Des fossiles d’arbres à l’apparence étrange découverts au Canada
Une équipe de chercheurs a découvert une espèce d’arbre fossilisée vieille de 350 millions d’années.
Image d’entête : illustration du spécimen (avec des feuilles simplifiées), silhouettes humaines pour l’échelle. (Tim Stonesifer/ Cell Press)
Les fossiles, qui comptent parmi les plus anciens arbres connus, ont été découverts dans ce qui était autrefois un ancien lac dans le nord-est du Canada. L’espèce s’appelle Sanfordiacaulis densifolia et aurait élu domicile sous les plus grands membres de la canopée forestière. Les plus anciens arbres fossiles remontent à la fin du Dévonien, et ceux-ci, qui datent du début du Carbonifère, sont plus jeunes de quelques millions d’années seulement. On ne sait pas exactement quels sont les plus proches parents du Sanfordiacaulis sur l’arbre de la vie (sans jeu de mots), ce qui signifie qu’il s’agit d’un taxon incertae sedis, un taxon énigmatique. La recherche décrivant cette ancienne végétation, de la feuille au tronc, est publiée cette semaone (lien plus bas).
Selon Robert Gastaldo, paléontologue au Colby College et auteur principal de l’étude :
Nous estimons que chaque feuille a poussé d’au moins un mètre avant de se terminer. Cela signifie que le « goupillon » avait un couvert dense de feuilles qui s’étendait sur au moins 5,5 mètres autour d’un tronc qui n’était pas ligneux et ne mesurait que 16 centimètres de diamètre. C’est pour le moins surprenant.
Les anciens arbres du Nouveau-Brunswick ont été préservés lorsqu’un tremblement de terre a poussé le feuillage au bord d’un lac dans l’eau, pressant ainsi les arbres dans le lit du lac. Cette nouvelle étude se concentre sur le plus complet des cinq spécimens d’arbres préservés dans le grès et la siltite sur le site de l’ancien lac, aujourd’hui transformé en carrière.
En se basant sur la forme de l’arbre, avec une immense canopée proportionnelle au reste de sa taille, les chercheurs ont conclu que le Sanfordiacaulis avait optimisé sa croissance en interceptant la lumière de la verdure de ses environs immédiats. Les fossiles révèlent que l’arbre pouvait abriter environ 250 feuilles autour de son tronc, chacune s’étendant à près de 1,75 mètre du tronc.
A partir de l’étude : (A) reconstruction à l’échelle du S. densifolia consistant en un tronc monopodial entouré de feuilles composées dans une phyllotaxie estimée à 1/13 ; la base du tronc est inconnue. (B) Encart montrant le départ à plusieurs niveaux des feuilles latérales. Pièce de monnaie pour l’échelle. (C) Changements dans les géométries des sections transversales proximale et distale du pétiole/rachis. Les numéros correspondent à la position de la feuille dans (A). (R. Gastaldo et col./ Current Biology)
Toujours selon Gastaldo :
L’histoire de la vie sur terre est constituée de plantes et d’animaux qui ne ressemblent à aucun de ceux qui vivent actuellement. Les mécanismes évolutifs opérant dans le passé profond ont donné naissance à des organismes qui ont réussi à vivre sur de longues périodes, mais dont les formes, les architectures de croissance et l’histoire de la vie ont suivi des trajectoires et des stratégies différentes. Les fossiles rares et inhabituels, tels que l’arbre du Nouveau-Brunswick, ne sont qu’un exemple de ce qui a colonisé notre planète, mais dont l’expérience a échoué.
A partir de l’étude : hauteurs réelles et reconstituées des arbres et gammes biostratigraphiques du Dévonien moyen au Pennsylvanien. Plantes représentées d’après les fossiles conservés avec des troncs, des troncs avec des couronnes attachées ou des éléments forestiers enterrés en position de croissance. (R. Gastaldo et col./ Current Biology)
L’étude publiée dans Current Biology : Enigmatic fossil plants with three-dimensional, arborescent-growth architecture from the earliest Carboniferous of New Brunswick, Canada et présentée sans Cell Press via Eurekalert : Rare 3D fossils show that some early trees had forms unlike any you’ve ever seen.