Des scientifiques manipulent les rêves avec des sons pour prévenir les cauchemars
On estime qu’à tout moment, environ 4 % des adultes souffrent de cauchemars chroniques, mais des chercheurs suisses ont mis au point une nouvelle approche qui sera une douce musique aux oreilles des victimes de terreurs nocturnes.
Basant leur étude sur la relation entre les types d’émotions vécues dans les rêves et notre bien-être émotionnel, les auteurs ont cherché à savoir comment aider les humains en manipulant les émotions dans leurs rêves.
Image d’entête : dessin réalisé par la première auteure de cette recherche, Sophie Schwartz,de l’Université de Genève. (Sophie Schwartz/ Université de Genève)
Les méthodes traditionnelles pour aider les patients souffrant de cauchemars chroniques font appel à la « thérapie par répétition d’images » (imagery rehearsal therapy), au cours de laquelle ils sont coachés pour répéter le scénario du rêve pendant la journée et le rediriger vers une fin plus positive. Une étude menée en 2021 auprès de 28 participants a montré que 3 patients sur 5 tiraient profit de cette approche, mais elle ne fonctionne pas pour tout le monde.
Dans une étude de l’Université de Genève en Suisse, sur une période de deux semaines, des chercheurs ont demandé à un groupe de 18 patients de créer une association entre la version redirigée positivement de leur rêve et un son pendant un exercice d’imagination. Les patients ont ensuite porté pendant la nuit des bandeaux sans fil qui diffusaient le son spécifique pendant de la phase de sommeil dite sommeil paradoxal, au moment des mouvements oculaires rapides, lorsque les cauchemars se produisent généralement.
(Sophie Schwartz/ Université de Genève)
Comparés aux 18 patients qui n’ont suivi que la thérapie par répétition d’images, ceux qui ont reçu la thérapie combinée par répétition et sons ont fait moins de cauchemars. Cette tendance s’est maintenue même trois mois après l’intervention, les patients ayant reçu la thérapie combinée ayant également déclaré ressentir davantage d’émotions positives telles que la « joie » dans leurs rêves.
Selon Lampros Perogamvros, auteur principal de l’étude et psychiatre au Laboratoire du sommeil des Hôpitaux universitaires de Genève et de l’Université de Genève :
Nous avons été positivement surpris par la façon dont les participants ont respecté et toléré les procédures de l’étude, par exemple en effectuant la thérapie de répétition d’images tous les jours et en portant le bandeau de sommeil pendant la nuit. Nous avons observé une diminution rapide des cauchemars, ainsi que des rêves devenant émotionnellement plus positifs. Pour nous, chercheurs et cliniciens, ces résultats sont très prometteurs tant pour l’étude du traitement des émotions pendant le sommeil que pour le développement de nouvelles thérapies.
L’étude publiée dans Current Biology : Enhancing imagery rehearsal therapy for nightmares with targeted memory reactivation et présentée sur le site de l’Université de Genève : L’accord majeur qui soigne les cauchemars.