Xénotransplantation : un rein de porc génétiquement modifié a été transplanté chez le premier patient humain vivant
Un rein de porc génétiquement modifié a été transplanté pour la première fois dans un patient vivant. Les rapports indiquent que l’homme se porte bien quelques semaines plus tard, ce qui laisse espérer un plus grand nombre de dons d’organes à l’avenir.
Image d’entête : les chirurgiens Nahel Elias et Tatsuo Kawai réalisent la transplantation historique d’un rein de porc sur un patient humain. (Massachusetts General Hospital)
Les greffes d’organes peuvent sauver et prolonger des vies, mais il y a malheureusement une pénurie constante de donneurs humains. Ces dernières années, les scientifiques ont expérimenté la transplantation d’organes de porcs, qui ont à peu près la même taille que les nôtres. Bien entendu, il faut d’abord les modifier quelque peu : l’outil d’édition génétique CRISPR est utilisé pour supprimer certains gènes porcins et insérer des gènes humains, ainsi que pour éliminer les rétrovirus porcins susceptibles de provoquer des rejets.
Deux patients ont déjà reçu des greffes de cœurs de porcs génétiquement modifiés, mais tous deux sont décédés en l’espace de quelques mois. Les greffes de reins de porc se sont révélées prometteuses, fonctionnant chez des patients en état de mort cérébrale pendant la durée des expériences, jusqu’à 2 mois. Aujourd’hui, un patient vivant en a reçu un pour la première fois. Richard Slayman, 62 ans, de Weymouth (Massachusetts/ Etats-Unis), qui vivait avec une maladie rénale en phase terminale, a reçu un rein de porc génétiquement modifié le samedi 16 mars au Massachusetts General Hospital. Depuis la semaine dernière, le patient se rétablit bien et devrait bientôt sortir de l’hôpital.
Déballage du rein de porc génétiquement modifié avant la transplantation. (Massachusetts General Hospital)
Selon la Health Resources & Services Administration, une agence du Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, près de 90 000 patients attendaient un nouveau rein aux États-Unis en 2023, tandis que moins de 16 000 ont reçu une greffe. Malheureusement, environ 17 personnes meurent chaque jour dans l’attente d’une greffe. L’espoir est que la xénotransplantation, c’est-à-dire la transplantation d’organes d’animaux à l’humain, pourrait éventuellement ouvrir la réserve de donneurs historiquement limitée, réduisant ainsi les délais d’attente et sauvant finalement des vies. Cette dernière étude marque une étape importante vers la viabilité de cette technique.
La procédure a été réalisée dans le cadre du “protocole d’accès élargi” (EAP) de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA), communément appelé « usage compassionnel ». Il s’agit essentiellement d’une allocation unique accordée aux patients atteints d’une maladie potentiellement mortelle qui ont épuisé toutes les autres options thérapeutiques, leur permettant d’essayer des procédures expérimentales. Les médecins et les scientifiques continueront à suivre les progrès de Slayman, ce qui pourrait contribuer à éclairer les futurs essais de xénotransplantation.
Annoncée sur le site du Massachusetts General Hospital : World’s First Genetically-Edited Pig Kidney Transplant into Living Recipient Performed at Massachusetts General Hospital.