Souffrait–on de la maladie d’Alzheimer ou d’autres démences à l’époque de la Grèce antique et des Romains ?
Selon une nouvelle étude, la démence n’était peut-être pas une maladie courante chez les personnes âgées dans la Grèce antique, mais c’est à l’apogée de l’Empire romain qu’elle a commencé à se manifester.
Image d’entête : statue de Platon devant l’Académie d’Athènes, Grèce. (AP)
Cette nouvelle recherche (lien plus bas) n’a trouvé que très peu de références à des affections similaires à la démence dans les anciens textes médicaux, alors qu’on y trouve d’autres affections courantes chez les personnes âgées, comme la perte de l’ouïe. Selon le premier auteur, Caleb Finch, professeur à l’école de gérontologie Leonard Davis de l’université de Californie du Sud (États-Unis) :
Les Grecs de l’Antiquité ne mentionnaient que très rarement, mais nous les avons trouvées, des troubles cognitifs légers. Lorsque nous sommes arrivés aux Romains, nous avons découvert au moins quatre déclarations qui suggèrent de rares cas de démence avancée, nous ne pouvons pas dire s’il s’agit de la maladie d’Alzheimer. Il y a donc eu une progression entre les Grecs anciens et les Romains.
Finch et ses collègues ont examiné les écrits médicaux des deux anciennes civilisations, notamment les travaux du médecin grec Hippocrate et de ses disciples, ainsi que ceux des médecins romains Galien et Pline l’Ancien. Les écrits grecs suggèrent que des troubles mineurs de la mémoire, que les médecins modernes appelleraient des déficiences cognitives légères, sont fréquents chez les personnes âgées. Ils décrivent également des problèmes tels que la perte d’audition, les vertiges et les troubles digestifs. Mais il n’y a aucune mention de pertes de mémoire plus graves, comme celles qui peuvent être causées par la maladie d’Alzheimer ou d’autres affections similaires.
Les textes romains mentionnaient parfois des affections plus proches de la démence, comme l’histoire de Marcus Valerius Messalla Corvinus, qui avait oublié son propre nom. Les chercheurs pensent que la pollution de l’air et l’exposition au plomb, qui ont toutes deux été provisoirement associées à la démence, pourraient être à l’origine de ces tendances.
L’Empire romain a connu une augmentation des niveaux d’utilisation du plomb dans les tuyaux et les ustensiles de cuisine, ainsi que des villes plus grandes, ce qui pourrait expliquer l’apparition de cas de démence à Rome par rapport à la Grèce. Les chercheurs suggèrent qu’un autre élément de preuve est le faible taux de démence au sein d’une population indigène moderne, le peuple Chimane de Bolivie, qui a un mode de vie préindustriel très actif. Selon Finch :
Les données des Chimanes, qui sont très approfondies, sont très précieuses. Il s’agit de la grande population la mieux documentée de personnes âgées souffrant d’un minimum de démence, ce qui indique que l’environnement est un facteur déterminant du risque de démence. Ils nous donnent un modèle pour aborder ces questions.
En France, on estime qu’il y a actuellement environ 1,2 million de personnes atteintes de démence. Ce chiffre est en constante augmentation en raison du vieillissement de la population. On prévoit qu’il atteindra 2,2 millions d’ici 2050. L’étude publiée dans le Journal of Alzheimer’s Disease : Dementia in the Ancient Greco-Roman World Was Minimally Mentioned et présentée sur le site de l’université de Californie du Sud : Did the ancient Greeks and Romans experience Alzheimer’s?
C’est fou cet article…