Des lances en bois permettent de remonter il y a 300 000 ans dans l’histoire de l’humanité
En 1994, des fouilles archéologiques à proximité de la mine de charbon à ciel ouvert de Schöningen, en Allemagne, ont permis de découvrir les plus anciennes armes de chasse connues de l’humanité, les lances de Schöningen, remarquablement bien conservées.
Image d’entête : les lances de Schöningen dans l’exposition du Forschungsmuseum Schöningen (musée de recherche de Schöningen). (Volker Minkus/ MINKUSIMAGES, NLD)
Des lances et un bâton de jet à deux pointes ont été retrouvés entre des ossements d’animaux à une dizaine de mètres de profondeur, dans une couche datant de la fin d’une période interglaciaire chaude, il y a 300 000 ans.
La mine de charbon à ciel ouvert de Schöningen, en Allemagne, à proximité de laquelle ont été réalisées les fouilles archéologiques. (Wikimedia)
À présent, une équipe de recherche interdisciplinaire examinant les objets à l’aide de techniques d’imagerie de pointe, telles que la microscopie 3D et la microtomographie aux rayons X, a fourni des informations uniques sur les techniques de travail du bois au Pléistocène. C’est la première fois que des chercheurs ont pu mettre en évidence de nouvelles façons de manipuler et de travailler le bois, comme la « technique du fendage ». Les petits morceaux de bois fendus étaient aiguisés, par exemple, pour être utilisés dans la préparation des animaux chassés.
Gros plan d’une arme en bois sous le microscope : les éclats de bois causés par un outil de coupe sont clairement reconnaissables. Les couleurs indiquent des différences de hauteur allant jusqu’à 2,6 millimètres : le bleu indique le point le plus bas et le rouge le plus haut. (Tim Koddenberg, Université de Göttingen)
Au moins 20 lances et bâtons de jet ont été laissés sur l’ancienne rive du lac. Cela double le nombre d’armes en bois connues sur le site. La diversité des techniques de travail du bois utilisées, ainsi que la variété des armes et des outils des premiers hommes, montrent l’importance exceptionnelle de la matière première qu’est le bois, qui n’est pratiquement jamais conservée de cette époque.
Huit lances (à gauche) et six bâtons de jet (à droite) du site de Schöningen, utilisés pour la chasse aux petits et grands animaux. Les fragments ont été complétés par des éléments dessinés. (Volker Minkus/ MINKUSIMAGES, Christa Fuchs, Matthias Vogel, avec des éléments dessinés supplémentaires par Dirk Leder, NLD)
Selon le premier auteur de l’étude, le Dr Dirk Leder, de l’Office national du patrimoine culturel de Basse-Saxe, en Allemagne :
Il existe des preuves d’un traitement beaucoup plus important et varié du bois d’épicéa et de pin que ce que l’on pensait jusqu’à présent. Des troncs sélectionnés ont été façonnés en lances et en bâtons de jet et apportés sur le site, tandis que les outils cassés ont été réparés et recyclés sur place.
L’étude publiée dans PNAS : The wooden artifacts from Schöningen’s Spear Horizon and their place in human evolution et présentée sur le site de l’Université de Göttingen : Finds at Schöningen show wood was crucial raw material 300,000 years ago.