Comment l’astéroïde qui a exterminé les dinosaures a-t-il épargné les oiseaux qui ne pouvaient pas voler
Depuis un certain temps déjà, les scientifiques savent que les oiseaux ont survécu à un astéroïde dévastateur alors que la plupart des dinosaures ont disparu. Mais, selon une nouvelle étude, ce n’est qu’une poignée d’ancêtres aviaires qui s’en sont sorti.
Image d’entête : illustration montrant une lignée hypothétique d’oiseaux survivants, aux petits corps et habitant sur le sol, fuyant une forêt en feu après l’attaque d’un astéroïde qui a éliminé les dinosaures non aviaires. (Phillip M. Krzeminski)
La frappe mortelle d’un astéroïde à Chicxulub , au Mexique, d’une puissance estimée à 10 milliards de bombes atomiques d’Hiroshima, s’est produite il y a quelque 66 millions d’années et elle a anéanti les trois quarts de toutes les espèces sur Terre, y compris la plupart des dinosaures non aviaires.
Une équipe dirigée par Daniel Field, un paléontologue des vertébrés de l’université de Bath (Royaume-Uni), soutient maintenant que la plupart des oiseaux dépendants des arbres ont également été exterminés à cause des incendies de forêt qui ont suivi, ne laissant derrière eux que quelques survivants au sol.
En conséquence, les chercheurs ont émis l’hypothèse que la riche diversité des oiseaux sur notre planète aujourd’hui aurait pu commencer à partir de quelques petites espèces d’oiseaux terrestres qui ressemblaient aux cailles modernes.
Caille tasmane. (Duncan Wright/ Wikimedia)
Selon M. Field :
Les ancêtres des oiseaux arboricoles modernes ne se sont pas aventurés dans les arbres tant que les forêts ne s’étaient pas remises de l’astéroïde qui a engendré l’extinction.
Les chercheurs ont examiné les archives fossiles juste après l’impact de l’astéroïde, qui ont révélé d’énormes quantités de charbon de bois provenant d’arbres brûlés, et une abondance de fossiles microscopiques de spores de fougères.
D’après le paléontologue Regan Dunn du Field Museum de Chicago :
Après un désastre comme un incendie de forêt ou une éruption volcanique, les premières plantes à revenir sont les plus rapides colonisatrices, surtout les fougères.
Les espèces d’oiseaux arboricoles auraient eu du mal à survivre dans cet environnement, et des indices dans les branches évolutives des espèces d’oiseaux modernes confirment cette idée.
En comparant une collection de squelettes de volatiles fossilisés datant d’avant et d’après l’impact de l’astéroïde, les chercheurs ont découvert que les survivants étaient des résidants au sol, comme en témoignent leurs différences squelettiques : des pattes plus longues et plus robustes.
Selon Field :
L’ancêtre commun de tous les oiseaux que nous avons aujourd’hui était presque certainement un oiseau vivants au sol.
Les seuls oiseaux qui ont survécu à l’extinction massive semblent être des animaux vivant au sol, notamment d’anciens parents des poulets, des canards et des autruches.
Mais même si les résultats de cette étude sont convaincants, certains experts estiment que la portée de l’étude est trop limitée pour justifier de conclusions aussi vastes.
Pour Alan Cooper, évolutionniste moléculaire, qui n’a pas participé à l’étude et interviewé par le magasine Science :
Il est difficile de conclure que toutes les forêts ont disparu à l’échelle mondiale sur la base de preuves (seulement) dans les régions nordiques.
De plus, il est possible que d’autres facteurs de l’évolution aient joué un rôle dans la survie de certaines espèces d’oiseaux, et la destruction des forêts n’était qu’un évènement parmi d’autres.
La perte de la forêt n’était qu’un facteur parmi d’autres qui ont déterminé quelles lignées d’oiseaux ont survécu.
L’étude publiée dans Current Biology : Early Evolution of Modern Birds Structured by Global Forest Collapse at the End-Cretaceous Mass Extinction et présentée sur le site de l’université de Bath : Modern tree-dwelling birds evolved from the ground up.