coût de l’énergie solaire et éolienne ainsi que des batteries au lithium est en baisse depuis 2010. En fait, l’avantage économique de limiter le réchauffement de la planète à 2 °C serait supérieur au coût de l’action.
Les options d’atténuation qui coûtent 100 dollars (91 euro) ou moins pour chaque tonne de CO2 pourraient réduire les émissions d’au moins la moitié entre 2019 et 2030. Il s’agit notamment de l’augmentation de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, de la réduction de la déforestation et de la diminution des émissions de méthane. Cependant, l’adoption des technologies à faibles émissions est encore très inégale dans le monde, selon le GIEC.
Selon Priyadarshi Shukla, scientifique du GIEC :
La mise en place de politiques, d’infrastructures et de technologies appropriées pour permettre de modifier nos modes de vie et nos comportements peut entraîner une réduction de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Cela offre un important potentiel inexploité. Les données montrent également que ces changements de mode de vie peuvent améliorer notre santé et notre bien-être.
L’un des aspects les plus controversés du rapport concerne l’élimination du CO2 de l’atmosphère. Cela peut se faire de plusieurs façons, de la plantation d’arbres à la modification des pratiques agricoles. Mais le rapport affirme que nous aurons besoin de bien plus que de nouvelles forêts pour éviter de dépasser les 1,5°C, ouvrant la porte à l’utilisation de machines pour éliminer directement le CO2.
Cette approche est très controversée parmi les scientifiques et les militants, car la technologie est encore très récente et coûteuse. Mais pour le GIEC, l’élimination par le biais de technologies de capture et de stockage du carbone sera nécessaire pour contrebalancer les émissions résiduelles des secteurs difficiles à éliminer, tels que l’aviation et les processus industriels.
Pour Ani Dasgupta, président-directeur général du World Resources Institute (WRI), le monde dispose aujourd’hui d’options rentables pour réduire considérablement les émissions à court terme tout en atteignant les objectifs de développement, précisant que :
Nous devons décarboniser la production d’électricité, l’industrie, les transports et les bâtiments tout en arrêtant et en inversant la déforestation. Nous devons investir dans l’innovation tout en comblant le déficit de financement du climat. Nous devons améliorer les pratiques agricoles tout en réduisant les pertes et les déchets alimentaires et en adoptant des régimes alimentaires plus durables. Et nous devons cesser d’investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles tout en intensifiant l’élimination du carbone.
Le dernier rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat sur le site du GIEC/ IPCC : Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change.
Il vaudrais que les gouvernements arrête de nous mentir en nous disant qu’ils s’occupent du réchauffement climatique quand nous savons qu’ils ne font absolument rien pour réduire les GES. Il faut se rappeler que si nous faisons rien la nature va nous rafraîchir la mémoire, mais cela ne sera pas beau à voir. D’après certain scientifiques, il serait déjà trop tard, alors il faudra vivre ou mourir avec les résultats
Il ne reste pas 3 ans mais 0 an : c’est tout de suite qu’il faut (radicalement) agir.