L’astromobile Curiosity découvre de nouvelles preuves que Mars a connu des conditions propices à la vie
Une équipe de chercheurs examinant les données recueillies par l’astromobile (rover) Curiosity de la NASA dans le cratère Gale, un grand bassin d’impact à la surface de Mars, a découvert de nouvelles preuves que des rivières coulaient autrefois sur la planète rouge, peut-être plus étendues qu’on ne le pensait auparavant.
Image d’entête : un selfi du Curiosity réalisé sur Mars en 2018. (NASA/ JPL-Caltech/ MSSS)
Selon Benjamin Cardenas, géoscientifique à l’Université d’État de Pennsylvanie (Penn State) et auteur principal de la recherche (lien plus bas) :
Nous trouvons des preuves que Mars était probablement une planète de rivières.
Sur Terre, les rivières jouent un rôle important dans les cycles chimiques, nutritifs et sédimentaires, qui ont tous un impact positif sur la vie. La découverte de nouvelles preuves de l’existence d’anciennes rivières sur Mars pourrait donc constituer un développement important dans la recherche de signes de vie sur la planète rouge.
Selon Cardenas :
Nos recherches indiquent que Mars aurait pu avoir beaucoup plus de rivières qu’on ne le pensait auparavant, ce qui donne une vision plus optimiste d’une ancienne vie sur Mars. Elle offre une vision de Mars où la majeure partie de la planète a un jour bénéficié de conditions propices à la vie.
Les formes de relief spécifiques identifiées dans les données du Curiosity, appelées « bancs et nez/ crêtes » (bench-and-nose), se trouvent dans de nombreux petits cratères, mais jusqu’à présent, elles n’avaient pas été reconnues comme des dépôts formés par un écoulement d’eau.
A partir de l’étude : morphologie en bancs et en nez/ pentes photographiée sur Mars et morphologie du nez vue du sol à l’affleurement du Mont Mercou sur Mars. (NASA/Caltech-JPL/MSSS)
Les preuves de l’existence de rivières sur Mars sont connues depuis que la première sonde spatiale en orbite autour de Mars, Mariner 9, a photographié des canaux fluviaux asséchés et des plaines d’inondation à la surface de la planète rouge. Les différentes astromobiles martiennes ont également trouvé des preuves minéralogiques sous la forme de composés contenant du soufre, tels que la jarosite, qui se forment dans l’eau. Les astromobiles et les orbiteurs ont également identifié des crêtes formées par des sédiments dans des canaux fluviaux vieux de plusieurs milliards d’années.
Cependant, l’identification des formes de relief en forme de banc et de nez suggère que les rivières étaient encore plus répandues qu’on ne le pensait. Il s’agit d’une alternance de pentes abruptes et de « bancs » peu profonds, et de crêtes raccourcies appelées « nez » (nose). Ils se forment lorsque les matériaux sédimentaires déposés dans les chenaux par les rivières sont ensuite érodés dans une direction préférentielle, peut-être sous l’effet des vents dominants.
Soupçonnant leur origine aquatique, Cardenas et Kaitlyn Stacey, également de Penn State, ont entraîné leur modèle informatique sur les images du Curiosity montrant des reliefs en forme de bancs et de nez à l’intérieur de cratères et sur des scans tridimensionnels de couches de roches sédimentaires au fond de la mer sous le golfe du Mexique, prises par des compagnies pétrolières il y a 25 ans. Le modèle informatique a ensuite permis de simuler l’érosion des sédiments laissés par les rivières pour former les reliefs en forme de banc et de nez. Curiosity avait déjà constaté que le cratère Gale, d’une largeur de 154 km, que l’astromobile explore, était rempli d’eau liquide. La découverte que les reliefs en forme de bancs et de nez ont été produits par des rivières donne maintenant des indications sur la structure de cette masse d’eau à l’intérieur du cratère Gale.
L’étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters : Landforms Associated With the Aspect-Controlled Exhumation of Crater-Filling Alluvial Strata on Mars et présentée sur le site de l’Université d’État de Pennsylvanie : Curiosity rover finds new evidence of ancient Mars rivers, a key signal for life.